Poignant, cru et émouvant.
Ce film, d'une rare violence teinté d'un réalisme peu commun, détient à mon sens, une portée symbolique puissante. Mention spéciale à Bellucci et Cassel qui sont tous deux incroyables. Le fait de remonter à contre temps de fil de l'histoire permet de justifier les horreurs du meurtre par l'abomination du viol (on pense avoir tout vu ? Et bah non!). Vincent Cassel prit d'une démence folle furieuse animée par la vengeance adopte un comportement criminel que l'on comprend seulement au fur et à mesure du film. La scène de viol, bien que beaucoup trop longue, est choquante de réalisme (on se prend un bel uppercut dans l'estomac). Oui, un viol ce n'est pas court, ce n'est pas qu'une vue de l'esprit, c'est affreux. « Oui, affreux c'est ça » nous dit ici Noé. Il n'y a rien de comparable, cette scène nauséabonde est rendue si crue et réelle par le plan séquence qu'elle en est déroutante. Adieu l'esthétisme habituel du viol fantasmé par une micro scène de 4 secondes. Ce dernier devient encore plus barbare lorsque l'on fait la rencontre avec Alex. Cette femme violée est en réalité pas simplement « une bourgeoise ». Lors d'un viol, ça n'est jamais « qu'une femme » ou « qu'un homme » (malgré ce que l'on nous fait croire ou ce qu'n aimerait croire pour se décentrer). Non. C'est une personne avec des émotions, des sentiments, des amis, une famille, une histoire d'amour, une vie (un peu bébête de dire ça mais il faut le rappeler tout de même !). Plus encore, c';est une femme capable d'abriter et de créer la vie. Et on se rappelle le avec des haut-le-coeur ce qui va lui arriver, ce que l'on préférerait oublier, mais qui va bien arriver, lors de la scène du test de grossesse.
En toile de fond nous avons justement une belle métaphore de la destinée dont Alex parle dans l'ascenseur et dont ces deux amis se moquent. Et de nouveau avec ce rêve prémonitoire qu'elle a fait dans le tunnel. C'est cela, sa destinée « irréversible » vers laquelle elle tend, inévitablement.
Il y a dans ce film des images peu reluisantes des soirées parisiennes pleines d'alcool et de drogues, de sexe (celle de la boîte gay était carrément abusée non ?) mais qui traduisent la réalité. La caméra qui tourne sans cesse jusqu'à nous donner la gerbe nous met, nous spectateurs, dans cette position d'état second que l'on recherche quand on s'amuse mais qui nous plonge dans le cauchemar lorsque l'on doit reprendre ses esprits dans un moment grave.
La force du réalisateur est de réussir à crever l'écran, à nous faire ressentir dans notre chaire, dans notre ventre, dans nos maux de tête ce qu';il a voulu nous dire. Il nous met dans l'insoutenable position du voyeuriste impuissant, tant qu'il est difficile de garder les yeux ouverts sans se dire « mais p***** qu'est ce que je regarde là ?! Est ce que je cautionne ce film ? Où est ma limite ? »
Oui, ce film est violent, provoquant, degeulasse, mais je pense qu'il est à prendre en analysant les répercussions qu'il a sur nous, ce qu';il nous évoque . Pour ma part il m'évoque tout cela. Et vous ?