Avis sur Femmes

Cukor est un réalisateur dont la marque de fabrique porte sur la description de l'univers féminin. Ses collaborations avec les plus grandes actrices hollywoodiennes et notamment avec Katryn Hepburn sont restées légendaires. Sur ce registre, on peut avancer que seul ( à ma connaissance) Almodovar sera son héritier artistique. Avec "femmes" réalisé en 1939, Cukor illustre sa réputation. Film interprété exclusivement par des femmes, il nous donne à voir certaines des plus importantes actrices hollywoodiennes de l'époque. Norma Shearer ( actrice qui vient du muet, épouse et puis veuve du célèbre producteur Irvin Thalberg), Joan Crawford, Joan Fontaine, Paulette Goddard sont entre autres au générique. Nous sommes ici dans la haute bourgeoisie, une femme ( N Shearer) apprend par une de ses pipelettes d'amies ( Rosalynd Russell) que son mari la trompe avec une démonstratrice de parfums de luxe ( joan Crawford). Elle décide de divorcer. Mais lorsqu'elle apprend que la nouvelle femme de son ex époux le trompe, elle prend la décision de le reconquérir. Si le film dresse avec brio un portrait sans fard de la nature féminine et de l'institution du mariage, au travers de différents portraits de femmes, le film me semble comporter quelques petits défauts. Tout d'abord la première partie manque parfois de rythme et aurait sans doute mérité d'être légèrement raccourcie. La seconde partie est par contre beaucoup plus réussie et la présence de Paulette Goddard, ( elle fut à la ville, l'épouse de Charlie Chaplin notamment) coiffe l'ensemble de la distribution par son charisme et par son charme. De même, les échanges de répliques du type " screwball comedy"ininterrompus pendant tout le film de plus de deux heures, ne sont pas toujours du meilleur aloi et peuvent finir par faire décrocher le spectateur. Malgré tout, l'ensemble est de qualité, même s'il n'atteint pas les sommets de l'oeuvre cinématographique de son auteur. A ce titre relevons que Cukor réfutait d'ailleurs d'en être un. Sur ce point, on ne peut que s'inscrire en faux, car Cukor est sans conteste, un des maîtres de la comédie hollywoodienne et un des auteurs parmi les plus talentueux du cinéma américain. Il montrera sa virtuosité jusqu'à la fin de sa carrière, ce qui en dit long sur la palette de ses talents.

Dotée d'une habile réalisation, cette comédie de moeurs absolument féminine se révèle assez inégale: à des personnages nuancés tels que l'épouse délaissée ou la touchante comtesse s'opposent la maitresse manipulatrice infidèle ou la commère insatiable; à des dialogues pleins de sel et de justesse (que les comédiennes incarnent avec un manifeste plaisir) se heurtent des stéréotypes misogynes poussés à l'extreme (notamment dans le crêpage de chignons ou l'hystérie); au rythme enlevé de la première partie répond la cadence amollie de la seconde; contre la réflexion sur le droit au divorce à travers des répliques opposant deux générations s'élèvent l'impossibilité d'envisager le rôle de mère célibataire (mais il est vrai que l'indépendance financière ne semble guère enviable ni envisageable...) ainsi que le moralisme désuet de l'absolution qu'un naïf époux lassé devrait nécessairement obtenir de sa moitié compréhensive. Où l'audace n'est pas pleinement assumée!

