Stylisé, avec sa mise en scène sombre cultivant l'incertitude, le film de Ray Lawrence a l'apparence du thriller qu'il n'est pas. En effet, si le personnage central est un policier et qu'il entamera une enquête sur une femme disparue, comme signifié par le tout premier plan du film, l'intrigue est essentiellement déterminée par l'état affectif et conjugal d'une poignée de personnages dont le cinéaste croise les portraits en de brèves scènes alternées.
Le désamour ou la lassitude conjugal, l'adultère parfois, sont au coeur des préoccupations des protagonistes, dont la mélancolie et la solitude morale introduisent le ton désenchanté du film et ses contingences psychologiques.
Cependant, cette gravité affectée de la mise en scène et celle affichée par les personnages ne m'ont pas beaucoup touché, peut-être parce que le propos de l'auteur ne prend pas, à travers le formalisme du récit et la physionomie atterrée des interprètes, un relief véritable ni ne témoigne d'une sensibilité ou d'un point de vue attachant. L'énigme policière de la seconde partie, structurant mieux ces bribes d'existence, n'est pas très intéressante et poursuit, selon l'affectation du cinéaste, dans le registre intimiste.