Autopsie d'un nombril : Akerman mange du riz et des carottes à n'en plus finir ; Akerman, quand ça lui chante, récite un laïus vaguement hypnotique sur son séjour à Tel-Aviv ; Akerman pose sa caméra et croise les bras derrière mais on ne la voit pas, donc c'est pas grave ; Akerman fourre son nez dehors pour regarder les voisins d'en-face, mais pas beaucoup, juste histoire de gratouiller le hors-champ ; Akerman avait une tante qui s'appelait Ruth avec laquelle elle confectionnait des bigoudis ; Akerman a un prénom : c'est Chantal ; Akerman répond quand le téléphone sonne ; Akerman souffre, et elle nous le dit ; Akerman connait l'étoile jaune, la Shoah, le Nescafé et certainement les tickets de métro ( mais ça, elle ne le dit pas ) ; Akerman doit bien se marrer là-bas, derrière les stores de son cagibi, à rire sous cape en pensant à nous, petits spectateurs, qui sommes incapables de distinguer une courgette d'un film de cinéma ; Akerman, vers la fin de son cucurbitacé-médaille-de-bronze s'amuse à faire bouger les nuages, parce que son prochain film s'intitulera Là-Haut : un remake pixardien sur un ballon dirigeable intégralement filmé en plan-séquence fixe, sans musique, tambours, ni trompettes. Mais Là-Bas, c'est l'Ailleurs, c'est L'Au-delà, c'est le Passé Collectif, c'est En-bas, c'est Vers-le-bas, c'est beaucoup de BlaBlaBla avec tout plein de majuscules, c'est Rien du Tout. Ou Tout. Ou Rien. Akerman se paye le luxe de signer son arrêt de mort, titillant tellement son cordon bidulical avec le bord de sa caméra que la sentence est irrévocable : son cinéma est enterré, là-bas. Sciemment. Définitivement.