Les années 2000 sont le fer de lance de multiples franchises autour des super-héros produites en masse comme nouveau nœud de divertissement familial. Depuis le surprenant succès de "Blade" en 1998 avec Wesley Snipes, beaucoup de studios ont réévalué le potentiel et l’attraction de ce type de personnages haut en couleur. La mise en chantier et la réussite au box-office de la première aventure des X-Men par Bryan Singer a servi de déclencheur à une machine aujourd’hui infernale. Le plus grand pourvoyeur de ce type de productions reste encore aujourd’hui, mais déjà à l’époque, la 20th Century Fox, entre les "X-Men", "Daredevil", "Wolverine" ou "Les Quatre Fantastiques". Dix ans après la malheureuse production Roger Corman jamais sortie dans plusieurs contrées, "Les Quatre Fantastiques" ont enfin le droit à une adaptation en bonne et due forme. Confiée à Tim Story, cette adaptation cinéma prend la légèreté de s’adresser aux enfants. Divertissement estival frais et sans la moindre once de méchanceté, "Les Quatre Fantastiques" met en perspective un quatuor de personnages lisses, beaux et intelligents. Déniant l’histoire d’origine dans le but de s’adresser au plus grand nombre, "Les Quatre Fantastiques" est une sorte de produit simple de consommation, un objet identifié de toute part dans le seul but d’une digestion sans amertume. Mais les fans de la première heure se voient spoliés de leur bébé fantastique. Les origines de Reed Richards et Fatalis au lycée sont omises pour arriver directement à l’âge adulte où Reed, interprété par Ioan Gruffudd, demande le soutien de Victor Von Fatalis pour un voyage dans l’espace. Évitant toute introduction trop longue, le long-métrage de Tim Story nous incorpore de suite dans l’histoire, les dix premières minutes se passant dans l’espace. Loin d’être la séquence la plus intéressante en dépit de l’incident vecteur des mutations super-héroïques futures, il ressortira de cette version, tout à fait recommandable en dépit d’être une référence, le fait de jouer sur les ressentis de ses fameux changements sur les personnages. Les bouleversements surviendront alors très vite, les personnages étant à peine revenus sur Terre. Susan Storm jouera de maladresse avec son corps invisible, Reed s’emploiera à trouver un remède face à son corps élastique et les mutations de chacun, Johnny se servira de ses pouvoirs pour séduire la gente féminine. Rien d’affolant au compteur, mais La Chose apporte une profondeur bienvenue. Ainsi, Ben Grimm sera au centre de la seconde partie du long-métrage dans sa quête d’acceptation de son nouveau corps. Marié à son départ dans l’espace, sa femme le repoussera à son retour modifié, restant de marbre face à sa forme de pierre. Entre dépressions et remise en question, l’amitié sera son remède. "Les Quatre Fantastiques" est un produit pop-corn conforme à la demande du public de l’époque, mais surtout aux producteurs. Agréable divertissement, le film et sa suite produite en 2007 n’atteindront jamais la profondeur d’un "Batman Begins" sorti la même année ou de la trilogie "Spider-Man" de Sam Raimi. "Les Quatre Fantastiques" dispose en effet d'un scénario extrêmement classique, mais bien rythmé, solide et efficace : Reed Richards, un savant, son ami Benjamin Grimm, son ex Susan Storm (une spécialiste en génétique) et le frère pilote de cette dernière (Johnny Storm) partent dans l'espace, avec leur sponsor Victor Von Fatalis, afin d'étudier les effets d'un nuage cosmique que Reed suspecte d'être la cause de l'évolution des organismes vivants. Alors que Fatalis fait à Susan une demande en mariage, la perturbation arrive plus tôt que prévu. Ben Grimm, à l'extérieur, est le plus exposé, tandis que Fatalis, qui tente de s'isoler et d'abandonner les autres, est moins touché. Sur Terre, dans un hôpital, les Quatre Fantastiques se réveillent, et ils prennent par la suite peu à peu conscience de leurs dons. Johnny, alors qu'il skie avec une infirmière dont il est amoureux, commence à prendre feu, tombe, et ralentit sa chute en s'enflammant totalement. Susan, qui reproche à Reed de ne pas avouer qu'il l'aime toujours, devient soudain invisible, et lâche une bouteille que Reed rattrape avec son bras qui s'étire comme un élastique. Quant à Ben, il mue soudain, et