Arthur Penn connaît un début de carrière mouvementée où, en plus d'avoir déjà travaillé pour le théâtre et la télévision, il conseille le candidat J. F. Kennedy et débute à Hollywood. Après les réussis Le Gaucher et Miracle en Alabama, il propose Mickey One, où il confit à Warren Beatty le rôle d'un comique qui fuit la mafia.
Arthur Penn n'est déjà plus en odeur de sainteté avec Hollywood (il fut précédemment viré du tournage de Le Train) lorsqu'il met en scène Mickey One, tout droit inspiré de la Nouvelle Vague française. Il a tout de même une totale liberté pour ce projet et il braque sa caméra sur Beatty sans jamais le lâcher. La première scène donne déjà le ton du film, une bande-son jazzy, un magnifique noir et blanc et des personnages souvent ambigus qui vont se retrouver autour de Beatty.
La force du film se trouve d'abord dans son ambiance, oscillant entre mystérieuse, nocturne, désabusée et surtout parano voire cauchemardesque. Tout le long du film, Penn va mettre son personnage principal dans une situation de peur où ce dernier se pense poursuivi par des gangsters à qui il doit de l'argent. Toute la galerie de personnages participent à l'ambiance et la réussite du film, tandis qu'à travers eux, on retrouve aussi la vision du monde selon Penn, où l'humain se cherche et est en proie à des troubles identitaires.
Alors tout n'est pas parfait non plus et, lors de certains moments, Arthur Penn ne retranscrit pas pleinement l'ambiance, provoquant quelques petites longueurs, ajouté à cela un manque d'émotions vis-à-vis des personnages, bien qu'il reste intéressants. Rien de vraiment préjudiciable tant il montre une réelle maîtrise et savoir-faire derrière la caméra, nous plongeant dans la vie de ce gangster et sachant prendre son temps pour développer le sentiment de cauchemar et de parano. La très belle photographie, la bande-originale et l'impeccable casting (Warren Beatty et Alexandra Stewart en tête) participent eux aussi à la belle réussite de l'oeuvre.
Entre Miracle en Alabama et La Poursuite Impitoyable, Arthur Penn livre un film noir tout droit inspiré de la nouvelle vague française où, malgré quelques maladresses, il retranscrit pleinement l'ambiance parano et sombre des enjeux et personnages.