Mon compte
    La Poupée
    Note moyenne
    3,6
    24 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
    Votre avis sur La Poupée ?

    6 critiques spectateurs

    5
    1 critique
    4
    4 critiques
    3
    1 critique
    2
    0 critique
    1
    0 critique
    0
    0 critique
    Trier par :
    Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
    Hotinhere
    Hotinhere

    555 abonnés 4 963 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 octobre 2023
    Une fresque romanesque et sociale qui suit l’itinéraire cruel et désenchanté d’un ex-commis ayant fait fortune qui tente de se faire accepter par l’aristocratie ruinée et repliée sur elle-même dans la Pologne du XIXe siècle en pleine mutation, servie par une mise en scène visuellement sublime a contrario d’un récit manquant de fluidité. 3,25
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    156 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 décembre 2022
    Découvrir un grand artiste est toujours un grand moment et une grande joie. Avec « La Poupée », j’ai découvert un très grand artiste en la personne de Wojciech Has. Je le connaissais de réputation, avec ses deux longs métrages baroques du « Manuscrit trouvé à Saragosse » et de « La Clepsydre ». Mais c’est avec ce film que j’ai enfin franchi le pas.

    Je dois dire que je suis bien tombé : « La Poupée » est un film immense. Je me suis pris une énorme claque, et deux semaines après l’avoir découvert, ce long métrage exerce toujours sur moi le même pouvoir de fascination qu’au moment où je le regardais en salle. Et ce pour deux raisons.

    Tout d’abord, ce film est visuellement superbe, maîtrisé à la perfection. Wojciech Has parsème son long métrage d’amples mouvements de travellings horizontaux, dévoilant progressivement des scènes. Qu’il s’agisse d’extérieurs, avec de pauvres gens qui tentent tant bien que mal de se réchauffer dans la neige, ou d’intérieurs, aussi bien ceux richement décorés de l’aristocratie que ceux plus modestes de brasseries ou de logements populaires. Des travellings horizontaux qui évoquent l’enfermement dans lequel vivent les gens et les castes au 19e siècle : aristocrates, bourgeois et peuple.

    La réputation d’artiste visuel de Wojciech Has n’est plus à faire et je confirme : c’est un maître. On sent également ce goût pour le baroque typique d’Europe Centrale, ces cabinets de curiosité avec des objets étranges, parfois morbides, comme pour mieux rappeler la vanité de ce monde. On peut également qualifier ce long métrage de baroque par la luxuriance démesurée de la direction artistique. C’est bien simple, dans beaucoup de séquences, chaque centimètre carré de l’image est rempli, donnant une impression de profusion et de générosité totale. Car oui, ce film est d’une grande générosité, par son ampleur et le soin méticuleux qui est accordé à chaque élément : mise en scène, scénario, photographie, jeu des acteurs, décors, musique…

    Mais résumer Wojciech Has a un « simple » artiste visuel serait cruel et faux. D’ailleurs, cet artiste qui fut très indépendant, le seul cinéaste polonais à ne pas être encarté au Parti Communiste sous l’ère soviétique, est souvent résumé de la sorte, comme pour mieux décrédibiliser son art et son travail. Or Wojciech Has était quelqu'un d'engagé, n'hésitant pas à dénoncer les injustices de son temps et passées.

    Le deuxième élément qui m’a bluffé avec ce film, et peut-être le principal, c’est son scénario et ses personnages. En premier lieu, le héros, Stanisław Wokulski. Le film démarre alors qu’il est jeune commis dans une brasserie. Il cherche à s’émanciper et étudie le soir, ce qui provoque les moqueries des jeunes aristocrates et bourgeois, qui iront jusqu’à le brimer physiquement.

    Puis, par une ellipse temporelle conséquente, nous retrouvons notre héros des décennies plus tard. Il est le mystérieux patron d’une grand magasin luxueux. On apprend qu’il s’est rebellé contre l’occupant russe et qu’il a passé plusieurs années au bagne. Il s’est également enrichi pendant la guerre.