devient la Chose, d'aspect répugnant mais de force incroyable. Horrifié, il s'enfuit, et tente de rejoindre Debbie, sa fiancée, tandis que les trois autres essayent de le retrouver. Mais lorsque Debbie aperçoit l'apparence de la Chose, elle prend peur et s'enfuit. Pendant ce temps, Fatalis voit son entreprise s'écrouler à cause de son investissement non rentable dans la mission de Reed qui s'est soldée par un échec. La Chose tente de sauver un homme qui veut se jeter d'un pont. Les deux tombent sur la route, et la Chose s'oppose à la marche d'un camion, provoquant un grave accident où sont impliqués les trois autres Fantastiques. La Femme invisible passe le barrage de police en étant invisible et crée un bouclier qui contient l'incendie qui s'est déclenché, Mr Fantastique sauve des pompiers dont le camion menace de tomber, la Chose sauve des gens malgré l'horreur des policiers et la Torche sauve une fillette prise au milieu des flammes. Acclamés par la foule, ils se retirent, et, tandis que la Torche s'exhibe, la Chose fuit la foule après que Debbie lui a rendu sa bague de fiançailles. Dans un but purement scientifique, ils tentent de comprendre leurs mutations et Reed, désigné comme le chef, s'attelle à la construction d'une machine pour qu'ils redeviennent normaux. Néanmoins, des dissensions éclatent dans l'équipe, et Reed peine à avouer son amour pour Susan. Pendant ce temps, Fatalis, ruiné, mais se transformant peu à peu en être métallique capable de générer de l'électricité, profite du chagrin de la Chose pour qu'elle se retourne contre les autres. Fatalis entraîne la Chose dans la machine que Reed a construite. Mais le générateur n'est pas assez puissant. Pendant que la Chose est dans la cabine, Fatalis ouvre le générateur et, grâce à l'électricité qu'il a canalisée à travers son corps, il augmente la puissance du générateur en s'exposant aux rayons cosmiques que Reed a tenté de recomposer. La machine fonctionne et la Chose redevient Ben Grimm. Mais à la sortie de la cabine, Ben découvre l'état de Victor et celui-ci l'assomme. Victor enlève ensuite Reed et l'entraîne chez lui. De son immeuble, on peut apercevoir le Baxter Building, QG des Quatre Fantastiques. Pendant ce temps, Susan et Johnny ont découvert Ben et appris ce que Victor a fait. Ce dernier revêt un masque et une cape puis tire un missile thermo-guidé, dérobé dans une usine dont il a tué le propriétaire, sur Johnny, grosse source de chaleur. Johnny s'enflamme et entraîne le missile loin du Baxter Building pendant que Suzanne part sauver Reed. Ben se rend compte des conséquences de son acte et retourne dans la machine. Susan retrouve Reed, que Victor a gelé, et se bat contre son fiancé. Celui-ci manque de la tuer mais elle est sauvée par l'intervention de Ben, qui est redevenu la Chose. Ce dernier sermonne Reed, mais Victor l'entraîne dans la rue en sautant par la vitre. La Chose et Fatalis se battent puis sont rejoints par Reed et Susan. Puis Johnny vient compléter le groupe. Il a trompé le missile en mettant le feu à un bateau. Les Quatre Fantastiques, à présent au complet, parviennent à vaincre Fatalis. À la fin du film, les Quatre Fantastiques font la fête sur un bateau en compagnie de leurs amis. Reed explique à Ben qu'il peut lui redonner son apparence humaine mais Ben refuse, se sentant finalement bien comme il est avec sa nouvelle petite amie prénommée Alicia, qu'il a rencontrée quelques jours plus tôt. Reed entraîne ensuite Susan à l'avant du bateau et la demande en mariage. Celle-ci accepte et sous les yeux de tous les invités, les deux amoureux échangent un tendre baiser. Après une dernière remarque à la Chose, Johnny s'enflamme, s'envole dans le ciel et trace avec l'aide des flammes le signe des Quatre Fantastiques : le 4. Ce film, énième adaptation de comics au cinéma américain depuis 10 ans, paraissait partir sur de mauvais rails. Pas de réalisateur connu ou très adepte du genre, un casting assez hétéroclite et une bande-annonce prévenant d’un humour omniprésent. Le résultat n’en est que meilleur. Car même si le scénario est somme toute très sommaire et assez classique, du moins sans trop de surprise, il compile parfaitement l’esprit de la bande dessinée et de ses personnages. Et si le méchant de l’histoire manque de