En 2002, Benoît Jacquot tourna Adolphe. Parce qu'Adjani le demandait. Le scénario ne s’éloigne pas du livre. Il le suit, il invoque généreusement les phrases marquantes du roman. Sollicite les moments qui vont effleurer le spectateur adulte. Le film est agréablement reçu. On le trouve inquiétant, à fleur de peau, poignant.
Mais n’est-ce pas, après l’Adjani, Constant que l’on célèbre à nouveau ? Qui, de nos jours, pondrait un scénario aussi touchant ?
Pour moi, Benoît Jacquot n’adapte pas. Benoît Jacquot fait son peintre et ne prend aucun risque. Assisté d’une équipe exercée, il illustre. Et parfois, de bien belle manière.
La plus jolie, pour moi, ce sont les pathétiques premières secondes du film. L’Adjani, drapée comme une morte derrière le Merhar appelle Adolphe. Désespérément. Le Mehrar ne l’entends pas, la voit seulement. Alors, le Merhar se retourne. La caméra s’éloigne. Le Mehrar est devant un miroir. Retour de point – enfin, floutage de l’arrière plan et donc du miroir et de l’Adjani. Changement de plan, on suit le regard du Mehrar : il n’y a rien derrière lui. Noir. Générique du début.
La seule véritable fantaisie de Jacquot consiste donc commencer son film par une scène "hors livre". Cet instant, original et dépouillé, illustre désormais l'existence d'Adolphe après la mort d'Elénore, qui, tel un spectre, n'en fini pas de le poursuivre.