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Un visiteur
3,0
Publiée le 24 septembre 2015
Malgré leurs défauts répétés d'une oeuvre à l'autre, j'aime bien regarder un Rohmer de temps en temps, ça donne l'impression d'être tombé dans une fracture spatio-temporelle (comme la musique d'April March qui arrive 30 ans après son époque, ou celle des Stooges, qui arrive 30 ans avant la sienne, mais là on s'égare). Rohmer, ce n'est pas trois décennies de décalage qu'il a, mais un ou deux siècles...Sans doute aurait-il aimé converser avec Marivaux, Choderlos de Laclos, Goethe et Gontcharov... on retrouve un peu de tous ces auteurs dans La Collectionneuse, mais avec la fraicheur, la liberté et, il faut bien le dire, le pédantisme propre à La Nouvelle Vague. Intello et archi-littéraire, mais un charme suranné indéniable. Dans la galaxie rohmérienne des jeunes filles en fleurs, l'héroïne/actrice, une certaine Haydée Politoff, en constitue l'une des plus remarquables figures.
Le film de Rohmer est une variation sur le thème de la séduction. Le jeu auquel se livrent Patrick Bauchau et Haydée Politoff s'inspire de façon souvent évidente de sources littéraires. On pense forcément aux "Liaisons dangereuses" de Laclos pour les attitudes sournoises et orgueilleuses, les faux-semblant que s'imposent les personnages, tandis qu'on trouve dans les scènes narratives la réalité des choses et la profondeur d'analyse de Proust. La simplicité de la mise en scène s'oppose à la complexité, un peu factice ou théorique, il est vrai, des relations entre les protagonistes. Car, outre que le sujet parait parfois convenu, plus encore apparait-il désuet, notamment à cause de l'interprétation médiocres des rares seconds rôles. Le style Rohmer n'a pas la grâce et l'élégance fantaisiste de ses films plus récents, et son cinéma intellectuel, élitiste, se caractérise ici par son austérité et sa monotonie. Parallèlement au sujet, le cinéaste tente de témoigner de ce qu'est la beauté, à travers la nature, à travers le corps d'une femme.
Au premier regard, "la Collectionneuse" est construit sur un sujet assez proche de celui de "la Carrière de Suzanne" : deux hommes à la goujaterie insupportable - leur "supériorité" basée non pas sur la puissance de l'argent, mais celle de la pensée philosophiques (dandysme et nihilisme exhibés avec arrogance comme des armes de combat quotidien) - se moquent d'une jeune femme, la manipulent, mais ne révèlent en fin de compte que leur propre impuissance à vivre, derrière les mensonges d'une parole qu'ils imaginent toute-puissante. Néanmoins, Rohmer a fait des progrès infinis depuis son second "Conte Moral", et la luminosité du Sud de la France inonde le film d'une sensualité joyeuse qui élève (littéralement) le débat : face aux intellectuels pervers et ridicules (mais dont on ne saurait nier le pouvoir de fascination), la radieuse Haydée représente la supériorité solaire de la beauté, la liberté insolente de la nature, l'aveuglement que produit la vision de la liberté. Haydée est une "fille de la Nouvelle Vague", et peut-être l'une de ses représentations les plus charnelles. La force de "la Collectionneuse", c'est que les jeux théoriques chers à Rohmer affrontent pour la première fois, et en pleine lumière, dans son oeuvre la puissance charnelle de l'amour.
Mon deuxième essai concernant Eric Rohmer est plus mitigé. Evidemment, il est difficile de passer après Ma nuit chez Maud qui est un véritable ravissement. Le passage à la couleur m'a un peu déçu, les couleurs ne sont pas très belles mais n'empêchent pas le bon visionnage du film. Les thèmes traités (celui du désir, mais aussi de l'amour et de l'amitié) sont intéressants et portés par des acteurs plutôt convaincants, Patrick Bauchau étant aidé par sa propre voix-off tandis que Haydee Politoff ne manque ni de charme ni de mystère. Pas obsédant, mais suffisamment intelligent pour s'y intéresser.
Je ne connaissais pas Eric Rohmer avant ce film, ou du moins je ne connaissais pas son style car j'avais forcément entendu parlé de lui (il fait parti de la Nouvelle Vague, au même titre que Godard ou Truffaut) mais je vais maintenant m'y intéresser de plus près et avec envie. J'ai beaucoup apprécié ce film qui n'est pourtant pas considéré comme son meilleur, fortement éclipsé par "Une nuit chez Maud" réalisé et sorti deux ans après celui-ci. Cependant celui-ci est excellent. Le rythme lent instauré donne un ton au film, la puissance sensuelle et émotive qui en ressort est très forte également. On sent un projet personnel, limité, ce qui donne encore plus d'attachement. L'histoire est plaisante sans être transcendante, on est vraiment dans le pur style Nouvelle Vague en tout cas. Un bon film !
Un très bon Rohmer, bien dans l'ambiance de la saga "Six Contes Moraux" dont il fait parti, mettant en scènes des personnages extrêmement bien développés psychologiquement, et échangeant entre-eux des idées, des envies... Des personnages qu'il est fascinant d'apprendre a connaitre et de voir vivre sur la pellicule.