relief et de motivations, il laisse la place aux vrais héros. Tout tourne autour de ces 4 aventuriers de l’espace et de la science. Les amours orageux du scientifique Reed Richards (Ioan Gruffudd) et de son ex, Susan Storm (Jessica Alba), apportent une tension douce au film, et les relations particulières entre le bourru Ben Grimm (Michael Chiklis, vu dans la série télé "The Shield") et le jeune écervelé Johnny Storm (Chris Evans) sont parfaitement restituées et orchestrées. C’est ainsi que naît le ton d’un film qui ne se prend pas trop au sérieux, mais qui amène un style différent dans le film de super-héros, d’autant que cette fois, ils sont sans aucune identité secrète et donc ils doivent au mieux gérer leur célébrité. Et le réalisateur s’attarde aussi sur ce point, en insistant sur les différentes réactions des personnages. Et au niveau de l’action le pari est réussi, car toutes les scènes de combat sont sobres mais tonitruantes, et surtout typiquement dans l’esprit du comics. Du sauvetage de petites gens au combat contre le mal, tous les pouvoirs des Quatre Fantastiques sont parfaitement illustrés, avec une mention spéciale pour ceux de la Torche Humaine, et pour la première fois, une illustration très réaliste du feu en images de synthèse. En plus que se soit du numérique ou du maquillage, l’interaction est parfaite et pleine de rebondissements, comme lorsque Mr Fantastic, homme élastique, tente de maîtriser La Chose, en l’enroulant dans ses bras et jambes. Au niveau des personnages, six sont vraiment intéressants à traiter. En premier lieu, il y a Reed Richards, alias Mr Fantastic, intellectuel, scientifique et ingénieur de génie, homme très intelligent mais maladroit et timide, qui avant les événements du film était en couple avec Susan Storm, assistante du Dr Fatalis (qui a un intérêt amoureux pour elle), une femme forte au caractère bien trempé, déterminée, mais aussi romantique et tenace. Ensuite il y a Ben Grimm, un homme fort, courageux et surtout très loyal et qui va avoir un développement très intéressant autour de sa nouvelle situation et du rejet de la part des autres que cela va engendrer. Mais mon personnage préféré reste Johnny Storm, le frère de Susan, ce gamin très immature et tête brûlée mais sarcastique, drôle, courageux, audacieux, dragueur fou mais très sexy, fort et viril, et qui a une belle relation avec Ben Grimm. Parlons-en de ces deux-là : contrairement au comics de base, ils sont les personnages les mieux mis en valeur, leurs pouvoirs sont d'ailleurs les plus "visuels" et leur camaraderie autorise des transitions habiles entre comique de situation et drame. Le méchant du film, le Dr Fatalis (interprété à la perfection par Julian McMahon), est un individu extrêmement intelligent, intelligent et sophistiqué, considéré comme la deuxième personne la plus intelligente sur Terre juste derrière Reed Richards. En plus de son incroyable intelligence, Fatalis se révèle plus tard être un individu terrifiant, égoïste, sadique, psychotique, égoïste, manipulateur et extrêmement mégalomaniaque. Il adore s'opposer et tenter de tuer les Quatre Fantastiques, jubilant sur son immense pouvoir et aussi faire des ravages, mais surtout il aime gagner de plus en plus de pouvoir, donc il est aussi un individu cupide. C’est un méchant assez caricatural, cliché, profondément machiavélique et cruel qu’on adore détester, un pur méchant qui est la plus grosse des ordures. Enfin Alicia est un personnage féminin touchant et tolérant et sa relation avec Ben Grimm/la Chose est très belle, touchante, et amène un joli message sur la tolérance et l’acceptation des différences. Le casting (Ioan Gruffudd, Michael Chiklis, Jessica Alba, Chris Evans et surtout Julian McMahon) est vraiment bon. Sinon les relations entre les différents personnages est bien écrite, la bande-son décoiffe, les effets spéciaux sont bluffants, la réalisation et la mise en scène sont basiques mais efficaces, les décors sont agréables à regarder et les costumes sont agréables. Ce film est donc une excellente surprise pour le grand public avide de grand spectacle, et s’avère bien plus respectueux du comics d’origine que certaines autres adaptations. Avis donc aux fans : du spectacle, de l’humour et de l’action, que demander de plus !