Une question de vie ou de mort (A Matter of Life and Death), 1946, de Powel et Pressburger, avec David Niven. Comme dans Le Ciel peut attendre, réalisé par Lubitsch trois ans avant, on explore ce moment supposé du passage de vie à trépas, occasion de réflexions existentielles, philosophiques et de prendre un peu de recul sur la vie, pour teinter d’humour ce passage délicat. Voici donc un pilote de la RAF, qui s’apprête à sauter de son avion en flammes…sans parachute. Sa mort est certaine et son contact radio, une charmante américaine, en est bouleversé. En plein délire, l’Anglais lui déclare son amour. Son équipage, déjà au paradis, quelque part parmi les soleils et les étoiles du cosmos (merveilleuses images du début) l’attend de pied ferme. Mais cette nuit du 2 mai 1945, les Anglais sont dans une purée de pois si dense, que même l’envoyé du ciel va rater le rendez-vous avec le mort programmé. Miraculeusement échoué sur la plage, miraculeusement trouvé par la belle américaine. Les voilà amoureux pour de bon. C’est là que le film prend tout son sens, grâce à un scénario ciselé, mélangeant réalisme (un homme choqué, qu’il faut soigner) et fantastique (l’homme est approché par un envoyé du ciel venu le récupérer). Une négociation s’engage alors, le pilote arguant que s’il pouvait mourir hier sans problème, il ne le peut plus maintenant, dès lors qu’un amour, né pendant la période de sursis, le retient sur terre. Les « hallucinations » de l’homme alternant avec les situations terrestres, on est pris dans un tourbillon magique, avec des effets de pellicule très avant-gardistes, des trouvailles visuelles, jusqu’à ce que se tienne son « procès », au ciel, et, en parallèle, son intervention chirurgicale du cerveau, sur terre. Mais, ce procès, qui aurait dû être le morceau de bravoure de l’œuvre, est mal écrit, et le film s’empâte sur la fin, alors qu’on était proche du chef d’œuvre !. On passe néanmoins un très heureux moment de cinéma, avec un David Niven épatant.