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Hotinhere
555 abonnés
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3,5
Publiée le 28 octobre 2024
Version muette du premier film parlant d’Hitchcock, un polar psychologique prenant, soutenu par une mise en scène brillante avec ses sublimes jeux d’ombres et lumières qui font monter le suspense. 3,25
(Cette critique ne concerne que la version sonore). Chantage est un film important dans l’Histoire du cinéma britannique. En effet, il est tout simplement le premier long-métrage parlant anglais. Tourné dans un premier temps en muet, le film avait bénéficié du flair d’Alfred Hitchcock qui s’attendait à ce qu’on lui demande de le transformer en film sonore. Le réalisateur décida donc de filmer l’ensemble de manière à le transformer assez facilement en parlant, ce qui permettra de sortir le film dans les deux versions selon les capacités techniques des cinémas le projetant. Il semble même symboliser ce changement de technologie par le choix de commencer la version sonore par une séquence muette. Ce n’est qu’à l’enfermement du criminel à la fin de celle-ci que les dialogues apparaissent comme pour symboliser le fait que le cinéma muet était emprisonné et écarté de la société. En outre, le réalisateur s’amuse à expérimenter avec cette nouvelle technologie. Il invente ainsi en quelques sortes le doublage car il se trouve confronté au fait que son actrice principale, Anny Ondra, possède un fort accent slave, ce qui ne correspond pas à son personnage : elle se contentera donc de remuer les lèvres pendant que l’actrice Joan Barry, placée hors-champ, déclamera son texte. Tout au long du film, il essaiera de trouver des idées sonoresspoiler: (le cri d’Alice devant le clochard raccordant avec celui de la logeuse découvrant le cadavre, la célèbre séquence où une cliente parle du crime et où son texte devient une bouillie sonore d’où n’émerge que le mot "knife" maintes fois répétés…) afin de compenser la moins grande mobilité de la caméra due au parlant balbutiantspoiler: (même si le film conserve certaines idées visuelles comme le défilement des photos présentées à la logeuse ou le travail sur les ombres qui permet de dessiner une moustache au violeur pour évoquer le fait que les méchants du muet étaient souvent affublés de cet attribut physique…) . Il faut accepter le fait que Chantage est une œuvre devant faire avec les débuts d’une technologie révolutionnaire (et qu’il est donc évident que la liberté créatrice ne peut pas être totale) pour pleinement l’apprécier. Ainsi, si on ne peut donc pas le classer aux côtés des meilleures œuvres de son auteur, ce long-métrage bénéficiant du double statut de dernier film muet et de premier film sonore de son réalisateur prouve qu’Alfred Hitchcock est totalement capable d’évoluer avec les évolutions de son métier et donne même l’impression que son cinéma attendait le son pour pouvoir s’épanouir pleinement. Grâce à cette maitrise, Chantage rencontra le succès et, après la réussite artistique et commerciale de The Lodger, conforta son réalisateur dans l'idée que c’était dans le genre du film criminel qu’il semblait le plus s’épanouir.
A la fois dernier film muet et premier film parlant d’Hitchcock (certaines scènes on été retournées pour enregistrer des dialogues) ce chantage s’il n’est pas révolutionnaire quand à son suspens est néanmoins très bien réalisé et fait passer un très bon moment. Un des rares cotés gênant est la manière de jouer très à l’ancienne de certains acteurs qui fait justement très film muet et que les deux ont du mal à se marier dans certaines scènes. En dehors de cela on sent déjà poindre dans ce film de 1929 l’envie d’Hitchcock d’en montrer un maximum en matière de violence et de sexe, il va donc utiliser une multitude de stratagèmes pour que cela soit acceptable pour l’époque tout en le faisant quand même et c’est très amusant à voir.