    Il semble détenir une fortune considérable. Tout le monde mange dans sa main et sa puissance semble sans limite. Wokulski est ainsi un personnage de roman, qui aurait pu figurer chez Balzac. Il a une aura folle, il impressionne par la façon dont il ne semble jamais à court de ressources, quel que soit son projet.

    Ce qui est très intéressant, c’est qu’il n’oublie pas d’où il vient. Il se soucie des pauvres et des nécessiteux et il cherche à les aider. Il navigue aussi dans les cercles aristocratiques, qui l’accueillent avec dédain mais ne peuvent se passer de son argent, eux qui sont pour beaucoup sans le sou. Wokulski n’est pas dupe et on sent qu’il bouillonne intérieurement. Mais il se joue d’eux et profite de son ascendant.

    On retrouve ainsi la conscience sociale de Wojciech Has, qui dépeint les aristocrates comme une clique de parasites oisifs vivant à crédit, alors que le peuple se meurt, de pauvreté et de maladie… On peut aussi faire le parallèle avec les Communistes au pouvoir. On sent qu’Has n’est pas tendre avec eux, et si la censure ne l’a pas inquiété outre mesure pour ce film, le lien avec la situation contemporaine que vivait son pays est évident.

    Revenons au long métrage. Wokulski a son talon d’Achille. Il a vécu son ascension seul et tombe amoureux d’Izabela Lecka, une jeune aristocrate très belle… et ruinée. Mais s’il pense que celle-ci est vertueuse, tellement il est épris d’elle et sans doute aveugle, elle se révèle d’une grande duplicité, et elle comprend que sa position avantageuse lui permet de manipuler Wokulski comme elle l’entend.

    Izabela Lecka est l’éponyme poupée, une femme toute d’apparence, mais que les hommes voient peut-être avant tout ainsi, cherchant des femmes-objets pour satisfaire leur appétit, en oubliant l’être humain derrière le visage de cire. Wokulski veut ainsi posséder l’amour d’Izabela Lecka, lui qui pense pouvoir tout acheter…

    Mais il va vite déchanter… Ce qui fait que l’on s’attache à ce géant aux pieds d’argile. Ce héros qui semble omnipotent et qui est dévasté par cet amour à sens unique. C’est aussi un personnage touchant car malgré sa richesse et le fait qu’il évolue dans la haute société, il se soucie de son peuple. Malgré ses zones d'ombre (qui lui donnent de l'épaisseur), c'est un personnage droit, avec un fort idéal social et humain. Ce long métrage est donc une œuvre profondément humaniste, lui conférant une grande profondeur, bien au-delà se son aspect visuel éblouissant.

    On le voit, « La Poupée » est un film très riche sur le fond et la forme. C’est un long métrage puissant et romanesque, mais aussi social. Avec une esthétique sublime, dont une bande son magnifique, avec de beaux morceaux classiques rappelant une boîte à musique, pour mieux matérialiser l’univers de faux semblants dans lequel s’ébattent les aristocrates et la haute bourgeoisie de l’époque.

    Je ne peux donc que vous conseiller de découvrir cette pure merveille qu’est ce long métrage. Un film de l’acabit d’un « Guépard » de Visconti, mais que je préfère, car « La Poupée » adjoint l’humanisme au faste, le cœur à l’esprit. C’est un long métrage impressionnant par son ambition et ses très nombreuses qualités. Un chef-d’œuvre absolu, perdu et oublié. Sa restauration récente, promue par Malavida Films, qui font un excellent travail de redécouverte du cinéma d’Europe Centrale et de l’Est (mais pas que), devrait vous permettre d’en bénéficier vous aussi, et d’à votre tour vous laisser surprendre par ce somptueux film.
    cat29
    cat29

    6 abonnés 20 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2022
    Ce film et son auteur m'étaient totalement inconnus. A tort! Une esthétisme somptueuse, une histoire prenante, une ambiance particulière. Un chef-d'oeuvre.
    Stefania1891
    Stefania1891

    2 abonnés 3 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 décembre 2022
    Difficile d'adapter un long roman, donc beaucoup d'ellipses inévitables. Mais c'est un immense cinéaste et chaque séquence est un chef d'œuvre. De plus, une approche intéressante de jeu d'acteurs, tous, sauf "la poupée" issus du théâtre.
    Dommage que ce film soit si peu projeté.
    Pascal
    Pascal

    159 abonnés 1 655 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 décembre 2022
    Adaptation du roman de Boleslaw Prus, considéré par Miloscz ( prix nobel de littérature) comme le meilleur roman de la littérature polonaise, c'est aussi le premier film en couleurs (1968) de Wojciech Jerzy Has, cinéaste de la génération de Wajda.

