Un Tim Burton tout à fait amusant et réussi que Beetlejuice, même si finalement ce n’est pas tellement le héros éponyme qui retient l’attention.
L’interprétation est d’abord à mon sens porté par l’excellent duo Baldwin-Davis. Ils forment un couple absolument parfait, franchement enthousiasmant, offrant à la fois de l’humour et de l’émotion, en portant des personnages sympathiques et attachants. Bravo à eux. Autour d’eux gravitent une famille Deetz à la hauteur aussi, avec une toute jeune Winona Ryder. On retiendra surtout à mon sens la prestation de Glenn Shadix, excentrique et réussie. Enfin Keaton se déchaine totalement en Beetlejuice. En soi il surjoue beaucoup, c’est vrai, mais je crois qu’il est un des rares à surjoué et à ne pas être trop gavant. Parfois on se dit « pitié, ça s’arrête quand », mais là je l’ai trouvé finalement pas gênant, même s’il en fait un peu trop malgré tout.
Le scénario est un peu brouillon c’est vrai, surtout sur la fin. Ça devient un peu la grande pantalonnade, où Burton ne recule devant rien. Malgré tout Beetlejuice est porté par un humour réussi, par des personnages solides, un rythme enthousiasmant, et précisément par la folie de Burton. Il y a plein d’idées, et le film est teinté d’un onirisme délicat derrière la fantaisie apparente. Pour ma part il me semble que le film aurait gagné à avoir 20 dernières minutes plus consistantes, quitte éventuellement à être un soupçon plus long.
Visuellement Beetlejuice est une réussite, même si le film prend de l’âge. Burton est tout à fait à l’aise, s’amusant comme un petit fou avec toutes ses créatures, et livrant une mise en scène pleine de dynamisme, ébouriffante parfois. Certes il y a quelques archaïsmes dans la réalisation (la scène de spiritisme parait un poil rétro dans sa mise en scène quand même), mais cela sert bien le film. C’est d’ailleurs aussi le cas des effets spéciaux, souvent dépassé aujourd’hui, mais plein d’humour, et qui ont finalement bien vieilli, accentuant encore le ton décalé de Beetlejuice. Rien à redire encore sur les décors et la photographie. C’est la preuve que l’on peut créer des ambiances audacieuses, sans un recours pléthorique à l’image de synthèse, et sans forcément des budgets démesurés. Enfin la bande son reste de très bonne facture, mais le travail d’Elfman m’a paru un peu trop discret pour le coup.
En somme Beetlejuice reste une des bonnes surprises de la fin des années 80, et l’un des films de Burton les plus agréables. C’est néanmoins un peu foutraque, et le film pourra agacer ceux qui aiment bien la cohérence et les films qui ne se dispersent pas trop. Moi j’ai tout à fait apprécié, avec toutefois trois bémols : le jeu parfois excessif de Keaton, la musique d’Elfman pas assez utilisée, le scénario qui part en cacahuète sur la fin. 4.