Le Cave se rebiffe est un joyeux jeu de dupes qui prend les petits malfrats benêts au piège de leur naïveté et de leur mépris. Il faut dire que le personnage de Charles Lepicard, interprété avec talent par Bernard Blier, dispose d’un mauvais goût délectable, depuis ses manières avec la gent féminine jusqu’à la décoration de sa vaste demeure, chacune des dix-sept chambres disposant de son propre thème. Gilles Grangier et Michel Audiard se régalent à faire frire ceux qui se répètent que « tout baigne dans l’huile », contraints d’évoluer petitement par peur des représailles policières. Ferdinand Maréchal, dit « Le Dabe », dispose au contraire d’une force tranquille : il a constamment un tour d’avance sur les autres, juché depuis le Sacré-Cœur qu’il indique au chauffeur de taxi afin de ne pas être vu des forces de l’ordre. La mise en place de l’arnaque et sa complexification bénéficie d’un sens du rythme précis et efficace : les retournements de situation fonctionnent et assurent le divertissement. Reflet de son époque, la femme n’occupe aucune place véritable sinon celle du levier comique à actionner au cours d’un déjeuner pour susciter le rire : nous aurions aimé qu’elle disposât d’une plus grande consistance. Mais peut-être est-ce là ce que le long métrage dénonce en fin de compte ? Sa clausule faussement moralisatrice en témoigne : cette bande de lascars sont des idiots et se comportent comme des idiots. Une comédie réjouissante.
Un film policier très plaisant qui s'appuie sur des comédiens en or et sur les dialogues exceptionnels de Michel Audiard. Gabin ou Blier qui déclament des répliques signées Audiard c'est forcèment un régal. C'est un film qu'on savoure beaucoup à l'oreille. Le scénario est bien construit et nous gratifie de quelques rebondissements. Bref un polar des années 60 qui fait du bien et qui reste grand public.
L’exemple même du grand cinéma français,un polar au scenario simpłe,sans grand effet de mise en scène...mais un résultat superbe,des acteurs au sommet,des dialogues devenus cultes .Un de mes 10 films français préférés.A voir et à revoir
Du bon polar à la Papa, avec un casting bien franchouillard : Jean Gabin, Bernard Blier et Maurice Biraud en première ligne. Sur des dialogues de Michel Audiard et Albert Simonin. Vous savez, l'auteur du célèbre dictionnaire d'argot,"le Petit Simonin illustré". Le tout dans des décors en noir et blanc comme à l'époque.
Un monument du cinéma français : pas de coup de fusil, pas de courses poursuites pas de vrais méchants et pourtant quelle réussite que ce film de gangster! Le scénario est excellent, les dialogues sont ciselés à la perfection qu'on dirait une gravure. Les acteurs sont à l'unisson. Il faut franchement être difficile voire "insastisfaisable" pour ne pas apprécier ce film. Pour tous, à voir par tous et à revoir sans compter.
Le qualificatif de chef d'œuvre quand il embrasse l'ensemble de la production cinématographique s'accole le plus souvent aux drames ("Boulevard du crépuscule" de Billy Wilder, "Eve" de Joseph Mankiewicz, "Quai des brumes" de Marcel Carné,…) ou aux films épiques ("Autant en emporte le vent" de Victor Fleming, "Lawrence d'Arabie" de David Lean, "Kagemusha" d'Akira Kurosawa, "Danse avec les loups" de Kevin Costner,...). Les films de genre plus populaires comme le film noir, le thriller, le western ou le film d'horreur sont beaucoup plus rarement à l'honneur. Pour les films comiques, l’appellation relève de l'exception comme pour "Certains l'aiment chaud" du grand Billy Wilder. Revoir au fil des années "Le cave se rebiffe", huitième collaboration entre Gilles Grangier et Jean Gabin (douze au total), finit par interroger sur ce qui empêcherait ce modeste film populaire qui constitue un modèle de perfection d'entrer dans la cour des grands avant même "Les tontons flingueurs" (Georges Lautner en 1963) qui constitue jusqu'alors la référence absolue concernant le même registre et la même époque. Proposé à Gabin par Michel Audiard d'après le roman éponyme d'Albert Simonin largement remanié, "Le cave se rebiffe" est un véritable régal de comédie policière tant le jeu de chacun des acteurs s’accorde avec la musique des dialogues d'Audiard qui offrent un mélange baroque mais parfaitement harmonieux quand ils sont dits par « ceux qui savent ». Entre argot parisien et envolées lyriques dont les chutes sont le plus souvent assassines, ils démontrent de la part de leur auteur une parfaite observation de la nature humaine. Une nature humaine qu'Audiard châtie durement mais dont on sent bien qu'il y est profondément attaché derrière une façade caustique et acerbe cachant une