"Ah ! si j’étais riche" n’est pas tout à fait une comédie à proprement parler. En effet, si on attend de ce film une franche rigolade, je crains que seule une pointe de déception ne soit au rendez-vous. En revanche, ce long métrage est bien plus riche qu’il n’y parait. Partant de la question éternelle relative au gain à la loterie de savoir si c’était une chance ou non, le scénario s’est focalisé sur un couple de la classe moyenne. A partir de là, sont évoqués plusieurs thématiques et pas des moindres : la routine qui s’est installée dans la vie de couple, le manque de dialogue, les paillettes du rêve, le piège du matérialisme, tout cela en complément de la gestion de la vie professionnelle. En somme ce qui ressemble plus de prime abord à une comédie sentimentale qu’autre chose a le mérite de parler de choses vraies. Ainsi, on a une histoire des plus crédibles, racontée avec la dimension humaine qu’il fallait. Ce qui fait de cette œuvre un film qui restera toujours d’actualité, quoi qu’on en dise et tant pis si les spectateurs qui avaient appris à apprécier les cinéastes en tant que scénaristes à travers "La vérité si je mens !". Le ton est si différent... Selon moi, ils ont réussi à retranscrire ce qui avait touché le producteur Charles Gassot, à savoir la fragilité des personnages et la nuance dans le récit. Certes on peut critiquer le cliché du patron dépeint comme un être sans scrupules qui ne pense qu’à lui tant les traits sont parfois grossis à la limite de la caricature, mais finalement la morale est sauve, sans pour autant être originale. En fait, nous n’apprenons rien, à savoir qu’avoir de l’argent c’est bien, mais ne sert pas à grand-chose si on est dépourvu de valeurs humaines. Pire: c'est capable de vous changer du tout au tout. Quant à eux, les différents acteurs rendent une bonne copie. A commencer par Valeria Bruni Tedeschi absolument touchante en femme désemparée, et par Jean-Pierre Darroussin qui réussit la prouesse à nous faire apprécier un personnage pourtant transparent. Cela dit, c’est bien lui qui nous offre la cerise sur le gâteau en lâchant les chevaux au cours de LA scène mémorable du film. Jamais je ne l’avais vu s’adonner à un délire pareil, alors qu’il semble pourtant coincé toujours dans ces mêmes rôles au ton distancié dont lui seul a le secret. Bien que "Ah ! si j’étais riche" n’offre jamais de réelle surprise, exceptée la scène où Darroussin se lâche, on ne s’ennuie pas vraiment non plus. On ne rit pas aux éclats, mais au moins ce film donne matière à réfléchir. De toute façon, on apprend une chose, c’est qu’un « Château Lafite Rothschild 1985, il a tout de même un gros inconvénient : après, on a du mal à boire autre chose… » Tu m’étonnes !!