C’est après que sa nièce ait été retrouvée morte dans sa maison que Rachel Keller, une journaliste de Seattle, va, à la demande de sa sœur, enquêter et essayer de comprendre ce mystère inexplicable par les sciences. Tandis que certains évoquent l’existence d’une cassette qui tue ses visionneurs, Rachel va prendre cette piste au sérieux et va finir par prendre possession de l’objet en question, par le visionner et par en saisir la véracité. Cette affaire n’est plus seulement journalistique pour notre protagoniste mais bel et bien une question de vie. Sept jours, c’est le temps qu’il lui reste pour remonter aux origines de cette malédiction et pour déjouer cette boucle temporelle : le cercle.
Qui dit remake dit forcément repompage outrancier ? Le début du film ne semble pas nous prouver le contraire. En effet, il a été ici longtemps question de restituer l’histoire d’Hiroshi Takahashi (elle-même adaptée du roman de Kōji Suzuki) telle qu’elle et plan par plan. Fort heureusement, le reste du film va s’ouvrir sur d’autres pistes scénaristiques sans pour autant faire valser la trame principale et son dénouement. La fidélité, c’est un terme qu’il conviendrait d’utiliser ; une fidélité avant tout narrative : une exposition efficace suivie des sept actes (dont la pertinence est variable) représentant les sept jours de survie. Mais cette fidélité est aussi conceptuelle : bien qu’un peu plus explicite que celle du film d’Hideo Nakata, l’intrigue réside toujours sur les non-dits, matière première d’une quête mystique tout en suspens qui ne cède pas à l’horreur trash mais qui entretient les codes “thrillerifiques” du film japonais.
Se rejoignant conceptuellement, ils se dichotomisent sur la forme : le remake se veut davantage dans la veine d’un blockbuster, alternant scènes chocs et progressions diégétiques un brin plus réalistes là où “Ring” restait avant tout un film d’ambiance, oppressant à souhait. “The Ring” deuxième du nom manque de régularité et peine à rester haletant durant les deux heures de visionnage. La tension résiduelle qu’avait su instaurer Nakata n’est pas abandonnée mais ici présente à moindre mesure.
Sans faire preuve d’un renouveau artistique quelconque, Verbinski se distingue par une certaine maîtrise de sa réalisation. Il dégage une sérénité et une puissance esthétique assez impressionnante. Mélangeant séquences iconiques et transitions symboliques, il créé un ensemble qui interpelle et qui rend d’autant plus accrocheur son métrage. Son travail des nuances verdâtres demeure remarquable et sa coordination avec son chef opérateur est excellente, à tel point qu’elle donne lieu à des plans jouant sur des contrastes d’états entre l’humidité naturelle de Washington et l’aridité de Los Angeles, entre la clarté de notre monde et la noirceur des ténèbres, mais aussi à des plans jouant sur des contrastes plus explicites, entre les couloirs albâtres et la noirceur de l’aquosité du puis, hanté par un enfant aussi bien martyrisé que martyrisant. Il y a aussi tout un jeu sur la forme circulaire en rapport direct avec la progression narrative, largement de quoi occuper les esprits analytiques. Ainsi par sa mise en scène aboutie, le cinéaste arrive à garder en éveil le spectateur et à éviter de succomber au piège de la mise en scène trop contemplative, donnant alors à son film un aspect soporifique.
“The Ring” est, en soi, un thriller horrifique classique qui n’échappe guère aux facilités et aux incohérences du genre mais qui a su reprendre avec efficacité cette légende urbaine et la transcrire élégamment à l’écran pour, au final, proposer un alter ego américain certes irrégulier mais globalement honnête. 12,25/20
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