Certainement le film le plus violent, le plus dur qui m'ait jamais été donné de voir. Une sorte de "La Cité de Dieu" avant l'heure, en plus théatralisé, en plus sombre aussi. C'est peut-être le seul vrai défaut de ce film magnifique, ce pessimisme forcené, presque borné, mais comment donner légitimement tort au réalisateur étant donné le sujet ? La vie de chicano passé dans l'illégalité est parfaitement mis en scène, avec ses faux airs d'"Affranchis" (la jeunesse du héros et la bande des trois font échos à l'oeuvre de Scorsese), le film ne tarde pas à montrer la violence dans ses pires aspects, au cours de scènes crues, comme aucun autre film du genre ne l'a fait.
Les couleurs sont soit celles de la prison où le bleu "nuit" domine, soit celles du soleil californien qui sont pourtant à peine plus gaies.
Un film noir, où même l'histoire d'amour classique n'échappe pas à la violence ordinaire dans laquelle le héros s'est enfermé, ce personnage qui redécouvre la liberté entre contemplation et désespoir, qui semble accepter sa mission crapuleuse sur terre par habitude, comme si cela était la logique des choses, au sein d'une communauté qui a subie la violence (l'épisode de la vie du père symbolise la dureté de la vie des chicanos déjà effective dans le passé) et qui la commet à son tour à travers ses gangs puissants comme des mafias. Ce film essaye peut-être même de s'insurger contre certains aspects de la culture chicana et mexicaine qui acceptent et soutiennent la violence à travers une sorte de mentalité guerrière aztèque, en ne restant pas indifférent justement à la souffrance, en étant volontairement dramatique et le plus sombre possible.
La mort du héros est par ailleurs surprenante, tant elle est à la fois brutale et attendue.
Le film peut décevoir par rapport à son excès de pessimisme (la scène finale remuant le couteau dans la plaie), sa scène d'ouverture pas très convaincante et peut-être aussi sur le doublage français qui n'est pas excellent pas moment.