Une jeune femme est accueillie dans une maison prêtée à 2 jeunes hommes dans le sud de la France. Les personnages sont nonchalants ou arrogants, mais ce qui se joue ici c'est de dandysme qui consiste à ne pas montrer ses sentiments. La lumière du midi en été est belle, c'est dérageant dans les rapports humains souvent, les garçons sont particulièrement gratinés. C'est verbeux comme toujours chez Rohmer, cela peut énerver certains, moi cela m'amuse. Ce film co-écrit avec Paul Gegauff sort un peu de l'univers Rohmérien, il mérite le détour.
Un très beau film! Le style de Rohmer trouve encore dans les décors de Saint-Tropez un parfait équilibre entre le vaudeville et la réflexion, sur les autres, et particulièrement sur soi-même! Et le célèbre réalisateur en tire un très bon parti puisqu'une nouvelle fois, il de permet de nous offrir quelques délicieux jugements, et impressions sur les choses des plus banales au plus profondes et sensibles de la Vie. Et ça c'est du talent. Bon, c'est du Rohmer, et donc le film est très bavard, assez lent, et n'a pas vraiment de structure linéaire, ce qui déstabilise parfois, mais au fond, ça va loin, sans en avoir l'air. Superbes couleurs et paysages également.
Quelle barbe ce film! Pour un premier film de Rohmer, c'est une sacrée déception. J'espère ne pas avoir commencé par le bon. 1h30 qui semble durer 3h. Et encore, pour être gentil. Les personnages racontent le vide de leur existence. Bon, à la rigueur, pourquoi pas? On a déjà vu des bonnes surprises avec des scénarios qui semblaient pas emballants. Mais là, non, ça reste du vide. Mais pas n'importe quel vide. Du vide prétentieux. Du vide infâme. Du vide insupportable, à l'image de ses personnages que l'on a envie de voir partir, pour ne plus jamais revenir. D'ailleurs, à chaque fois que l'un s'en va, on serait content, s'il ne restait pas le pire des personnages, celui qui joue le prénommé Adrien, au verbiage inconsistant, et qui, lui, reste jusqu'au bout. Il y a tout de même l'écrin du film, la Côte d'Azur, filmée à son avantage, et le sourire ambigu de Haydée, dont on préférerait suivre les aventures, plutôt que celui de son compagnon de route.
4ème volet des « Six contes moraux », ce marivaudage moderne, intello et nouvelle vague façon Godard, bien écrit et bien maîtrisé, m’a - magie de Rohmer – plutôt intéressé.
La collectionneuse constitue le 4ème film des Six Contes Moraux. L’aîné de la nouvelle vague signe ici une œuvre ou se mêle passions, doutes, contradictions et valeurs sociales.
L’histoire c’est celle d’Adrien (Patrick Bauchau) qui se rend chez son ami Daniel (Daniel Pommereulle) dans une villa sur la cote d’azur. Le but de ses vacances étant de mettre en œuvre le nihilisme philosophique en prônant l’inactivité. La présence d’Haydée (Haydée Politoff), fille facile, va mettre en péril cette quête. La suite de la critique ici:
La collectionneuse est le troisième des contes moraux et le premier qui soit un long-métrage. Film d'une rare poésie, qui peut sans doute décevoir les amateurs de Rohmer qui préfèrent, dans son oeuvre, les comédies plus osées ou les grandes fresques historiques, mais qui a cette intimité, cet art du dialogue, de la phrase bien tournée, parfois cinglante, qui donne au film un ton léger et agréable. Brève méditation sur l'oisiveté et sur la complexité du désir, entre d'une part cet Eros insatiable que Haydée peut incarner et, de l'autre, ce désir dissimulé, puis dévorant, malgré soi, que nourrit notre protagoniste. L'atmosphère qui s'en dégage fait même apprécier des choses aussi simples que l'été, les vacances, la mer... Si l'on appréciera, évidemment, l'élégance du film, ainsi que ses envolées verbales, on regrettera néanmoins une prestation médiocre de Haydée Politoff, à peine audible et dans l'ensemble très lisse, ainsi qu'un dénouement trop facile, qui se résume à voir la solitude, cherchée au départ, comme une condamnation.
Bon et bien c'est Eric Rohmer donc j'aime. Après on connait bien Perceval Le Gallois, que je sous-estime certainement. En tous cas là je suis très friand. Il y a tout ce que j'aime chez Rohmer. Du soleil et des personnages bourgeois qui ne font rien. Et donc il font beaucoup. Evidemment Rohmer fait un film qui semble très intellectuel et pourtant c'est avant tout émotionnel. Le tout conduit par l'habituel méthode naturaliste, pas d'effets ou très peu pour des sujets murement réfléchit.
Film «Nouvelle Vague» dans lequel les acteurs semblent improviser leur texte. Typique des années 66-67 lorsque les « 30 Glorieuses» avaient permis l'éclosion de la pop music ainsi que la conviction de l'imminence la «Société des Loisirs». L'avenir a été tout autre, c'est pourquoi ce film possède une fraîcheur particulière.