Jeepers Creepers 2 est une déception. Le premier ne m’avait pas complètement convaincu, trouvant qu’après un bon départ, il n’exploitait finalement pas très habilement son sujet, mais ce deuxième film est encore moins bien.
D’abord l’interprétation n’a rien de mémorable. Ray Wise est bien caricatural et est souvent à la limite du surjeu, le groupe de jeunes est assez « bordélique », avec des prestations sans saveur de personnages ultra-clichés, qui n’ont pas assez de temps de présence à l’écran chacun pour vraiment incarner des héros à suivre. Du coup il est vrai que c’est un peu Nicki Ayco qui tire son épingle du jeu, puisque représentant le seul personnage féminin, elle arrive à se distinguer au milieu d’un groupe beaucoup trop homogène.
Le scénario n’est pas à la hauteur. Par rapport au 1 il n’apporte guère plus de réponses, n’approfondit pas la mythologie autour du monstre (mais d’où vient-il ?), et reste d’une désespérante superficialité. Le monstre veut des petits jeunes, les petits jeunes se défendent comme ils peuvent, ils passent à la moulinette un par un, jusqu’à ce que leur sauveur providentiel se pointe. L’histoire se contente d’alterner scènes d’attentes peu angoissantes, scènes d’attaques rares et plutôt molles, et dialogues misérables qui n’apportent rien. L’ensemble est au bout du compte bien lent, virant souvent aux limites du ridicule (le type qui débarque à la fin avec son 4*4, c’est presque du Tremors en puissance), et il n’y a plus ni tension ni moments horrifiques.
Visuellement, avec un budget élevé pour un film d’horreur le résultat est décevant. La mise en scène est souvent trop appuyée et redondante (passage de l’enfant enlevé dans les champs au début, lorsqu’un jeune se fait attrapée la tête et que ses amis essayent de l’aider). Elle peine à insuffler du rythme à l’histoire, et il n’y a aucun moment de bravoure, comme cette course poursuite (déjà un peu redondante c’est vrai, mais bien filmée) au début de Jeepers Creepers 1. La photographie est convenable mais vraiment sans plus pour un métrage de ce gabarit, avec des scènes nocturnes peu convaincante. Le meilleur reste le début encore une fois, avec des champs écrasés par le soleil. Les décors sont intolérablement mauvais, se limitant à un bus sur une route, et quelques près autour. Ce choix du huis clos était une grosse erreur de Salva, car c’est en grande partie à cause de cela que le film n’avance pas et multiplie les redondances. Coté effets spéciaux je dois dire que c’est très convenable, mais le monstre ne casse vraiment pas des briques. J’avais déjà eu cette impression dans le 1, mais comme la créature apparaissait peu, c’était passable. Là elle est omniprésente, et surtout sous son look originel. Par ailleurs il y a très très peu d’effets horrifiques, aussi je n’invite vraiment pas l’amateur de films sanglants à regarder Jeepers Creepers 2. Une tête coupée, et c’est tout ce que vous verrez. Quant à la bande son elle ne retient pas l’attention, et ne sert donc pas à rattraper un peu l’ensemble.
Non, au bout du compte Jeepers Creepers 2 est un franc ratage. Il n’y a à mon sens rien qui vaut franchement le coup de le visionner. Très inférieur techniquement à ce que son budget pouvait permettre d’attendre, il est emmené par un casting sans intérêt, et développe une histoire qui, nettement moins ambitieuse que celle du 1, donne par ailleurs cruellement l’impression d’être une banale intrigue transitoire pour un troisième film plus prolixe sur la créature. Du moins je l’espère. 0.5, avec une sévérité accentuée par rapport au budget élevé, par rapport aussi au fait que la mythologie était déjà posée et pouvait permettre plus d’audace, et enfin car le sentiment d’un produit commercial sans volonté artistique ressort de manière nettement trop franche.