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Essai
7 critiques
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0,5
Publiée le 5 avril 2024
Il est rare que je mette des critiques négatives, mais ce film est insupportable à regarder et surtout à entendre. Braillard et abrutissant. Que viennent faire des acteurs et actrices tells que Julien Carrette, Danielle Darieux et Jean Dessailly dans cette galère ?
Pour toucher un chèque de son oncle, Marcel (Jean Desailly) doit se marier. Il fait jouer à la complaisante cocotte Amélie (Danielle Darrieux), par ailleurs courtisée par altesses et militaires, le rôle de fiancée. Autant-Lara filme un Feydeau et garde l'esprit du théatre. Différents clins d'oeil (spectateur dans la salle, décors factices, baisser de rideau) indiquent la volonté de respecter la tradition théatrale, en l'occurence du vaudeville. De fait, le film reproduit le rythme et tous les effets attendus du genre jusqu'aux plus grossiers. Car l'écriture de Feydeau n'échappe pas aux péripéties ou survenues les plus éculées, pas plus qu'aux allusions grivoises complaisantes. La loi du genre en somme. C'est joyeux et enlevé, certes, mais l'épaisseur des personnages, dont aucun -sinon le père d'Amélie (Julien Carette)- ne sort du cadre courant du théatre de boulevard, ne nous les rend guère intéressants et pas davantage drôles dans une mécanique bien huilée et sans surprise. Comme à la scène, les comédiens surjouent, vocifèrent, et c'est finalement plus fatigant qu'entraînant.
« Occupe-toi d'Amélie..! » pose une fois de plus la question de l’adaptation au cinéma d’une comédie de boulevard. Claude Autant-Lara, Jean Aurenche et Pierre Bost recréent complètement la pièce de Feydeau dans un tourbillon souvent brillant, où théâtre et cinéma se mélangent allègrement. Outrés, les héritiers atrabilaires de Feydeau ont bloqué pendant près d’un demi siècle à la fois la reprise en salles et la diffusion à la télévision. Ce film invisible eut très mauvaise presse, puisque François Truffaut le descendit comme tenant du cinéma de papa. En réalité, le film est d’une modernité confondante annonçant vingt cinq ans avant, les audaces stylistiques d’Alain Resnais. Le rythme du film, allié à des mises en abime qui n’existaient peu dans le cinéma français de l’époque (timidement chez Guitry), font penser à « La rose pourpre du Caire » que Woody Allen réalisa trente cinq ans plus tard ! Cette véritable création cinématographique, sans renier son origine scénique, est magistralement interprétée par Danielle Darrieux au sommet et Jean Desailly dont c’est le meilleur rôle. Ils ont entourés par des seconds rôles offrants verve et truculence jubilatoires avec une mention pour Carette qui n’en fait plus des tonnes, mais des mégatonnes. Pour notre plus grand plaisir. La caméra virevoltante d’André Bac et les somptueux décors du grand Max Douy finissent d’habiller ce joyau. Seul, le médiocre musique de René Cloërec empêche « Amélie » d’accéder au rang de chef d’œuvre. C’est assurément la plus belle comédie du réalisateur avec une délirante scène du mariage, digne des Marx Brothers, qui s’inscrit parmi les grands moments du comique français.
La critique mondiale avait trouvé géniale l'idée de Woody Allen de faire entrer Mia Farrow dans un film en pleine projection dans "La rose pourpre du Caire" en 1985. On a pourtant oublié qu’il aura fallu attendre 2009 pour qu’« Occupe-toi d’Amélie » réalisé par Claude Autant-Lara et écrit par Jean Aurenche et Pierre Bost bénéficie enfin 60 ans après sa sortie sur les écrans d’une nouvelle programmation dans les salles parisiennes. En effet les héritiers de Georges Feydeau dont est inspiré le film n’étant pas satisfaits du traitement proposé par Aurenche et Bost, avaient réussi à en bloquer l’exploitation. Il a donc fallu tout ce temps pour s'apercevoir que quarante ans plus tôt c'était Claude Autant-Lara, cinéaste maudit par les jeunes Turcs de la Nouvelle Vague et à la fin de vie marquée par des engagements politiques peu conformes à son histoire personnelle qui était à l'origine de ce monument de fantaisie où la loufoquerie et le non-sens font concurrence à l'inventivité qui avait ouvert la voie bien avant Woody Allen. Dès le générique, Autant-Lara nous amuse autant qu'il nous intrigue avec Victor Guyau, acteur belge alias Victor Putzeboom qui le souffle court, détale comme un dératé sous les arcades