Historique. Ce film est né dans un contexte très particulier. Il n’est rien de moins que le premier film parlant britannique. Enfin disons plutôt qu’il est le bâtard d’une technologie ancienne et éprouvée et de nouvelles techniques balbutiantes. Le résultat ne peut être que surprenant à défaut d’être transcendant. C’est l’histoire d’une nana qui va être séduite par un jeune artiste un peu pressant. Les choses tournent mal et elle se retrouve avec du sang sur les mains. Son régulier, inspecteur de police, va vite comprendre ce qui s’est passé … tout comme un passant qui compte bien tirer avantage de la situation. Le début est assez déroutant. Ça ressemble franchement à un film muet (musique expressive et omniprésente) auquel on aurait oublié d’ajouté les cartons. Puis les personnages se mettent à parler mais curieusement ça ne colle pas tout à fait. En fait c’est de la post-synchro. On sent tout le talent de Hitchcock quand il s’agit de trouver le plan parfait et on reconnaît de suite la patte du créateur par ces plans tordus et une mise en scène pleine de trouvailles (la montée de l’escalier). Et en même temps, les erreurs de raccords jalonnent le film ce qui rend parfois difficilement compréhensible le décor. Du côté de l’intrigue comme de l’interprétation, ça fonctionne bien et on suit avec plaisir le suspens entretenu. En bref, l’intérêt est avant tout historique et il convient pour apprécier pleinement ce document de faire preuve d’un regard affûté.
Juste excellent. Du cinéma et rien d'autre que du cinéma. La perfection à l'état pur dans chaque plan. Avec la petite dose habituelle chez Hitchcock d'immoralisme, tant dans ces marches censées amener à un septième ciel avec une jolie tête de linotte, que par le résultat de toute cette histoire qui ne punit pas un coupable qui ne se voit même pas inquiété. Vraiment pas juste, tout ça !
Noter que Hitchcock est ici deux fois silhouette dans ce film, une fois dans le train où il est aux prises avec un vilain enfant qui veut jouer avec son chapeau, une autre fois il fait la circulation en bobby londonien.
Un film remarquable au niveau de la technique, du scénario, de la mise en scène (influencé par l'expressionnisme du muet). Le film aurait pu se passer du parlant mais ici il sert très bien le film pour donner les frissons nécessaires. Le maitre du suspense frappait déjà très fort. Un chef d'oeuvre.
Le processus m’a intéressée, le passage du cinéma muet au parlant en un seul film, le procédé est bien rendu, le visuel tient des restes du passé, Alfred Hitchcock s’étant mis à l’heure de la nouvelle technique qui révolutionna à jamais le grand écran, le son fut intriguant à l’époque de sa sortie. L’histoire est bien triste mais un scénario trop simple et peu étoffé, une mention pour les acteurs de seconde zone, leurs prestations fut bonne dans une réalisation à l’ancienne.
Un film important à plus d'un titre : premier film parlant du cinéma britannique, il est également celui qui permettra à Sir Alfred d'acquérir une notoriété qu'il saura préserver jusqu'à la fin de sa carrière. Car c'est justement avec l'utilisation du son qui n'en est alors qu'à ses balbutiements, que tout le génie de Hitchcock va exploser comme une évidence. Alors que d'autres enregistrent la moindre ligne de dialogue comme un concours d'élocution, lui choisit de jouer avec la bande-son, la faisant intervenir comme un élément faisant partie intégrante de la narration, un élément à part entière du processus créatif. Utiliser des innovations techniques à la réalité immuable et parvenir à les faconner suffisament pour les faire rentrer dans le moule d'un univers - ici, Hitchcokien - préétabli : tel est l'art redoutable du maître du suspense. Cinéaste tout autant qu'il est chercheur, Hitchcock a été l'un des trés rare à être capable de plier l'image et le son à sa propre volonté, à l'inverse de grand nombre de ses collègues contemporains ou futurs, fidèles serviteurs et quasi-esclaves des contraintes imposées par leur art. Génie de la forme et permanence du fond : Ironie mordante et amoralité totale, blonde fatale venimeuse et mysoginie qui ne tente même pas de se dissimuler, art de l'elipse et du plan qui tue (à tous les sens du terme), où l'art de la suggestion écrase en intensité tout ce qui pourrait être montré. Tout Hitchcock est déjà là, inimitable et reconnaissable entre tous...
