Je me sens un peu bête, il y a deux ans j'avais lancé ici même un appel pour retrouver ce téléfilm, sondé tout le web, contacté Arte et la boite de prod, en vain, et c'est seulement tout à l'heure que j'ai remarqué qu'il avait été posté sur Vimeo quelques semaines plus tard, bon, mieux vaut tard que jamais... Assez excité de le revoir car vraiment marquant pour moi à l'époque, Zone Reptile c'est l'histoire d'un post-ado paumé et introverti qui s'évade dans la musique métal, je passais par là aussi et m'était identifié à lui, en décalage, et désormais avec du recul je dois bien avouer que j'en gardais un meilleur souvenir...
Une petite commune fichée au nord de Marseille, à deux pas de Vitrolles. Mic,18 ans, vit dans cette périphérie sans âme où prolifèrent les zones commerciales et les salles de jeux. Son univers mental est déterminé par la musique hardcore, sur fond de quête identitaire et d’ambiguïté sexuelle.
Mic habite dans un pavillon avec sa mère, son frère aîné Jacky et son beau-père. En compagnie de son ami Fabien, il passe ses journées au centre commercial voisin. Un soir, ils s’invitent chez Samantha, une voisine qui plaît beaucoup à Mic et qui a organisé une petite soirée sur le thème de la série Friends.
Pour les deux amis, la soirée tourne mal. Peu après, Mic, qui souffre de ne pas se reconnaître dans les valeurs de ceux qui l’entourent, entame un processus de métamorphose.
Un chose est sûre, on est bien dans un téléfilm, ça saute à la gueule, réalisation banale et parfois générique, interprétation très discutable et propos assez évasif, en fait j'ai souvent trouvé que ça manquait de "vrai", et c'est dommage de ne pas ressentir de l'authenticité car le personnage le méritait. La mise en scène ne va jamais véritablement se risquer à montrer le caractère brut du quotidien, rien que la relation entre Mic et ses parents, hormis une séquence en particulier qui pour le coup est plutôt bonne, il n'y a que trop peu de confrontation ou de moments percutants, histoire de mesurer la discordance, idem avec son grand-frère (joué par Jérémie Elkaïm, au passage) qui pouvait jouer un rôle mais qui au final ne sert pas à grand chose dans cette même logique. Par contre en terme d'évolution c'est déjà un peu plus intéressant, comment Mic se détache de son enveloppe (d'où la symbolique du titre), notamment par de nouvelles rencontres et expérimentations, sans nécessairement brûler les étapes, bien que la dernière soit un tantinet grotesque, je trouve.
Le réalisateur Jérôme de Missolz qualifie son long-métrage comme une "fable ironique sur la liberté sous fond de comédie musicale hardcore", et je ne suis qu'à moitié d'accord car autant on comprend le décalage entre la personnalité renfermée de Mic et les décors industriels opulents, de son désir de s'en décharger pour rejoindre le temps d'une soirée son père dans sa caravane au bord de mer, mais encore une fois j'aurais préféré être plongé dans le "réel" plutôt que dans cette coquille filmée sommairement et bourrée d'ellipses, pour moi c'est avoir le cul entre deux chaises, ni ironie, ni sérieux, ou un peu des deux dirons-nous. Il ne reste donc que Mic avec lui-même, et bien qu'il fasse parfois des choses absurdes j'aime sa complexité, surtout dans la seconde moitié du film, une mauvaise écriture l'aurait transformé en type qui laisse tout derrière lui, alors que non, il reviendra bien à la maison mère, comme après une parenthèse éphémère, empruntant des chemins de traverse. Son rapport à la sexualité est également un des points forts du film car bien que ne se livrant que rarement on sent sa maladresse, son blocage, comme un taboo intime à exorciser, devenir un homme et tout ce qui en suit, ou presque, enfin le final est extrêmement ambigu, sans trop en dire je n'ai pas trop compris.
Parlons musique, très présente et donnant le "la" au rythme, tantôt ravageuse tantôt hypnotique, plaisir de réécouter un bon vieux Chaos A.D. de Sepultura qui fleure bon les pogos dans les vieilles salles de concert périphériques, d'ailleurs la scène de la fête avec les potiches et autres untermenschs qui entonnent le générique de Friends (brrr) au début où Mic déboule au milieu pour les savater m'a fait tellement rire, l'impression de me revoir à l'époque avec mes potes non-métalleux, typiquement à foutre la merde gratos. Au risque de me répéter la seconde partie du film est aussi plaisante en ce sens, car les courants se bousculent entre du Jefferson Airplaine chez son éternel hippie de paternel et du métal industriel lors de ce live assez entêtant, très peu de faute de goût, tant bien qu'on apprécie le rock et ses variantes, sans oublier quelques beats hardcore de temps à autre. Surtout que cet écho participe à la sensibilité et au développement du personnage en quête d'identité à travers la musique, là aussi on est à peu près tous passé par là j'imagine...