Sorti à la fin des années 80, Willow est souvent présenté par la presse spécialisée comme un film bâtard, sans réelle identité, et qui se contente d'emprunter de nombreuses références aux classiques de l'Heroic-Fantasy, plus particulièrement au Seigneur des Anneaux. S'il est vrai que le héros fait étrangement penser à un hobbit, comme le reste de la race des Nelwyn (plus souvent appelés « Pecs », terme qui équivaut à « bouseux » dans la bouche des humains), et que le scénario est archi-classique, le film de Ron Howard présente toutefois de nombreuses qualités qui le rendent fort sympathique, en dépit du postulat initial.
Tout d'abord, je conseille aux fans de la trilogie de l'anneau de Peter Jackson de passer leur chemin. Ou sinon de le regarder pour les bonnes raisons, afin de ne pas se fourvoyer. D'une, nous sommes en 1988, et même si les effets spéciaux étaient de bonne facture à l'époque (apparition du morphing par exemple), ils ont pour la plupart mal vieilli, et c'est avec le sourire que vous regarderez certaines créatures (le pseudo-dragon lors de la bataille de Tir Asleen), qui font clairement carton pâte aujourd'hui.
De deux, Willow est un film qui contient beaucoup d'humour, avec un second degré assez prononcé, et tout à fait assumé : le prêtre du village Nelwyn est un magicien incompétent dont les prédictions sont parfois à côté de la plaque. Les brownies sont des petits lutins complètement stupides et barrés qui eux aussi apportent cette touche décalée qui fait le sel du film. Mais la grande force de Willow, c'est le personnage génial de MadMartigan, incarné ici par un Val Kilmer au sommet de sa forme physique (loin du fantôme bouffi qui enchaîne les navets ces dernières années). Il incarne parfaitement l'anti-héros « je m'en foutiste » qui ne pense qu'à ses intérêts personnels, et n'obéit qu'à ses pulsions (généralement boire, et séduire tout ce qui possède une forte poitrine). Mais il reste un superbe combattant, et le duo qu'il forme avec Willow Ufgood est particulièrement jubilatoire. La cruelle Bavmorda est très convaincante (petite, elle me terrifiait), pas comme sa fille Sorsha (Joanne Whalley), qui manque d'épaisseur, et n'a que que son joli minois à offrir.
Les scènes d'actions sont au rendez-vous : elles sont bien réalisées, et parfois très drôles. Le film bénéficie des paysages somptueux de la Nouvelle-Zélande (encore une similitude avec les films de Jackson), et surtout de la musique magique de James Horner, qui réalise là des prouesses (cette bande originale trône sans rougir aux côtés de celles de Braveheart et Titanic).
Willow est souvent sous-côté, car comparé à des films du même registre cinématographique qui n'ont clairement pas les mêmes ambitions. Ici, le film de Ron Howard s'adresse aux enfants friands de films d'aventures ainsi qu'aux adultes (pour la plupart nostalgiques) qui sauront apprécier cette œuvre pleine d'humour et de péripéties.