Remplacé au pied levé par Victor Fleming pour réaliser "Autant en emporte le vent", George Cukor a pu s'atteler à ce film, sorti en 1939, dépeignant la vie d'un groupe de femmes dont une apprend que son mari la trompe avec une vendeuse de parfum. Le film a la particularité de ne se composer uniquement de femmes ; il n'y a pas l'ombre d'un homme, ce qui est rare, même encore aujourd'hui. Et on se dit que le film peut tout de suite virer dans le sexisme alors qu'il était en réalité très en avance sur son temps ! Effectivement, même si nous avons des représentations très clichés de femmes de l'époque, c'est-à-dire de ménagères mariées à des hommes riches qui n'ont rien d'autre à faire que de faire que les magasin, aller à la salle de sport et surtout raconter des potins (clichés encore d'actualité, il suffit de regarder certains teen drama par exemple, comme "Gossip Girl" par exemple), nous avons aussi les portraits de femmes fortes qui n'hésitent pas à quitter leur mari pour être indépendantes (la partie Reno est particulièrement intéressante à ce sujet). Bien-sûr, ne nous méprenons pas, le film dépeint surtout des femmes qui dépendent entièrement des hommes, elles ne pensent qu'à eux (ce qui est bien souligné trente-six fois dans la bande-annonce) et dépendent surtout d'eux financièrement car, même si elles ne sont plus avec, elles en espèrent une rente. Malgré tout, il faut remettre le film dans son époque et le fait d'avoir une aussi grosse production composée uniquement de femmes est déjà un sacré exploit ! Alors oui, nous avons de nombreuses scènes de "basse-cour" dans lesquelles les femmes sont vues comme des êtres très infantiles qui crient, qui se disputent et qui racontent des ragots à longueur de temps. Mais c'est aussi le parti pris du film et c'est surtout ce qui participe à sa dimension comique. Le film n'est pas hilarant mais de nombreuses répliques sont très drôles et bien moins sexistes qu'elles n'y paraissent, notamment avec de nombreux sous-entendus. Il est certes difficile de rentrer dans le film puisque la scène d'intro est volontairement assez bordélique, nous avons de nombreux personnages principaux et il est difficile de retenir tout le monde. Mais une fois que nous sommes dedans, le film nous emporte jusqu'à la toute fin, surtout que tout est très fluide ; les nombreuses sous-intrigures s'imbriquant parfaitement les unes dans les autres, donnant un scénario très riche. La mise en scène est également très bonne et on retiendra notamment cette scène en couleur, très bien réalisée. Concernant le casting, toutes les actrices sont très bonnes et nous retiendrons en particulier Norma Shearer, Rosalind Russell et Joan Crawford qui jouent très bien. "Femmes" peut donc nous paraitre sexiste et cliché aujourd'hui mais vieilli en réalité plutôt bien, notamment avec son second degré constant et ses personnages archétypaux exagérés qui contribuent à rendre le film très drôle !

Ce film est une merveille... tout y est : un humour très décapant, du cynisme en veux-tu en voilà, et un rythme effréné qui en font une des meilleures comédies américaines d'avant-guerre (et de tous temps, d'ailleurs). Ces femmes entre elles (il n'y aucun homme dans la distribution, même pas un figurant !) sont parfaites de méchanceté, de cruauté et même de solidarité féminine parfois. C'est mesquin à en mourir (de rire).
Les actrices sont toutes parfaites, la réalisation est top, le noir et blanc est sublime.. Un film parfait, vous dis-je.. Pas sûre qu'on fasse beaucoup mieux à l'heure actuelle en terme de comédie. Je me le regarde régulièrement depuis plusieurs décennies, et jamais je ne m'en suis lassée de ce spectacle.
Un chef d'oeuvre.

Dès le générique le ton est donné. Les actrices sont comparées, une à une, à des animaux: vache, mouton, cheval aux dents en avant, et même singe... Le film n'a pas commencé qu'on est donc choqué par cette vulgarité et cette mysogynie affichées. Comment ce film a-t-il pu obtenir de telles critiques dithyrambiques?? Mystère... car le reste est à l'avenant.On est plongé dans une comédie (mais pas du tout drôle contrairement à ce que j'ai pu lire) où des femmes riches et oisives passent leur temps à colporter des rumeurs, et n'arrêtent pas une seconde de jacquasser, de façon épuisante. C'est ça la vision des femmes (rappelons le titre du film: "LES femmes") de Cukor et de la société des années 50 ??? Un message lamentable qui ne pourrait jamais passer aujourd'hui

Deux heures de pur bonheur, de l'humour avec des dialogues bien ciselés, de l'entrain, pas de temps mort.