Bloody sunday a été présenté en sélection officielle à Berlin où il a reçu l'Ours d'or ex-aequo avec Le Voyage de Chihiro.
Le cinéaste irlandais Jim Sheridan qui a abordé le conflit nord-irlandais dans Au nom du pere, sur un délinquant accusé d'actes terroristes en Irlande du Nord, et The Boxer est un des producteurs de Bloody sunday.
Paul Greengrass explique comment le travail de Gillo Pontecorvo a influencé le sien: "Lorsque j'ai commencé à réflechir à ce que serait Bloody sunday, j'ai revu La Bataille d'Alger (1966). La puissance du film reste intacte. Il démontre que la guérilla est peut-être le seul moyen de se libérer de l'oppression. Il a été tourné avant les événénements les plus tragiques. Il les annonçait, et il en est aujourd'hui l'écho. Dans Bloody sunday, mon propos devait être différent. Je ne pouvais pas signer un film militant, en tout cas engagé d'un côté ou de l'autre. A la différence de La Bataille d'alger qui exalte la victoire de l'idéalisme, Bloody sunday raconte sa triste défaite."
Paul Greengrass revient sur sa volonté de faire un film pour les deux camps opposés lors des incidents: "Bloody sunday est avant tout un film qui s'adresse autant aux Irlandais qu'aux Britanniques. C'est un enjeu de taille. Je ne sais pas si cela est totalement perceptible pour vous, mais le "Bloody Sunday" est un tel symbole! Chaque partie a sa version de l'histoire. Il n'existe aucun récit commun du "Bloody sunday". Il y a le point de vue des anglais et il y a le point de vue des irlandais. Et ils ne se rencontrent pas. Dans ce sens, oui, c'est un film qui offre une nouvelle donne." Bloody sunday est une coproduction entre la Grande-Bretagne et l'Irlande, avec l'intervention financière des aides publiques des deux pays.
Le titre Bloody sunday fait référence au dimanche 30 janvier 1972 durant lequel à Derry en Irlande du Nord, l'armée britannique ouvrit le feu sur une marche organisée par le Mouvement des droits civiques d'Irlande du Nord. De récentes enquêtes ont montré que les forces de l'ordre ne se sont pas contentées de réprimer les provocations et la violence de la foule. Cette journée devait servir d'exemple. L'objectif était initialement d'arrêter 500 personnes. Ces événements tragiques marquent le début d'une véritable guerre civile en Irlande. Ils ont inspiré la chanson de U2 Sunday bloody, sunday.
L'interêt de Paul Greengrass pour le conflit nord-irlandais n'est pas nouveau comme nous l'explique le producteur exécutif de Bloody sunday, Mark Redhead: "Paul, alors jeune reporter pour World in Action, avait été en 1982 le tout premier journaliste à interviewer les membres emprisonnés de l'IRA grévistes de la faim. L'image de l'un d'entre eux, Raymond MacCartney, avec sa barbe et ses yeux exorbités, est un symbole inoubliable de cette guerre. Paul restait depuis hanté par cet homme, originaire de Derry, engagé dans la lutte clandestine armé au lendemain du "Bloody sunday", où les balles de paras avaient atteint 28 innocents marchant avec lui et tué 13 d'entre eux."
Pour de nombreux rôles du film, Paul Greengrass a choisi d'avoir recours à des acteurs non professionnels ayant vécus l'événement: "Le tournage a mis en présence des gens qui étaient ennemis en temps de guerre: des habitants de Derry ayant défilé dans le Bloody Sunday, certains dont la famille a été endeuillée, et d'anciens membres des forces militaires britanniques. A quelques exceptions près, les Anglais du film sont tous des anciens soldats, ayant servi en Irlande duNord. Beaucoup de souvenirs douloureux, donc. Mais l'élan était commun."
Paul Greengrass explique comment il en est venu à avoir l'idée de réaliser un film sur le Bloody Sunday: "En 1999, avec Mark Redhead, nous avons traité du meurtre raciste d'un jeune noir dans The Murder of Stephen Lawrence. Et nous avons voulu aller plus loin, en faisant un film sur notre pays, la Grande-Bretagne. Trente ans après à l'initiative de Tony Blair, une nouvelle enquête s'ouvrait sur les événements d'Irlande du Nord. Le sujet s'est donc imposé de lui-même."