Quelle étrange évocation de ces années noires. Pas de début. Pas de fin. Et au milieu, le doute, le dégout, des portraits anecdotiques, et finalement, seulement la surface des choses. Décousu, sombre, suspendu et taiseux. Des passages en voix off un peu arbitraire. Une grisaille hivernale et constamment désaturé, comme pour rajouter de manière peu subtile, un peu plus de poids à l’ambiance morne du sujet. Un film froid, taciturne et cauchemardesque, plein de facilité scénaristique gênante, et factuellement très incohérent, en forme de collection de vignette psychologique pertinente, sur des personnages qui paraissent comme irréel et déjà mort, que l'on apprend de toute façon jamais vraiment à connaitre. Pas d'autre trame directive à cette histoire, que la difficulté cornélienne d'être un salop héroïque, au service d'une cause juste et d'une patrie mourante, dans une époque bouleversé et délétère, aussi déprimante que suicidaire. Un film en deuil, profondément pessimiste, et étrangement sans espoir. Un film sur l'état d'esprit d'une époque dure, en plein trouble, et en totale perdition morale, plus qu'une véritable chronique manichéenne et référencé, à propos de la résistance authentique. Reste des réflexions profondes, des images parfois sublimes, et des plans d’anthologie, à commencer par celui qui vous glacera le sang, dès les premières seconde du film. Et cette musique discrète, mais géniale et oppressante, devenu légendaire après un tour de clope non moins célèbre. Drôle de film nihiliste et fataliste, à propos d'individus qui ont pourtant été les seul à cette époque, à refusé de baisser les bras. Pas un des films de Melville que je préfère. Mais il n'a pas pour autant usurpé sa bonne réputation.