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Sylvain Damy
1 critique
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4,0
Publiée le 11 avril 2024
Sophie Fillières nous manque déjà. À revoir Grande Petite aujourd'hui, on mesure le trouble d'un film qui avait tout pour devenir grand et qui s'est trouvé écrasé sous le poids du temps et l'oubli organisé. Le destin de Grande Petite a cela de tragique: avoir documenté un visage et un corps brinquebalé entre des hommes et dans un chaos d'emprises. Bénédicte dit qu'elle n'a pas "pas de force" et que les "garçons courent plus vite que les filles" . Elle n'abandonne pas pour autant et le film capte cette montée en force, cette lutte pour se libérer des emprises, toutes les emprises. En 1995, Judith Godreche publiait Point de côté chez Flammarion. Impossible de ne pas voir aujourd'hui un double de Bénédicte, une femme jeune à qui un homme plus âgé demande pourquoi elle dort avec un t-shirt et pourquoi elle porte un soutien-gorge. Les deux partagent un lit, mais là où l'homme n'y envisage qu'un corps nu et sexualisé, elle sort des altères lorsqu'elle ne trouve pas le sommeil. Grande Petite , c'est une fuite dans un Paris contenu dans une poignée de lieux, dans un passé qui semble si profond que Bénédicte semble avoir vécu trop de vies. Ce film est la carte d'un visage. Nous n'avions pas su entendre Judith Godreche, sauf Sophie Fillières. Il faut désormais retrouver la voix de cette cinéaste et le chemin de ses films. Ils méritent mieux qu'un oubli.