Une année après le remarquable film noir Quand la Ville Dort, John Huston change à nouveau de registre pour s'attaquer à la Guerre de Sécession avec La Charge Victorieuse, où il met en scène l'histoire d'un jeune soldat d'abord fuyard et craintif alors qu'il devra repartir à l'attaque.
Lorsqu'on commence à étudier et analyser le cinéma de John Huston, il n'est guère difficile de constater que la guerre l'a profondément marqué, que ce soit à travers ses documentaires ou tout simplement son oeuvre. Ici il en dénonce les horreurs à travers les yeux d'un jeune soldat en nous envoyant dans un régime nordiste, et il va surtout s'intéresser à la psychologie de cette jeune recrue, la façon dont la peur et le doute vont venir envahir son esprit.
Néanmoins, difficile à dire si l'oeuvre est militariste ou non, tant la seconde partie du film est floue sur le sujet, mais l'important n'est plus forcément là, il l'est surtout dans la mise en scène de Huston et c'est là qu'il montre quelques failles, notamment dans l'émotion proposée et l'attachement aux personnages qui est absent. L'oeuvre est trop courte pour tout ce qu'elle tente de raconter, et on peut aussi oublier le final, assez maladroit et n'étant pas en adéquation avec le début du film, là où le metteur en scène de Moby Dick nous immerge dans l'ambiance d'avant les batailles, avec l'attente et l'envie d'en découdre, avant la peur et l'envie de fuir orchestrés par les combats.
John Huston, qui laissa les producteurs monter le film voire le charcuter, se montre à son aise pour filmer les batailles et c'est là notamment que l'oeuvre reprend de l'intérêt. On peut aussi regretter l'aspect un peu trop documentaire, qui empêche La Charge Victorieuse de vraiment prendre une dimension forte et prenante, alors que l'on retrouve Audie Murphy, l'un des soldats les plus décorés suite à la Seconde Guerre Mondiale dans le premier rôle, où il s'en sort avec les honneurs.
John Huston propose avec La Charge Victorieuse une étude de la psychologie d'un soldat au plus près des batailles mais, notamment à cause d'un charcutage des producteurs, peine à réellement créer une atmosphère prenante et faire ressortir un quelconque attachement envers le protagoniste.