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Flavien Poncet
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2,5
Publiée le 9 juin 2009
Bruit saturé sur fond noir. «The Reflecting Pool» (USA, 1977) de Bill Viola. Une piscine située dans un environnement naturel, au cœur d’une forêt. Cinéaste expérimental, Viola ajuste son plan afin de représenter deux fois dans le même temps. Par la bordure du bassin aquatique et par le reflet de l’eau, le cadre du film est double : limitée par l’écran et par le pourtour en pierre de la piscine. L’écran qui focalise l’attention de Viola, et occasionnellement celle du spectateur, est celui de la piscine. L’eau est une matière du visible, elle projette à sa surface le monde qu’il la surplombe. Métaphore du cinéma, peu singulière en-soi, on en convient. En même temps que se constate et s’éprouve ce dispositif de l’image, un son monotone et bruyant accompagne l’image. Cette micro variation mécanique (évoquant la stridence grave des tondeuses à gazon) diffère de la nature calme représentée par l’image. D’une durée inférieure à dix minutes, «The Reflecting Pool» laisse apparaître un homme entièrement vêtu et qui saute en forme de bombe dans le bassin avant d’en ressortir, nu. De ce simple événement, Viola joue avec le montage en usant des ellipses, des fondus, des surimpressions. Petit chimiste de la matière cinématographique, le cinéaste n’entend pas toucher en premier lieu la raison du spectateur. Par le biais de l’étrangeté des différents évènements accusés dans le film, Viola bâtit progressivement le sentiment indistinct que se formule une conscience de l’image. Après avoir agit sur les sentiments du spectateur, l’intellect se manifeste. Comparant «The Reflecting Pool» à la Caverne de Platon, fable philosophique dans laquelle le monde est réduit à ses ombres, Viola expérimente la forme du reflet et donc de l’image. La piscine réfléchissante, dont le titre porte le nom, n’est autre que l’écran de cinéma. Qu’il soit vu sur grand écran et sur un site de partage de vidéo (comme ce fût mon cas), «The Reflecting Pool» ne parle pas tant de cinéma que d’images.