Dreamscape, entredeux avec bons et méchants entre L’Expérience interdite (Joel Schumacher, 1990) et Charlie (Mark L. Lester, 1984). Meilleur que ses ambitions ne l’annonçaient. Quaid y joue un intermède comique permanent aux sourires mal utilisés et dont on aura du mal à croire au soi-disant génie. On l’aura pris pour un jeune, et après tout, il ne tournait sérieusement que depuis sept ans.
En matière de sérieux, on sera agréablement surpris de la conscience scientifique relative investie dans Dreamscape ; de quoi booster l’idée bassement onirophile du scénario, qui tient tellement à faire du rêve son thème qu’il va jusqu’à l’épitrope : « vos machines, elles ont été conçues par un auteur de science-fiction ? » Comme s’il fallait s’excuser de donner, il est vrai, un rôle plus épais à Von Sydow qui sort justement de deux films de SF médiocres.
La science et ses procédés tiennent encore, en 1984, de ces choses bien et compliquées que des savants font. Alors on met des consoles aux quarante mille boutons, de quoi sauver les apparences à la faveur de l’époque pendant que l’on construit l’intérêt de pénétrer dans les rêves d’autrui sous des angles plus humains et médicaux. Rien qui ne servît d’inspiration à Inception de manière évidente, sans doute du fait que cette rigueur ne trouve aucun écho dans la conception des personnages de David Patrick Kelly et Christopher Plummer, qui servent de prétexte à des conflits déplorables.
C’est d’autant plus dommage que Joseph Ruben, qui sortira Julia Roberts de ses rôles mielleux avec Les Nuits avec mon ennemi quelques années plus tard, s’arrange pour créer le plaisir dans les digressions : ses courses-poursuites, par exemple, n’ont rien à faire là, mais elles sont surprenamment intéressantes (Quaid fait même ses propres cascades, au moins une partie du temps).
Un peu pris au dépourvu de la mode des rêves au cinéma, Ruben tire une étoffe solide d’un matériau rebattu, piqueté çà et là de défauts graves, mais dont les plans de rêve ont gardé leur lustre onirique, non parce qu’ils ont bien vieilli, mais parce qu’ils furent bien imaginés.
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