Douglas Sirk adapte librement la vie de Vidocq pour réaliser un mélange savoureux de comédie et d'aventure, Scandale à Paris. Débordant d'ironie, de cynisme, et d'excellents dialogues, le film, aujourd'hui presque oublié, offre à George Sanders un rôle sur mesure. Il met tout son flegme britannique dans ce personnage de gentleman cambrioleur.
Il est donc étonnant, à première vue, de voir Sirk réaliser une comédie de ce genre. Et pourtant, l'homme a su être touche-à-tout : avant sa série prodigieuse de mélodrames dans les années 50, il a fait un film de cape et d'épée (Capitaine Mystère), un péplum (Le signe du païen), un western (Taza, fils de Cochise) et des films policiers (dont L'homme aux lunettes d'écaille). Scandale à Paris n'est d'ailleurs pas sa seule comédie : il y a, entre autres, le dyptique No room for the groom et Qui a donc vu ma belle ?réalisés en 1952.
En 1946, Sirk réalise donc son troisième film américain avec cet essai dans la comédie. Il le fait avec brio. Bien que la légereté de l'ensemble empêche le film de décoller, et que la mise en scène reste assez académique, l'humour fait mouche très souvent. La fin, néanmoins, qui montre les hésitations de Vidocq, et son traît tiré sur le passé par le biais de deux scènes de meurtres très cruelles et violentes, prédomine turpitudes et les coups du destin qui attaqueront les futurs héros de Sirk.
En bref, s'il n'est pas un chef d'oeuvre de la comédie ni un chef d'oeuvre dans la carrière de son réalisateur, ce joli petit film, mouvementé et plutôt rythmé, se laisse regarder agréablement. Pour les curieux.