Oui, Otogiriso est un film surprenant, mais au fond pas totalement convaincant.
Coté casting je dirai que l’on a affaire à de bons acteurs, surtout Megumi Okina qui porte quand même le plus gros du film. Néanmoins, et malgré leur petit nombre, ils paraissent un peu éthérés, un peu vaporeux, ne parvenant pas complètement à avoir une présence à l’écran solide et marquée. Ils font le boulot certes, mais ils ne saisissent pas l’attention (sauf dans quelques occasions plus tendues), et au final le sentiment est diffus quant à leurs prestations. Pour ma part à la fin du film je n’avais presque plus de souvenirs de leurs interprétations respectives que les dernières images que je venais de voir, et c’est un peu dommage.
Le scénario est lui aussi doté de lacunes certaines. D’abord la première partie (voir les 2/3) est très lente, et très vide. En gros on parcourt le manoir avec les héros, sorte de visite avec très peu de dialogue, pas de tension (il s’agit vraiment d’une visite basique d’une demeure qui l’est heureusement un peu moins), et qui du coup s’avère peu enthousiasmante. Je pense qu’au bout de 40 minutes une part non négligeable du public aura décroché. Les choses s’améliorent heureusement dans le dernier tiers, mais le film prend un parti un peu problématique, en jouant aux montagnes russes. A des moments vraiment prenants vont succéder des passages accusant un net ralentissement, et c’est difficilement pardonnable de proposer autant de longueur dans un film qui ne dure pas 1 heure 30. Pour le reste l’intrigue en elle-même se veut vraiment originale et audacieuse, et elle y arrive plutôt bien. Énormément de tendance s’entremêle ici, et les mélanger (introduire notamment le concept du jeu vidéo) n’était vraiment pas une mince affaire, surtout pour rendre quelque chose de cohérent. Cela compense en partie la lenteur de l’histoire, mais je pense que tout le monde n’y sera pas assez sensible pour s’en trouver rasséréner.
Coté réalisation en revanche c’est du très bon. La mise en scène est très soignée, très élégante, avec un partie pris esthétique qui se défend fort bien, des audaces techniques et stylistiques indéniable, et je dois dire qu’Otogiriso a de l’allure de ce point de vue. La photographie est elle aussi très travaillée, et a clairement fait l’objet de toutes les attentions. Je dirai que tout les choix faits ne sont pas forcément judicieux (surtout sur le début), mais au moins il y a eu de la réflexion, il y a eu une volonté de faire différemment, l’ambiance dans la maison est remarquable, et pour une fois je dirai que la dimension expérimentale n’est pas seulement experimentale pour le coup, mais s’inscrit vraiment dans le concept scénaristique. Enfin les décors sont simples mais très efficace. Le manoir offre un terrain de jeu plus que prenant, et avec peu de choses finalement, l’atmosphère rendue est brillante. Otogiriso prend enfin le partie de ne pas montrer une horreur graphique. Quelques scènes relativement soft agrémente le film, qui toutefois distille une ambiance crue et parfois dérangeante qui sera surement un répulsif à un public peu habitué ou peu sensible au genre. Enfin belle bande son, simple mais efficace, sans fioriture et tout à fait dans l’âme du film.
En conclusion Otogiriso est un film de qualité, mais qui plaira surtout aux vrais amateurs de films d’ambiance. L’histoire en effet, bien que courageuse n’est pas totalement concluante du fait de son rythme très placide, et les acteurs n’ont rien de très percutants bien que jouant correctement. C’est beaucoup plus sur ses qualités techniques que ce film peut convaincre, et sur l’atmosphère et le style qu’il distille, singulier et très plaisant.