8e des 12 films tournés par Jean Gabin sous la direction de Gilles Grangier, "Le Cave se rebiffe" est aussi l'occasion d'une nouvelle collaboration de l'acteur avec le dialoguiste Michel Audiard. Autant dire que cette histoire de faux-monnayeurs adaptée en 1961 d'un roman d'Albert Simonin nous réserve quelques échanges verbaux joyeusement truculents. Deux petits notables truands, Charles Lepicard (Bernard Blier), ex-tenancier de bordel, et l'avocat maître Lucas Malvoisin, sont de manche avec Éric Masson, bellâtre gigolo, pour monter une affaire juteuse sur le florin qui leur permettrait de s'en mettre plein les poches. Afin de bétonner le coup, la fine équipe s'adjoint les services de Ferdinand Maréchal, dit le Dabe, qui se la coulait douce sous le soleil depuis son retrait du milieu. Il y a enfin le brave Robert Mideau (Maurice Biraud), graveur orfèvre. Le "Cave", c'est lui. Dans cette comédie policière de facture classique où le réalisateur a particulièrement soigné le portrait des différents protagonistes, on retrouve quelques uns des acteurs les plus populaires de l'époque, tous excellents. Mais dans cet univers masculin un brin macho, Gilles Grangier a aussi fait de la place aux femmes, et leur rôle étoffé n'a rien de décoratif. Françoise Rosay prête sa voix éraillée si particulière à Madame Pauline. Ginette Leclerc, alias Léa Lepicard, surveille de près son mari. Quant à Solange Mideau, l'épouse du graveur surdoué, elle est interprétée par Martine Carol. Actrice star des années 50, celle-ci était alors sur le déclin, poussée vers la sortie par une certaine Brigitte Bardot... Bourru comme on l'aime, Gabin râle, dirige, exige et ne s'en laisse pas conter. Certains manipulent, d'autres se font doubler. 1 H 35 de très bon cinéma !