Après un début dans un style à l'américaine marqué le film revient sur des bases françaises solides avec des personnages aux caractères complexes. Le jeu de dupe entre les personnages est particulièrement pimenté et plein d'humour, alors que la force du jeu D'Andrée Clément rajoute une dimension tragique au film.
Un film d'une richesse remarquable, derrière le thriller sur le thème classique de l'usurpation d'identité se cache une peinture au vitriol de la vie de province avec ses notables véreux, ses faux bienfaiteurs et ses laisser pour compte. La force du film est d'éviter tout manichéisme, les crapules n'étant pas forcément ceux qui en ont plus l'air. Noir mais beau et excellente interprétation de Fresnay et de Ledoux.
Tante Hortense: "docteur vous êtes un mécréant, le paradis vous sera fermé", le docteur: "mais qu'est que j'irais faire au paradis mademoiselle, tout le monde s'y porte bien". On a presque envie d'en rire si ce n'etais une histoire dramatique. Un grand film, si bien réalisé qu'on en oublie presque que c'est une fiction, que ce n'est qu'un film. Il y a bien eu quelques films sur l'usurpation d'identité, mais pour grand nombre d'entre eux sur le mode de comédies, ici c'est plus que tragique. J'avais vu de monsieur Henri Decoin les classique Razzia sur la chnouf et La Vérité sur Bébé Donge, jamais celui-ci...Je dois dire que je ne suis pas déçu !
Sur le thème de l’usurpation d’identité, Henri Decoin réussit assez bien son affaire, avec ce petit doute de ma part quant à ses réelles intentions. On sort à peine de la seconde guerre mondiale, les traitres se ravisent, les collabos se font oublier et le changement d’air pour certains devient un sauf-conduit. Le cinéaste ne leur renvoie-t-il pas la pierre dans la peau de ce personnage douteux et criminel qui réussit à se faire passer pour cet autre homme, qui après vingt-cinq ans d’absence revient au pays, riche et vertueux ? L’occasion en tout cas d’évoquer la vie dans une petite ville de province où le cinéma adore montrer les édiles mal pensants, malfaisants. Ce dont ne se prive pas Decoin pour mettre à jour leurs turpitudes, au détriment des plus démunis. Si la mise en scène flanche parfois dans la résolution des nombreux mystères qui planent autour de l’usurpateur, le scénario me parait rattraper chaque fois les écarts . AVIS BONUS Deux spécialistes de Decoin reviennent sur le film et son auteur, avec une fin alternative plus optimiste Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com