L'une des premières pierres de l'édifice immense que représente la filmographie de T. BURTON, puisque l'on n'y retrouve chaque aspect fondateur et essentiel de son travail, y mettant son âme et sa créativité de la manière la plus personnel que l'on puisse, et non pas pour ce que cela raconte de son créateur mais plutôt à travers ce qui illustre ce qu'est le cinéma, art à part entière, de l'artiste BURTON. Surement un peu tanné avec le temps et pointant bien évidemment quelque petites erreurs de gout en matière de jeu de la part de certains acteurs dans leur manière d'aborder l'univers très spécifique en terme d'imagerie, mais cela n'enlève en rien la force de l'ensemble du film, qui joue comme à son habitude avec les codes visuels pour mettre en valeur un thème cher à BURTON, la vision de la mort, et poursuivant son idée cinématographique très présente dans chacune de ses œuvres que le monde des morts est plus chaleureux et fun que celui des vivants. Et c'est ainsi que l'ensemble parvient à avoir une cohérence solide, loin des thématiques des films d'exploitations qui se font un malin plaisir de traiter le paranormal de manière toujours très coloré et clownesque, car ici le contexte est purement "terrestre", c'est à dire qu'une sorte de réalisme se dégage ici, du moins dans ce qui concerne la vision du monde d'après selon BURTON, jouant de codes plus qu'universel concernant la Mort de l'Homme, et se jouant encore plus habilement sur la façon dont les êtres vivant peuvent montrer des comportement purement funeste, de leurs actes à leurs habits. Tout cela, le réalisateur visionnaire le maîtrise à la perfection, et en fait un étalage certes parfois poussif et cartoonesque, mais donnant une teinte tellement particulière à une univers habituellement très sombre, et c'est peut-être même à travers ce film que T. BURTON a su prouver que les genres qui paraissent à première vue glauque et noir peuvent devenir de pur divertissement si le ton et la justesse du scénario sont de mises, ce qui est bien sur le cas ici, le tout accompagné de la musique toujours autant de situation de Danny ELFMAN. Alors on peut quand même critiquer certains aspects de mise en scène pas toujours de très bon gout ou semblant réalisé avec les moyens du bords plus pour une question de monnaie que de pure sensibilité artistique, car on sait ô combien BURTON aime jouer visuellement de ce sentiment de "faux" (cela reste du cinéma après tout), et que l'on peut également trouver une poignet de faiblesse au sujet du scénario, se perdant souvent avec volonté de définir ce qu'est la vie après la mort selon le réalisateur et faire avancer l'intrigue, à tel point que le film est devenu aussi culte par le simple fait que le rôle éponyme du film ne prend un réel intérêt dans le scénario qu'au bout de 50 minutes de film sur une bobine de 1h25, ce qui était assez gonflé car difficile de faire de la promo avec cela et pourtant quand on constate le succès public que peut avoir ce film et les quelques produits dérivés qui sont apparus après ayant réussi à marquer la génération 90', on ne s'étonne qu'à moitié que bien que vieillissant, ce long métrage est un culte au sens propre du terme. Ainsi, le scénario parvient à mettre en scène de aspect bien distinct, soit comment appréhender le monde des morts lorsque l'on y est pas préparé et que ce dernier répond à des codes très "bureaucratiques" et "protocolaire", comment cohabiter avec le monde des vivants, d'autant plus quand ceux-là sont des êtres mesquins, cupides et plus "effrayant" que les morts, tout cela mis en scène à la manière d'une grande farce, aux effets purement artisanaux (entre maquillages, décors et marionnettes à l'ancienne) qui donne cet aspect tellement singulier, se régalant des contrastes inversés entre la Vie et la Mort, et faisant ainsi participer le spectateur à sa vision bien plus lumineuse que ce que représente le trépas pour BURTON (idée qu'il réitérera maintes et maintes fois), le tout en parvenant à pointer du doigt les aspects les plus lugubres de l'Humain, faisait de la critique des Hommes un gag plus acerbe que la bouffonnerie pure que représente l’univers de l'au-delà. Bien sûr, il est indéniable que si son absence sur l'ensemble du film peut laisser perplexe, le personnage éponyme de ce film n'en est pas moins absent de l'image, qu'il explose littéralement à chaque apparition, d'une part grâce à l’imagination sans limite de BURTON, du costume à la posture en passant évidemment par ses lignes de dialogues, mais aussi et surtout par la prestation incarnée d'un Michael KEATON bien plus génial quand il est maquillé que lorsqu'il est derrière un masque de super-héros, faisant entrer sa performance et ce personnage la en particulier au Panthéon des héros cultes du 7e art, le tour de force étant, rappelons-le, de réussir cela en étant présent que très peu dans l'intrigue et au montage final. L'entame de carrière de T. BURTON n'a rien d'anodine car cette vision si singulière et cette sensibilité de l'image font parti de son ADN, ainsi signer, imaginer, créer et mettre en image un film tel celui-ci ne fait que conforter sur le génie naissant d'un réalisateur à l'univers bien à lui, aux idées très personnelles et prouvant une chose évidente; le cinéma c'est autant une question d'histoire que de créativité.