La femme, le mari, l'amant, tels sonts les protagonistes classiques de ce drame dont l'intrigue est pourtant moins une affaire d'adultère qu'une histoire d'émancipation. Mariée à une entrepreneur vulgaire et phallocrate, Anna console sa solitude dans les bras d'un autre homme, celui-ci plein de sollicitude. Elle dirige par ailleurs une galerie de peinture qui constitue, dans son existence morne de bourgeoise, sa seule façon d'exister entre deux hommes qui, chacun à sa manière, cherchent à la dominer, à l'enfermer dans son rôle de bourgeoise ou d'amante.
L'héroine d'Alexandre Astruc rappellent celles des Balzac ou la Jeanne de Maupassant ("Une vie", d'ailleurs adaptée en 1958 par Astruc) dans le registre de la femme délaissée, déçue et incomprise. Le personnage d'annie Girardot incarne la femme qui veut s'affirmer, créer. Anna ne trouve aucun soutien tant le rôle d'épouse, dans la bourgeoisie des années 50-60 comme en d'autres temps, est méprisé.
Même l'amant, apparemment si compréhensif, ne saura lui accorder sa liberté alors que l'époux, une fois quitté, saura de façon inattendue se montrer généreux.
Lâcher la proie pour l'ombre sera alors le constat amer fait par Anna.
Le sujet est intéressant mais Astruc, cousin de la Nouvelle Vague, sous prétexte de chercher la "vraie" vérité, met en scène un film froid et un peu molasson, des acteurs pas très bien dirigés (Christian Marquand fait un amant bien terne) et ses dialogues sont parfois maladroits, sentencieux.