Une production de l'ancien temps. On sent bien que les années Mitterrand ne font que débuter, qui signèrent l'entrée de l'indigence au panthéon du cinéma français. Revenons-en à nos moutons. Un des plus gros cartons de notre Bébel national (5M d'entrées), incarnant ici Jocelyn "Joss" Beaumont, ex-agent des services spéciaux sacrifié par sa hiérarchie sur l'autel de la connivence avec les dictateurs africains. Parmi eux, Njala, président "à vie" du Malagawi (quelle originalité), un fou, pratiquant le nettoyage ethnique au lance-flammes, les procès sous stupéfiant dignes d'une pièce de théâtre, mais non dénué de goût en matière d'escorts. Cette charmante personne, Beaumont entend bien la liquider pour accomplir -coûte que coûte- sa mission. Le scénario est assez simple, sans véritables rebondissements, mais, étonnamment, on s'en fout, on préfère se laisser emporter par le jeu épique des acteurs. Belmondo en G-man blasé, Hossein en double exact du premier -à ceci près qu'ils ont la gâchette rapide-, Donnadieu en soudard maboul, les trois actrices -dont j'ai oublié le nom- rivalisant de charme...Un ton résolument empreint de second degré pour des scènes et répliques cultes ("Sois naturellement con") et une tentative de viol lesbien assez inattendue. La fin, seul vrai rebondissement, est cultissime, d'une grande classe, sublimée par la perfection du Chi Mai de Morriconne (un peu trop utilisé le long du film). Très typé années 80, à l'époque où on pouvait passer par toutes les émotions dans un film, où l'on pouvait se fendre la poire tout le long, mais où, une fois les crédits défilant, on affichait un sourire de bonheur et on regrettait que ce fût fini. L'époque où naissaient encore les légendes. Excellent.