Toute l’essence de ce film est résumée sur l’affiche : "comment arrêter un tueur qui prévoit l’avenir ?" C’est effectivement la question qui est posée durant le film, sous une forme légèrement différente, mais son inscription sur l’affiche révèle une part de mystère de l’histoire avant même de l’aborder. Si le slogan peut paraître dans un premier temps accrocheur, il s’avère dans un second temps rebutant à cause de son aspect de "résumé" et c’est la raison pour laquelle je ne suis pas allé le voir dans les salles obscures. A posteriori, je me dis que j’ai bien fait, en dépit du fait que je porte une affection particulière à l’immense talent d’Anthony Hopkins. Car ce monsieur a un talent hors norme, doué d’un charisme qui l’a habité très tôt dans sa jeune carrière, et qui n’a cessé de se développer au fur et à mesure que les années passèrent. On pourra mesurer un panel de jeu plus dramatique sur la fin, relativement surprenante, et que je m’attache à ne pas vous révéler. Un film proposant une fin inattendue, tout du moins un final bis plus ou moins original, c’est toujours plaisant, et c’est aussi pour ça que le cinéma peut être appréciable. Quant au reste du scénario, il est solide. Il met en scène un énigmatique tueur en série, plongeant la police et surtout le F.B.I. dans le plus grand désarroi car il ne leur laisse aucun indice. Rien. Nada. Que tchi. Peanuts. Le vide total. Jusqu’à ce que l’agent Joe Merriwether aille chercher le docteur retraité John Clancy (accessoirement médium) contre l’avis de sa coéquipière Katherine Cowles. De quoi épingler l’intérêt du spectateur et donc son intérêt le plus entier. Dans le début, j’ai aimé le fait que le visage de Clancy n’ait pas été montré dès le 1er plan, même si on comprend déjà que c’est Anthony Hopkins qui a endossé le rôle. Cela rajoute une part de mystère à cet homme, et le projette du même coup sur le devant de la scène, alors occupé par les agents dont j’ai parlé plus haut, respectivement interprétés par Jeffrey Dean Morgan, et par la belle Abbie Cornish. Si je trouve Jeffrey Dean Morgan lui aussi toujours plus charismatique au fur et à mesure que les années passent, il a quelque chose en plus qui en fait un véritable charmeur. Pour le coup, il forme un très beau et attachant duo avec Abbie Cornish, leurs personnages étant diamétralement opposés. On regrette presque qu’il disparaisse assez tôt dans le film. Le quatrième larron, et pas le moindre puisqu’il s’agit du serial killer, est interprété par Colin Farrell. J’ai lu ici et là que certains internautes contestaient le fait que ce soit cet acteur qui fut choisi pour ce rôle. Dans un certain sens, je les comprends. Mais si on regarde bien les motivations et la psychologie du personnage, il fallait quelqu’un à la gueule d’ange qui savait exprimer à la fois une certaine innocence et un brin de machiavélisme. Aussi je considère que Colin Farrell est un très bon choix. Je n’ai aucun souci avec le casting, ni même avec la qualité de la mise en scène, ou tout autre aspect technique. Je suis davantage en délicatesse avec le virage que prend le scénario, au moment où le tueur veut s’en prendre à l’agent spécial Cowles : non seulement elle ne correspond pas au profil des victimes, mais en plus le mode opératoire n’est pas respecté. Voilà donc mon plus grand dilemme, qui me plonge dans la plus grande perplexité. Quant à dire que "Prémonitions" a des allures de téléfilm, non je ne suis pas d’accord, car je dirai que ce film se rapproche davantage des séries B, certes très proches des productions destinées au petit écran. Car qu’est-ce que nous avons, mis à part un casting éblouissant ? Une histoire très intéressante dans un 1er temps, avant de prendre un virage que je ne comprends pas, un virage synonyme de gâchis. Le sujet présentait un potentiel cinématographique énorme, et pourtant le projet (qui devait être initialement la suite de "Seven") ne vit le jour qu’au bout de 20 ans. Mais au fond, même si on ne capte pas tout de suite le message que le film porte tant notre attention est captivée par les personnages, "Prémonitions" nous propose un débat d’actualité, un débat où les questions et réponses sont posées, un débat sensé nous mener sur le chemin de la réflexion, et de l'humanisme.