Seul mérite du « Piment de la vie » : parvenir à nous faire sourire à quelques reprises, certaines situations et répliques restant assez savoureuses. D'ailleurs, je n'ai pas passé un si mauvais moment que cela, le côté très coloré étant bien rendu et Doris Day a beau être l'incarnation d'une idéologie que je déteste, elle reste une actrice charmante, voire assez délicieuse. Oui mais voilà : lorsque vous êtes aussi réactionnaire dans le discours, il ne faut pas s'étonner que cela pique. Je sais que nous étions en 1963, mais c'est quand même ahurissant de voir un portrait aussi primitif de la femme, le tout avec une assurance qui dépasse l'entendement. Attention donc : si votre femme essaye de s'émanciper en cherchant un boulot plutôt que de s'occuper du ménage et des enfants, ne la laissez pas faire, sa place est dans la cuisine, et nulle part ailleurs, sinon l'équilibre familial en serait fortement perturbé. On se dit pourtant que le discours va bien évoluer à un moment ou un autre, et cela en prend de temps à autre le chemin : et bien pas du tout ! La fin est à ce titre un immense moment de ridicule, et la « femme-objet » une sorte de fin en soi assez inquiétante, pour ne pas dire franchement rebutante. Bref, Doris Day a beau être aussi ravissante que possible, voir une actrice exalter avec autant de conviction les valeurs familiales les plus rances, cela a du mal à passer : on a connu Norman Jewison autrement plus inspiré...