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Yannickcinéphile
2 443 abonnés
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4,0
Publiée le 17 novembre 2016
Krysar est un film d’animation assez particulier, sombre et assez austère, qui n’est évidemment pas destiné aux enfants ! Jiri Barta séduit toutefois par l’originalité de son travail. L’animation est en effet très bonne. Certes les personnages sont plutôt effrayants, réalisés en bois avec des expressions dures et violentes, les couleurs sont sombres et austères, l’ambiance est angoissante, avec des tonalités gothiques inquiétantes, mais la recherche esthétique est là, et techniquement il n’y a pas grand-chose à redire. C’est de l’animation originale avec des marionnettes, des animaux vivants, et le décor est réussi. Franchement, j’ai aimé cette touche très typée, très personnelle qui fait de Krysar un réel film d’auteur, et qui rappelle aussi que ça fait du bien de voir autre chose que des images de synthèse aussi réussies fussent-elles, car il aurait été difficile d’obtenir une ambiance aussi sombre avec un ordinateur ! Très réussi visuellement, Krysar bénéficie aussi d’une jolie bande son, que je trouve pour autant un peu plus quelconque. J’attendais une musique plus singulière, plus intense, un peu dans la veine d’un Taxandria par exemple, là c’est réussi mais moins profond et moins marquant. C’est de la musique d’ambiance mais qui ne souligne pas assez la profondeur des sentiments et la gravité de l’histoire, car Krysar est un film très violent aussi ! Pas graphiquement, mais moralement. Sombre sur la forme, Krysar est aussi un métrage où l’on ne rit pas beaucoup (sauf les habitants grossiers et vulgaires de cette ville), et même si l’on connait la fin, puisque le film s’inspire d’une célèbre légende allemande, le traitement va même un peu plus loin dans le sérieux et la noirceur. Le film reste assez court, mais le temps est très bien géré. Un peu de longueur peut-être dans la phase de présentation, mais elle en dit aussi assez long sur les habitants de la ville qui sont dépeint de façon peu glorieuses, mais ensuite l’histoire part et ça coule de façon fluide et ça ne manque pas de relief. Pour conclure, voilà du solide film d’animation pour adulte. Un peu déçu par la musique, quelques petites longueurs, une histoire dont on connait un peu les ressorts malgré les nouveautés introduites par le réalisateur, mais ça roule, et on passe un peu moins d’une heure avec Krysar sans difficulté, même s’il faudra être conquis par un film qui, esthétiquement, par sa noirceur aura de quoi rebuter. 4
Inspiré de la fameuse légende du joue de flute de Hamelin voici un joli film d'animation dont les décors ainsi que les personnages sont faits en bois ce qui donne une certaine dureté à cette histoire sombre. Dommage que ce film ne reprend pas la célèbre fin avec les enfants envoyés dans l'eau (ici c'est carrément tous les habitants qui vont s'y noyer). Sinon ce film muet (en fait les personnages n'émettent que des borborygmes) est une sorte de poème lugubre.
Surprenante adaptation de la célèbre légende allemande « Le Joueur de flûte de Hamelin » retranscrite également par les frères Grimm.Ici, il n'y a pas de dialogues et les décors et marionnettes utilisés pour l'animation sont grossiers et austères. Déstabilisant de prime abord mais cela produit vite son petit effet. Mes connaissances en cinéma d'animation tchèques sont réduites mais je retrouve dans le travail de Jiri Barta celui de son compatriote et confrère Jan Švankmajer. Ce dernier avait signé une adaptation (1988) très personnelle des « Aventures d'Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll qu'il nimbé d'un surréalisme sombre et oppressant. Deux avant, on décèle une démarche similaire chez Barta dont l'atmosphère de son « Krysar, le joueur de flûte » se veut obscur, quasi-angoissante. Sur le fond de l'histoire, l'animateur prend quelques libertés avec le conte originel (notamment sur la fin) et on y perçoit, vu le contexte géographique et politique de la Tchécoslovaquie à l'époque, un discours encore imprégné de l'idéologie communiste (la cupidité des personnages se compare facilement aux capitalistes). Cet excellent film d'animation tchèque mérite amplement le détour.
Le film (53 mn, sans dialogues mais avec de la musique) reprend la légende allemande transcrite par les frères Grimm mais en changeant la fin : spoiler: ce sont les habitants eux-mêmes (il n’y a pas d’enfants) qui sont changés en rats et conduits à se noyer dans la rivière, guidés par la musique du joueur de flûte qu’ils ont refusé de payer. Les décors sont magnifiques, en bois, en 2 ou 3 dimensions, les personnages sont également des marionnettes articulées en bois et seuls les rats (dans la plupart des plans) sont de vrais rats. C’est aussi un hommage aux ancêtres tchèques du cinéma d’animation tel Jiři Trnka (1912-1969)
Dans Krysar, l'animation se réinvente dans une matière à la fois brute et poétique : point de dessins classiques, point de volumes en pâte à modeler, mais une symphonie de bois sculpté, offre une esthétique intemporelle et singulière. Les dialogues, réduits à un yaourt déshumanisé, renforcent l'étrangeté d'une ville corrompue, où règne cupidité, violence et lubricité.
La première partie du film se distingue par une minutie fascinante, un sens du détail où chaque zoom dévoile une porosité inquiétante. Le décor, loin d’être simple toile de fond, devient un organisme vivant, grouillant de menaces.
Krysar, le joueur de flûte, incarne une dualité troublante. Sa vengeance, froide et implacable, naît de l’ingratitude de ceux qui refusent de le rétribuer. Elle se déploie comme un châtiment mythologique, justifié par une scène d’orgie collective qui glace le sang.
Le film, sombre et désespéré, ne s’encombre pas de fausses morales. Il dépeint une humanité en ruine, où la rédemption semble inaccessible. Pourtant, une dernière lueur éclot dans ce paysage de désolation : le magicien, figure d’espoir, insuffle vie et verdure à un décor minéral, offrant aux rares survivants un refuge presque utopique.