"They call me Mister Tibbs !" Plus culte que cette réplique, classée 16ème meilleure réplique du cinéma par l'American Film Institute, ça n'existe pas ! Dans le Mississippi des années soixante, voici, mesdames et messieurs, la collaboration forcée entre un flic blanc et un officier de police noir sur une affaire de meurtre... Une chose est sûre : le terme "polar noir" n'a jamais été aussi approprié ! Blague à part et comme tant de gens l'ont dit avant moi, "In the heat of the night" est, allons droit au but, un chef-d'oeuvre, qui restera à jamais dans l'histoire du cinéma pour son message de tolérance et son tandem d'acteurs formidable. L'intrigue est classique mais bien ficelée, les plans ciselés, la musique soul carrément réjouissante, l'atmosphère prenante par son calme ambiant, et le tout d'une modernité surprenante pour cette époque... Mais ce qui rend le film vraiment extraordinaire, c'est cette courageuse dénonciation du racisme. En effet, c'est sans réserve que le métrage nous montre l'arrivée de ce flic du FBI noir (Sidney Poitier), beau et élégant, qui va perturber le petit poste de police de Sparta. Quand le commissaire blanc (Rod Steiger) se voit ridiculiser par ce Virgil Tibbs beaucoup plus doué que lui, son amour propre en prend un sacré coup... Les relations entre ces personnages sont évidemment très tendues au début, puis peu à peu naîtra entre les deux hommes une amitié tacite mais bien réelle. Tacite. C'est ça qui m'a plu. Dieu merci, on nous épargne ce sentimentalisme dégoulinant qui va trop souvent de pair avec les films à message. Ici, tout est en sous-entendus, et pourtant tout est si lourd de sens. La dernière réplique de Rod Steiger - à laquelle Sidney Poitier répond par un sourire magnifique -, parfaitement banale lorsqu'on la prend hors-contexte, m'a arraché une larme, et je crois bien que je l'aurais ajoutée à ce fameux classement de l'American Film Institute. Deux mots, les plus ordinaires qui soient, mais qui veulent tout dire. Pour en revenir aux comédiens, Sidney Poitier est d'un charisme indéniable et d'une élégante sobriété. Mais, avouons-le, la Performance avec un grand P, c'est Rod Steiger qui la réalise ! Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a pas volé son oscar, celui-là ! Ce n'est peut-être pas évident à première vue, mais son jeu, tout en nuances, est d'une finesse absolument remarquable. "In the heat of the night" est donc un film osé ? Ah ben un peu, quand même ! Critiquer, que dis-je, condamner de cette manière la ségrégation au beau milieu des sixties (le film est sorti en 1967), ce n'est pas le premier pecno du coin qui s'y serait collé ! Et en plus, c'est d'une maîtrise absolue. Chapeau bas.