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Un visiteur
3,0
Publiée le 13 février 2014
Verneuil fait du grand écart dans sa filmographie il propose ici un drame romantique assez réussi, réunissant un beau casting avec un Trevor Howard diaboliquement efficace notamment. L' intrigue est bien construite bien qu'un peu délicate à manier au niveau des relations des amants Gelin et Arnoul qui fluctuent un peu trop vite. Enfin le Portugal offre un cadre propice à de belles images.
Selon une idée romantique, le titre du film (et du roman) suggère la passion, l'interdit, la fatalité peut-être. Qu'en est-il après cette prosaïque et médiocre adaptation d'Henri Verneuil? Un pâle mélodrame, aseptisé, vidé de la profondeur humaine qu'on suppose au roman de Joseph Kessel. L'histoire est celle de la rencontre au Portugal d'un chauffeur de taxi français et d'une compatriote. Les deux ont un commun d'être veufs. Verneuil se montre incapable de restituer de façon personnelle ou originale une intrigue sentimentale vénéneuse et ambigüe. La dimension psychologique du sujet- pas le point fort du cinéma dit de "Qualité française" dénoncé par Truffaut- est réduite à une très simple expression, privant par conséquent les personnages d'authenticité et les interprètes de sincérité. Le récit devient aussi superficiel que cette vision de Lisbonne que nous impose Verneuil et qui en fait non pas le lieu singilier du drame mais avant tout un circuit touristique.
Le mélodrame n’est pas vraiment le genre habituel de Verneuil, pour « Les amants du Tage » il a eu les atout d’une très belle histoire, inspirée d’un roman de Joseph Kessel, et du charme de son duo d’interprètes, Daniel Gélin et Françoise Arnoul. Cela fait oublier ce qu’il y a de daté dans les dialogues, trop littéraires et manquant de naturel, et dans la direction d’acteurs. Ce qu’il y a aussi d’un peu trop touristique dans l’exploitation du décor de Lisbonne (même si les séquences de fado, avec Amalia Rodriguez, ça reste un vrai bonheur). Certains plans, certaines images, de pénombres surtout, ont une réelle beauté et montrent un vrai talent de metteur en scène.
Auteur d’un crime passionnel, Pierre Roubier (Daniel Gélin) a été acquitté, a voyagé, pour échouer à Lisbonne où il est chauffeur de taxi. Il fait la connaissance de la riche héritière Kathleen (Françoise Arnoul), jeune veuve qui a elle aussi un passé chargé. Une intrigue simpliste, une atmosphère de mélo, un développement centré sur les rapports entre les deux héros, et en arrière fond un Portugal de carte postale : Lisbonne et son fado, Nazaré et ses bœufs tirant les bateaux sur la plage. L’ensemble accumule les clichés, mais distille aussi un agréable charme suranné, porté par les personnages secondaires (l’enfant et surtout l’inspecteur Lewis, alias Trevor Howard). Françoise Arnoul est parfois habitée de mystère, et parfois s’ennuie visiblement. Gélin surjoue, avec la voix forcée de rigueur à l’époque, et cela gâche en partie le spectacle. La photographie est plate, ne profitant nullement de la beauté de Lisbonne, un vrai gâchis ! La mise en scène enchaîne sans fantaisie de courtes scènes séparées par un fondu au noir, de ça de là, on sent l’influence du « réalisme poétique »… Bref, rien d’enthousiasmant, mais l’occasion de voir le Tage avant la construction du pont du 25 avril, et d’entendre Amalia Rodriguez au mieux de sa forme chanter l’admirable « Barco negro ».