des jardins du Palais-Royal qui le mènent jusqu'à l'entrée d'un théâtre où acteur à l'affiche, il réussit à gagner sa loge juste avant que le rideau ne se lève. Là l'attendent deux de ses amis, frères jumeaux de Landru qui lui demandent si la pièce ne sera pas trop comique, ayant enterré le matin même une de leur tante. On nage déjà en plein délire et ce n'est qu'un début. Confondant le plateau avec les coulisses et les loges dans un joyeux foutraque, Autant-Lara nous emmène au cœur d'une filouterie montée par un tout jeune Jean Desailly (dont les mimiques rappellent étrangement Christian Clavier), consistant à demander à son plus proche ami (André Bervil) de lui prêter sa fiancée (Danielle Darrieux) le temps d'un mariage fictif pour qu'il puisse toucher son héritage. À partir de ce point de départ assez classique propre au comique de boulevard ce ne sont que quiproquos et renversements de situations construits autour de dialogues ciselés, débités au rythme d'une décharge de mitraillette. À tel point que le spectateur s'il n'est pas assez attentif peut facilement se laisser doubler par cette bande d'acteurs en folie courant à fond de train. Heureusement, l'intrigue est suffisamment bien construite et simple pour lui permettre de raccrocher les wagons. Au bout d'une heure trente d'une telle cavalcade à la suite des Darrieux, Carette, Aslan, Desailly et Guyau, on sort épuisé mais ravi d'avoir été malmené de la sorte par une Danielle Darrieux dont le charme était décidément redoutable et à toute épreuve. Enfin quel plaisir à la toute fin de retrouver pour une courte scène en secrétaire de mairie zozotant l'impayable Paul Demange dont aujourd'hui peu de monde se souvient. La Nouvelle Vague pouvait toujours déverser des torrents d'injures sur le trio Aurenche, Bost et Autant-Lara, ses talents aujourd’hui un peu éventés n’ont jamais égalé celui de ceux qu’ils se sont évertués à vouloir effacer de la mémoire cinéphile. Une seule question à se poser qui regarde encore aujourd’hui les films de Jean-Luc Godard ?
Les situations comiques s’enchaînent à un rythme d'enfer. Normal c'est du Feydeau ! Cependant ce n'est pas impérissable car on s'épuise à suivre ce vaudeville vraiment trop daté, bien qu'il ait fait plus de 2 millions d'entrées en 1949, belle performance... Sûrement grâce à Danielle Darrieux resplendissante et tellement belle. Claude Autant-Lara a inventé une sorte de film-théâtre, novateur mais peu copié par la suite........
Réalisé d'après la pièce de Georges Feydeau (1908). Le moins qu'on puise dire c'est que ça déménage ! Ça entre, ça sort, ça défile, ça hurle, ça se croise et les spectateurs quittent leur loge pour entrer dans la pièce (on a même droit à un entracte avec des encarts publicitaires et autres). D'une fantaisie entraînante et d'un amoralisme réjouissant, le scénario se moque de l'institution du mariage et choisit comme héroïne une "cocotte" remarquablement interprétée à la fois avec charme et pétulance par une Danielle Darieux en pleine forme. La distribution et la direction d'acteur est très bonne, (à noter la présence dans le générique de Grégoire Aslan, dit Coco Aslan, dans le rôle du prince Nicolas de Palestrie, qui fut chanteur et batteur dans l'orchestre de Ray Ventura). La mise en scène est impeccable et souvent très inventive, la musique est bonne, les décors, les éclairages, tout est bon. Bref un chef d'œuvre méconnu.
Ça court dans tous les sens, ça s’exclame, ça s’esclaffe, ça claque des portes… On est chez Feydeau ! Les acteurs en font des tonnes, ce qui est parfois saoulant, mais leur enthousiasme est souvent communicatif. On se laisse porter par le vent de folie de cette intrigue qui étrille le monde bourgeois et critique en premier lieu toutes formes d’hypocrisie et de vénalité. Sur la forme, on évite avec bonheur le théâtre filmé grâce à une réalisation originale qui jongle entre différents univers de représentation : l’univers du film (sans unité de lieu, avec des décors intérieurs et extérieurs), l’univers d’un théâtre dans le film (avec sa scène – son unité de lieu, ses décors en carton – et ses coulisses)… Différents univers où s’immiscent régulièrement des « spectateurs » protestant contre l’immoralité de l’histoire ! Cette histoire dans laquelle s’immiscent également quelques pages de réclame ! Bref, la structure en abyme est inventive. La fantaisie, reine. Et le film, moderne.
