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Un visiteur
2,5
Publiée le 9 octobre 2006
Nom du plus célèbre roman de Gilbert Cesbron, Chiens perdus sans collier (paru en 1954) décrit avec bon sens le monde particulier des centres dobservation. Un bon sens que seul, à lépoque, Jean Gabin pouvait si bien caractériser. Juge denfants turbulents, Julien Lamy manie compréhension et bonté, donnant une assez belle facette des maisons de correction. Trop belle dira dailleurs François Truffaut, qui critiqua férocement cette fiction. Mais ce film de Jean Delannoy mérite amplement dêtre (re)découvert, ne fut-ce que pour le rôle si paternel et même si apaisant - de Gabin.
Trois cas de mineur sont exposés ici, deux dentreux se reliant par le plus grand des hasards, mais sur qui reposeront les principales préoccupations dun juge passionné par les enfants. Visiblement célibataire, il est parfois contraint dassister aux procès des « adultes », lesquels lindiffèrent presque totalement. A un confrère avocat (Bernard Musson, qui fait partie du cercle très fermé des acteurs aux 200 films) il dira ainsi « Dans la salle comme on dit, il y a toujours un juge qui dort ; et bien ce juge, cest moi ».
Un tantinet plus édulcoré que la Nouvelle de Cesbron, le film offre quelques moments dhumour et de bonne humeur, mais son dénouement, bien que formulé par une note despoir, reste tout aussi tragique.
En outre, ce film rappelle combien notre société et ses mentalités ont-elles pu évoluer, en à peine cinquante ans. Cest valable pour ces galapiats placés, mais aussi, par exemple, pour les Africains de France. Ainsi, de linnocente bouche du jeune délinquant Francis Lanoux (Serge Leconinte), nous eûmes ainsi droit à un glacial « Quoi ? Mon avocat est nègre ? Et vous croyez que le juge les écoute les avocats nègres, quand ils nous défendent ? ». Pour ceux qui auraient la mémoire courte
"Chiens perdus sans collier" est une jolie formule pour désigner des enfants, des adolescents issus de milieux sociaux défavorisés, voir sordides, et promis à la délinquance. A moins que la société et la justice ne veillent à protéger ces "sauvageons". Le juge pour enfants Lamy est de ceux, trop rares, qui s'attachent à sauver des enfants laissés pour compte. Le film de Jean Delannoy avait doublement de quoi énerver le jeune critique François Truffaut. Delannoy incarne ce "cinéma de papa", cette qualité française qui fait la part belle aux acteurs et aux dialogues, à l'adaptation "équivalente" d'oeuvres littéraires (de Gilbert Cesbron ici) au détriment de l'authenticité et de la personnalité. En outre, la question de l'enfance blessée -si sensible chez Truffaut, l'homme et le cinéaste- passe ici par des lieux communs et des raccourcis, parfois démagogiques (la faute aux adultes, sans plus approfondir l'aspect social dans son ensemble), et toujours dépourvus de sincérité, d'une vraie compassion desquelles pourrait émaner un point de vue juste et original. De fait, Gabin et deux des jeunes gens que le juge suit plus particulièrement sont toujours dans le surjeu. Le postulat de l'un, le dénuement des autres ne provoquent, malgré la nature du sujet, que de l'indifférence.
Ce film est réaliste, il montre les milieux sociaux défavorisés et les situations familiales qui conduisent des enfants à commettre des actes délictueux. Cet aspect est bien traité et est particulièrement intéressant. Jean Gabin est excellent dans le rôle du juge. Il donne beaucoup de richesse à son personnage qui a un métier difficile mais qui donne beaucoup de lui-même. Il est très sobre mais dégage beaucoup de sincérité et de conviction.
On s'ennuie ferme malgré un sujet intéressant , la réalisation par Jean Delannoy et la présence de Gabin. Il s'agit là l'une de ses plus mauvaises interprétations au cinéma. Gabin en juge des enfants n'est pas du tout convaincant. Décevant.