Dans les années 80, il y avait principalement deux sortes de dessins animés : les films Disney, qui osaient tout de même à l'époque des histoires assez dramatiques, et ceux de Don Bluth, émancipé de la fameuse boîte pour livrer des longs-métrages beaucoup plus adultes. Cependant, pour son quatrième film, le réalisateur américain décide de changer grandement la donne. En effet, après deux films sous la tutelle de Steven Spielberg, il quitte les studios Universal et s'installe en Irlande où il va mettre en scène son film le plus sombre et le plus violent : Charlie... Car l'univers de ce nouveau film n'est au final pas très destiné aux enfants : roublards, parieurs, voleurs, proxénètes, tueurs... Les chiens qui peuplent le long-métrage n'ont rien de très rose. dans cette histoire visiblement très inspirée de Petite Miss avec Shirley Temple où deux gangsters prennent en charge une petite fille et l'utilisent pour des paris juteux. Ici, même topo : Charlie et son acolyte Gratouille sont doublés par leur associé Carcasse qui envoie Charlie au Paradis. Revenu d'entre les morts, le berger allemand va kidnapper la petite Anne-Marie, une humaine prisonnière de Carcasse capable de parler aux animaux, et va s'en servir pour gagner des courses et prendre sa revanche sur son ancien acolyte, oubliant sa promesse de lui trouver de vrais parents. Anti-héros par excellence, Charlie va pourtant devenir monstrueusement attachant, au même titre que les autres personnages du film. Le scénario, aussi sombre soit-il, reste entraînant et finalement enjoué malgré de nombreux passages dramatiques, heureusement épaulé par quelques chansons mémorables et surtout une animation exemplaire, Bluth ayant rarement été prodigieux en la matière. Au final, en dépit de sa violence évidente, de son sujet extrêmement sensible et de séquences parfois trop adultes, Charlie reste l'un des meilleurs films de Don Bluth et Gary Goldman et l'un des meilleurs dessins animés de toutes les années 80.