    Malheureusement pour le spectateur français, la plupart des films de ce réalisateur de premier ordre ont été très peu projetés en salles.

    C'est pourquoi, la réédition sur grand écran en copie restaurée de " la poupée " est l'occasion idéale et précieuse de pouvoir évaluer cet opus du realisateur Polonais disparu en 2000, considéré comme un de ses films majeurs.

    A partir de l'histoire d'un commerçant de petite extraction ayant fait fortune et très amoureux de la fille d'un noble désargenté, c'est une réflexion sur la différence sociale ( la supériorité de classe ne correspondant pas forcément à la supériorité morale) et le rôle parfois pervers de la passion amoureuse lorsqu'elle repose sur un mauvais choix.

    C'est une réussite que les aficionados du cinéma du patrimoine ne manqueront pas.

    Certes, " le manuscrit trouvé à Saragosse" l'adaptation du roman célèbre de Potocki est sans doute encore plus formidable que " la poupée ", mais ce dernier est remarquable.

    Le sujet et le ton de " la poupee " font parfois penser à certains opus plus tardifs de Raul Ruiz (" mystères de Libonne", " le cahier noir ") ou à certains de Manoel de Oliveira (" singularité d'une jeune fille blonde ", " val abraham" ).

    Par-delà le film lui-même, c'est bien entendu une invitation à lire ce roman foisonnant de cet auteur majeur de la littérature polonaise.
    Plume231
    Plume231

    3 896 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 décembre 2012
    Du même Wojciech J. Has, le seul film que j'avais vu de lui jusqu'ici était "Le Manuscrit trouvé à Saragosse" ; œuvre picaresque et très foisonnante que j'avais trouvé excellente. Donc si je n'ai pas vu d'autres films de ce réalisateur c'est uniquement parce que l'occasion ne s'est pas représentée. Il va sans dire qu'il y aura un troisième Has car j'ai trouvé le deuxième visionné, et qui n'est bien sûr autre que celui dont je suis en train d'écrire la critique, excellent aussi, et totalement différent ; ce qui montre le talent d'un cinéaste qui avait le grand mérite de se renouveler. L'époque à laquelle se déroule l'histoire de "La Poupée" pouvait laisser craindre que l'ensemble tombe dans un classicisme lourd pour ne pas dire carrément dans l'académisme (superbes reconstitution et photo au passage !!!), et ben pas du tout le monsieur transcende tout ça en jouant de manière originale sur les moments contemplatifs, sur quelques belles créations techniques ainsi que sur quelques idées de mise en scène. On pouvait craindre aussi que le sujet qui l'histoire d'un self-made-man qui ne trouve pas mieux que de tomber amoureux d'une comtesse ruinée, qui va le piéger cruellement sur le plan des sentiments, vire à la caricature ; et ben encore là pas du tout... Has en profite bien évidemment pour faire une critique du fossé entre les classes sociales, voir même du régime communiste qui régnait à l'époque où les castes étaient différentes mais bien présentes, mais fait surtout le portrait d'un homme, aussi lucide que naïf, aussi affairiste que philanthrope, complexe, attachant pour lequel on ressent une très profonde empathie. Le fait qu'il soit incarné magistralement par Mariusz Dmochowski y est sans conteste pour quelque chose dans cette réussite. Beaucoup de raffinement, beaucoup d'émotions sous des dehors froids pour ce film dont l'univers rappelle incontestablement Balzac, et qui s'en montre digne.
    Les meilleurs films de tous les temps
    • Meilleurs films
    • Meilleurs films selon la presse
    Back to Top