Quoi de moins étonnant qu'Alfred Hitchcock réalisant le premier film parlant de Grande-Bretagne ? Alfred Hitchcock réalisant une énième oeuvre révolutionnaire. Le maître du suspense a parfaitement conscience du potentiel que le son est capable d'apporter dans son medium et va s'en servir d'une façon complètement expérimentale. Passée une introduction où il fait un dernier adieu au muet, Hitchcock surprendra en restant tout de même économe en dialogues et en quantité de plans pour ne faire dire à ses personnages que le nécessaire, le silence n'en devient que plus expressif et l'attention est portée sur la moindre sonorité. Une simple chanson, un simple mot répété, un bête chant d'oiseau devient source d'effroi et de tourments. L'image est autant expressive et visionnaire. Les deux outils sont employés en osmose et surprennent chacun par leurs spécificités pour nous faire entrer dans la tête du coupable (plans superposés pour faire passer le temps, la symbolique de la main qui se répète, le couteau, la cloche d'entrée). La culpabilité et l'amour gagnent en intensité tant les moyens pour les exprimer ont été si admirablement utilisés, l'enfermement de la situation que plus maladive et oppressante et malgré tout, on ignore ce que l'on doit ressentir à la fin tant son issue est moralement bipolaire. Seul véritable chipotage, le caméo le plus facilement repérable du Maître à ce jour. Un grand film à voir de toute urgence qui mêle organiquement histoire interprétée et techniques.
Réalisé en 1929, Chantage est le premier film parlant d’Alfred Hitchcock. Un film parlant donc mais qui se voit composé essentiellement de séquences appartenant à un cinéma muet encore récent à l’époque. Ici, la technique du cinéma parlant est encore balbutiante. Les dialogues et bruitages non entendus en sont autant de témoins. Cet aspect parlant est l’une des rares caractéristiques notables de Chantage. Le scénario imaginé par le cinéaste est des plus classiques et traine un peu en longueur. Point de salut non plus dans les personnages mis en scène. Tous partagent une même fadeur plutôt rédhibitoire à tout attachement.
Pour son premier film parlant, Alfred Hitchcock met en place tous les éléments de son si célèbre cinéma et ne fait pas de cette nouvelle technologie un simple décors mais un véritable instrument pour la mise en scène.
Hitchcock a fait tellement de chefs d'oeuvre à Hollywood qu'on en arriverait presque à oublier qu'il avait déjà fait d'excellents films en Angleterre dès la fin des années 1920. "Chantage" date de 1929, et il y a déjà tout Hitchcock. Ainsi, nous avons une histoire assez simple, mais dans laquelle on retrouve les questions du désir et de la culpabilité, deux composantes importantes chez Hitchcock. On y retrouve également son goût du détail, son ironie, son caméo (par ailleurs un de ses plus drôles). Sans compter que son scénario est solide (il l'a écrit lui-même, fait assez rare), et qu'il parvient à faire naître du suspense. Formellement, sa mise en scène était déjà remarquable, notamment lors de la scène d'introduction et le jeu sur le miroir. Mais là où "Chantage" marque les esprits, c'est qu'il s'agit du premier film parlant anglais. Hitchcock a rapidement compris les enjeux du son au cinéma et s'offre même le luxe d'expérimenter quelques effets bien sentis (la scène du "knife", surtout). Indispensable pour tout fan d'Hitchcock.
Blackmail, 1929, existe en deux versions : muette et parlante. La version muette est très interessante. On y voit encore les influences du cinéma expressionniste allemand avec les ombres, la manière de filmer le viol/meurtre derrière un rideau. Le montage est rapide, l’attention ne faiblit pas. La recherche dans le fichier des criminels avec un écran où les photos sont démultipliés est aussi saisissante que les split screens de Dziga Vertov..Les gros plans sur le détails comme les mains qui sonnent comme un rappel de mauvaise conscience donne une dimension psychologique. Très présents aussi les objets techniques, la roue de la voiture qui tourne prise en travelling latéral enfin Londres lui-même jusqu’à la course poursuite dans la British Library concourent à faire de ce dernier film muet d’Hitchcock une œuvre remarquable. Le jeu des acteurs est aussi à souligner.