Il y a plusieurs façon d'accorder 5 * à un film. La moins discutable, c'est de les mettre à celui qui vu régulièrement nous apporte un plaisir toujours renouvelé. Une autre est de juger un film en examinant les critères des Oscars les uns après les autres mais en donnant nécessairement priorité à la mise en scène. Chacun peut mettre 5 * à un film dont l'histoire l'a enthousiasmé mais ce n'est plus le cinéma qui est jugé. Occupe toi d'Amelie vaut 4 * pour sa mise en scène, le jeu de ses acteurs et ses décors de rêve mais c'est l'intelligence de l'intrication: grand cinéma par des plans lumineux et grand théâtre par un rythme à la limite du réel qui lui confère son coté exceptionnel. Il faut voir les acteurs se préparer à jouer tout en jouant et 4 spectateurs passer quasiment derrière l'écran tellement ils sont choqués par la liberté des propos. Il faut voir la voiture partir de la rue pour s'arrêter à l'étage afin que les personnages regagnent leurs loges pour préparer l'acte suivant. C'est absolument un spectacle rare qui abolit les frontières artistiques. Tourné en 1949,le sérieux du mariage en prend un bon coup mais il aura fallu 60 années pour que cela soit pareil dans la vraie vie. Autant-Lara,vieux réactionnaire grognon était un tout autre homme quand il tournait, admirable par son talent et sacrement sympathique dans ses audaces.
Une comédie française enlevée et plutôt réussie signée par Claude Autant-Lara. Danielle Darrieux fait feu de tout bois dans cette comédie taillée sur mesure pour son immense talent. Très drôle.
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3,0
Publiée le 21 octobre 2010
En 1949, en s'inspirant d'un vaudeville très connu de Feydeau, Claude Autant-Lara rèalise "Occupe-toi d'Amèlie", film qui lui permet de dènoncer le conformisme bourgeois, l'hypocrisie et la veulerie! Loin des conventions thèâtrales, ce joli classique impulse à l'image un rythme formidable des comèdies de Feydeau mais aussi parce qu'il augmente son côtè ironique, caustique sur la critique sociale de l'èpoque! Ainsi les scènaristes Jean Aurenche et Pierre Bost ont-ils introduit des personnages qui n'existent pas dans la pièce! Par exemple cette famille, un peu ahurie, qui passe des coulisses à la scène, et inversement! Et du coup le spectateur passe du thèâtre au cinèma avec de bons moments d'acteurs! Julien Carette est parfait de veulerie satisfaite, Danielle Darrieux, d'une fraîcheur de jeu et d'une vivacitè extrême, sans oublier l'excellent Jean Desailly! Un vrai film et non du thèâtre filmè avec quelques effets comiques garantis et un gènèrique original...
Une adaptation très réussie de la pièce de Feydeau par un Autant-Lara en pleine forme. Jamais peut-être le théâtre filmé n’a atteint ces sommets de virtuosité avec en premier lieu une réalisation fluide et légère, en aucun cas empêtrée par le lien à la scène, toujours inventive et distanciée. La distribution est somptueuse dominée par un Jean Desailly pimpant et surtout une Danielle Darrieux au sommet de sa beauté et de son talent. Le rythme est prodigieusement élevé tout du long et la caméra traque les répliques de la pièce partout où elle le peut (escaliers, rues, café du coin…) sans jamais que ce soit artificiel comme souvent dans ce genre d’exercice. En prime, le Paris de la Belle époque est magnifiquement reconstitué. Une réussite incontestable dans ce genre ô combien difficile et ingrat qu’est le théâtre filmé.
C'est un très bon choix de la part du réalisateur Claude Autant-Lara et des scénaristes Pierre Bost et Jean Aurenche d'avoir fait des infidélités à la pièce de Georges Feydeau. En effet, on évite comme cela l'écueil du simple théâtre filmé et ceci permet à Autant-Lara de bousculer avec beaucoup de talent les conventions en mélangeant théâtre et cinéma, vie et spectacle et fiction et réalité, et en y mettant bien sûr quelques gouttes de vitriol anti-bourgeois. A noter aussi la grande qualité des décors de Max Douy ainsi qu'une distribution époustouflante, mention spéciale à Victor Guyau ainsi qu'à la très pétillante Danielle Darrieux. Un brillant exercice de style de la part du réalisateur qui réalise son oeuvre la plus originale.
Un film très brouillon à la direction hystérique, avec des acteurs qui ne peuvent s'empêcher de hurler pour déclamer leur texte, et une intrigue paradoxalement simple à comprendre et impossible à suivre, tellement tout est fait pour embrouiller le spectateur. Les personnages sont caricaturaux et totalement outrés, et on n'assiste pendant une heure trente qu'à un festival de portes ouvertes ou fermées, et d'exclamations et de rires forcés. Ce qui serait acceptable sur une scène de théâtre écoeure rapidement dans le cadre d'un film. Pour finir, l'intrigue est quand même singulièrement mince.
Délirant, survolté, amoral, génialement interprété par Darrieux, Desailly, Carette et les autres, ce film d'Autant-Lara est tout simplement l'une des meilleures comédies françaises du cinéma!