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chrischambers86
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3,5
Publiée le 31 mai 2012
Oeuvre fragile et èvanescente, "Une aussi longue absence" est le tout premier long-mètrage d'Henri Colpi qui, pour ce film, a obtenu le Prix Louis-Delluc et surtout la Palme d'or du Festival de Cannes 1961, ex-aequo avec le mythique "Viridiana", boulet de canon du cador Luis Bunuel! Le film de Colpi mèrite quelques èloges notamment pour la dèlicatesse tout en retenue de son sujet et par sa mise en scène millimètrique et sobre! Colpi avait d'ailleurs ècrit son scènario avec une certaine Marguerite Duras (ce qui n'est pas rien) où l'on peut dire aujourd'hui que le sujet du film est typiquement durassien: une femme (Alida Valli, très èmouvante), qui tient un petit bistrot en banlieue, croit reconnaître en la personne d'un vagabond, son mari, dèportè quinze ans plus tôt! Le type en question est l'excellent Georges Wilson qui ressemble au mari en question mais qui a perdu ici la mèmoire! Le vide, l'absence, l'incertitude des êtres et la mise en abîme de toute identitè, c'est bien du Duras sauf que Colpi y apporte sa touche personnelle en donnant une forme mèticuleuse à cette histoire! Et puis il y a une chanson ècrite par Colpi lui-même pour le film mais chantèe par Cora Vaucaire, rèsonnant en arrière fond sur la musique superbe de Georges Delerue où l'on voit danser Valli et Wilson au son de "Trois petites notes de musique" dans une scène triste et particulièrement douloureuse...
Palme d'or ex-aequo avec le très nettement plus subversif "Viridiana", "Une aussi longue absence", premier film d'Henri Colpi, ne peut pas laisser insensible. On peut reprocher parfois aux dialogues de Marguerite Duras d'être un peu engoncés mais l'histoire est très forte et ne manque pas de poésie, l'excellent duo Alida Valli-Georges Wilson réussit totalement à rendre leurs personnages touchants, et la chanson "Trois petites notes de musique" arriverait à émouvoir un rocher. Le final troublant achève de rendre cette oeuvre, assez méconnue hélàs, incontournable. Un conseil : pour ceux qui ont la larme facile, une boîte de mouchoirs est recommandée.
Si l'action est lente et les dialogues dépouillés, c'est au profit de la dramaturgie absolument tenue jusqu'à l'inoubliable final. Le spectateur est aimanté à son fauteuil tel l'attirance de Thérèse envers cet intrigant clochard.