Je dis souvent qu'au début des années 2000, en terme de blockbuster américain, on avait des cinéastes qui savaient y faire, à l'image de Raimi, Singer ou Verbinski (même si Raimi et Verbinski savent toujours y faire là n'est pas le problème), et que ces derniers proposaient, pourtant dans des films calibrés, une vraie vision et du vrai cinéma. Mais alors avec cette "Ligue des gentlemen extraordinaires", je me demande vraiment ce que je viens de regarder. J'ai beau dire des films de super-héros actuels, et leur médiocrité quasi-systématique, tout en faisant l'éloge de métrages comme la trilogie "Spiderman" de Raimi ou du "X-men 2" de Singer, je pense que la présence d'un vrai cinéaste, avec une vision, doit aider à proposer un divertissement de qualité.
Car soyons clair tout de suite, le film est un navet. Un navet consternant, surtout au vu du concept. Réunir de nombreux héros de la littérature anglaise du 19ième, comme Dorian Gray ou Allan Quatermain, pour former une équipe, c'est alléchant. Mais je pense que durant l'élaboration du métrage, le mot interdit était : lisibilité. Car, entre la mise en scène tape à l'oeil et qui s'évertue à constamment boucher son cadre, la photographie qui se compose exclusivement de nuances de noir, le montage épileptique et les effets spéciaux tous plus moches les uns que les autres, visuellement on est servi.
Mais déjà que visuellement c'est incompréhensible, ça l'est tout autant en terme de narration. Non mais c'est quoi ce scénario ? Ces personnages ? C'est navrant. Surtout que ça se croit vraiment intelligent avec son aspect politique et son histoire pleine de rebondissements, sauf que non, c'est complétement idiot en plus d'être faussement complexe. Le récit va beaucoup trop vite dans sa première partie, surtout en ce qui concerne le plan de l'antagoniste, alors qu'à contrario il ne se passe plus rien dans toute la seconde moitié (on en arrive à un point où, pour meubler, on voit pendant de longues minutes l'équipage de Capitaine Nemo réparer le bateau). Et les personnages, en plus d'être d'horribles clichés sur pattes, ont le droit à des traitements des plus insupportables. Toute l'histoire de Quatermain
qui a perdu son fils
et qu'y voit en Sawyer un moyen de réparer son erreur, pitié, écrire ce genre d'histoire c'est pas possible, en tout cas pas traitée avec si peu de subtilité.
Il y a beaucoup trop de défauts pour réussir à faire une critique réellement bien construite. Je conclurais donc en disant que le film est tout bonnement infâme, la mise en scène est insipide, le montage est à vomir, et le scénario, persuadé de pouvoir être prit au sérieux, est d'un ridicule consommé. Finalement les super-héros avaient déjà droit à des adaptations médiocres à l'époque de Raimi, même avec un tel potentiel.