Si le titre se dégageant de sa filmographie est clairement « Bullitt », Peter Yates est également l'auteur de quelques titres valant le détour. « La Guerre de Murphy », « La Bande des quatre », « Une femme en péril » ou encore « L'Œil du témoin », présentant d'ailleurs plusieurs points communs avec le précédent cité. Sur un sujet assez proche (une personne est témoin de quelque chose qu'elle n'aurait jamais dû voir »), le réalisateur construit un suspense honnête, non sans invraisemblances, notamment la peu crédible romance entre les deux héros, mais doté d'une réelle maîtrise : c'est solide, carré, s'appuyant sur son contexte historique (des juifs soviétiques en danger que l'on aidait à passer à l'Ouest) pour donner une certaine consistance au propos. Après, il est clair qu'il ne faut pas s'attendre à des fulgurances ou des éclairs de génie, le rythme, notamment dans la première partie, ayant parfois du mal à s'emballer. Mais bon, ne serait-ce que pour cette saisissante poursuite finale (comme dans « Une femme en péril », encore une fois!), pour le coup vraiment bluffante et très originale, ou ce beau casting où certains sont toutefois plus inspirés que d'autres, notamment parmi les seconds rôles (Christopher Plummer, toujours aussi classe, James Woods, impressionnant de présence), l'ensemble peut valoir le coup d'œil (sans mauvais jeux de mots!), à défaut de s'inviter à la table des grands thrillers de l'époque.