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Max Rss
197 abonnés
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5,0
Publiée le 22 janvier 2024
1971 : éclate le scandale de la Garantie Foncière. Des millions de petits épargants (comme on les appelait à l'époque, et même encore maintenant) se sont fait avoir jusqu'au trognon. Et pourtant, au sein de l'opinion publique, l'affaire ne fit pas grand bruit : nous sommes alors dans la France Pompidolienne. Une France qui se modernise, prospère et qui frôle le plein emploi. Voilà l'histoire sur laquelle se base le film de De Chalonge. Et quel film. Quel film étrange même ! Les 45 premières minutes sont tout bonnement hallucinantes ! S'il y a clairement un univers Kafkaïen, il y a aussi un univers Orwellien. Les locaux du comité de sélection font froid dans le dos : austères, dépouillés à l'extrême avec des caméras de partout. Et je ne parle même pas des procédés de sélection. Toute ressemblance avec 1984 et Big Brother ne saurait être fortuite. L'heure de film restante est plus classique mais d'une efficacité absolue. L'histoire est vraiment en béton armé. Il y a même une sérieuse ambiguité sur ce que devient le personnage de Rainier à la fin. Le tout est proté par des acteurs en état de grâce. Jean-Louis Trintignant y est géant, tout comme Michel Serrault. Et Claude Brasseur (ici dans un rôle secondaire) fait un sans fautes. Le pire dans tout ça c'est qu'en 1978, la France était déjà dans un état de crise et que rien n'a changé. Les banques auront toujours la peau de leurs clients et de leurs employés (quand elles décident que des têtes doivent tomber aribitrairement) et ne seront jamais condamnées. En son temps récompensé, "L'argent des autres" est depuis tombé dans l'oubli et c'est bien dommage. Messieurs de la télévision, prenez vos responsabilités et faites votre boulot, une réhabilitation s'impose !
"L'argent des autres" est une réflexion brutale sur la finance et sur le travail (celui des cadres du moins) que Christian de Chalonge développe au moyen d'un exercice de style glacial. Les décors sont ici déshumanisés, inadaptés à l'individu, les personnages sont des hommes en noir, hagards et comme résignés.. En ce sens, le film rappelle l'esprit de "Malevil" ou du "Docteur Petiot" du même de Chalonge. Les partis-pris de mise en scène, où l'austérité rejoint une certaine forme d'ésotérisme, visent à signifier l'incroyable cynisme de l'univers obscur de la finance. Jean-Louis Trintignant, cadre bancaire, devient la victime expiatoire d'un scandale financier et découvre brusquement l'envers du décor, la corruption de sa hiérachie (dont le président, Michel Serrault, aussi rigoureux qu'inquiétant), le diabolique réalisme des affaires et, parallèlement, la réalité du chômage que d'ineptes et humiliants entretiens d'embauche contribuent à rendre plus pénible encore. Secondairement, le film est aussi une nouvelle illustration du pot de terre contre le pot de fer, évoquée sans manichéisme ni passion, qui mesure une fois encore la faiblesse et les limites de l'homme seul face à l'institution.
Une bonne vision de cet argent bien souvent confisqué aux justes; et d'autre par contre-vérification de ce fameux adage que seuls les gens les - argentés pensent le + à...
Encore un bon film dont on attend la réédition en dvd. J'avais gardé un très bon souvenir de cet univers de la haute finance et des scandales qui l'accompagnent. A-t-il mal vieilli ?
Un film très politique dans tous les sens du terme. On pense au scandale de la garantie foncière des années 70. A contrario je pense que la gravité des scandales financiers s'est fortement aggravée depuis en France, en Europe et aux USA conduisant à des crises financières généralisées mais je pense qu'un tel film aujourd'hui ne trouverait pas de producteurs et donc aucun réalisateur n'oserait diriger un tel film. Notre système capitaliste est de plus en plus obscur et opaque surtout avec les flux financiers quasi automatique dirigés par des IA et des algorithmes fous.