grande sensibilité qu'il laissera progressivement apparaître notamment dans certaines de ses propres réalisations comme le trop méconnu "Le Drapeau noir flotte sur la marmite" (1971) et plus encore après la mort accidentelle de son fils en 1975. Connaître déjà le film, c'est pouvoir se réjouir de l'arrivée d'une scène et y observer plus précisément le jeu d'un acteur. Les femmes par exemple qui sont ici toutes les trois parfaitement raccord. Martine Carole pourtant au creux de la vague, voyant son statut de star sexy renversé d'un coup par Brigitte Bardot est parfaite en gourgandine vénale. Françoise Rosay qu'on ne présente plus, n'a pas besoin de plus d'une scène pour rappeler qu'elle fut une actrice très importante dès le temps du muet sous la direction de son mari Jacques Feyder. Quant à Ginette Leclerc en tenancière au chômage forcé, épouse du veule Bernard Blier, la voir livrer ses œillades entendues est un bonheur de tous les instants. On passera sur les acteurs masculins tous en apesanteur mais en délivrant tout de même une mention particulière pour les moins connus comme Franck Villard, Maurice Biraud et Antoine Balpêtré. Gilles Grangier souvent considéré à tort comme un faiseur aux ordres de Gabin démontre un sens du rythme allié à une direction d'acteurs fluide dont on aimerait que tous les réalisateurs actuels de comédie soient dotés. La musique de Francis Lemarque et Michel Legrand trouve le ton juste pour illustrer l'atmosphère de chacune des scènes. En un mot tout est parfait et chacune des visions apporte son petit lot de surprises sans parler du plaisir intact de voir tout ce petit monde se renvoyer la balle sans jamais la faire tomber. Un chef d'œuvre ? Quoi d'autre alors ?
Attention ! Ne touchez pas à ce film, car sinon vous aurez affaire à moi ! Beaucoup plus que Les Tontons Flingueurs, c'est pour moi, avec Pouic Pouic, le film français mythique du début des années 60. J'en connais par coeur toutes les scènes et toutes les répliques. Il y aurait trop à dire. Les dialogues d'Audiard sont somptueux, admirablement servis par Gabin, mais encore plus peut-être par Bernard Blier, qui effectue là sans doute la plus grande prestation de sa carrière. Tout est étincelant, les répliques, l'histoire, l'atmosphère, des acteurs extraordinaires, l'humour, le rythme, servi par un grand cinéaste, Gilles Grangier. En outre, deux de mes idoles ont grandement participé à ce film : Francis Lemarque pour la musique, et Albert Simonin, très grand écrivain, très sous-estimé, dont le livre a inspiré le film. Transparaît enfin également dans ce film le charme d'une époque révolue, d'un Paris alors encore magique.
Un classique Jean Gabin / Bernard Blier / Michel Audiard...Les répliques de Michel Audiard fusent..et ça fait plaisir...Elles sont mémorables dans la voix de Jean Gabin qui est excellent dans son caractère "Le Dab".. Le film n'a pas pris une ride bien qu'il a plus de 50 ans..Pour dire les classiques ne vieillissent pas...À revoir et revoir pour le plaisir...A bon entendeur salut..
Malheureusement j'ai dû me contenter de la version colorisée. Tous les acteurs sont époustouflants ! Les dialogues parfaits. Un autre grand film de monsieur Gilles Grangier.
Un bon film (même si le déroulement de l'action est quelque peu mollassonne) avec Jean Gabin toujours égal à lui-même (à savoir bourru et peu commode) entouré de bons seconds rôles (notamment Françoise Rosay et Maurice Biraud). Les dialogues réussis sont évidemment signés Michel Audiard. On passe un bon moment même ce n'est pas non plus le meilleur film du genre.
Si j'étais condamné à vivre sur une île déserte et que je devais choisir un seul film, ce serait celui-ci.
Un chef d'oeuvre à voir absolument pour ceux qui ne le connaissent pas, à projeter dans toutes les écoles pour faire découvrir aux mômes ce que c'était que l'esprit français avant qu'il ne soit castré par le puritanisme anglo-saxon :
- mais à quoi je reconnaîtrai ? - un beau brun, grand, avec des petites bacchantes, l'air con. - ça court les rues les grands cons... - oui, mais celui-la, c'est un gabarit exceptionnel, si la connerie se mesurait, il servirait de mètre-étalon, il serait à Sèvres.
On lui pardonnerait presque d'avoir fricoté du mauvais côté, au père Audiard, parce que ses dialogues sont délicieux, c'est du Français comme on aimerait l'entendre plus souvent. Et puis, ya tout le reste: les jambes de Martine, le déhanché de Ginette, la gouaille de Françoise. Et ya aussi les hommes, pas vraiment à leur avantage, pour une fois, sauf le héros, of course. Tout ça est très bien vu, c'est plaisant, c'est drôle, c'est du bon cinéma.