Ah, Tinto Brass ! Ce qui est bien avec lui c’est qu’on sait toujours à quoi s’attendre, et encore, à moins d’avoir mal vu, on échappe à la scène du bidet.
Bon, une chose est sure, Brass sait s’entourer à chaque fois de superbes actrices. Ah ça, il a du gout ! Vasilissa, Garavaglia, Offidani, des noms qui ne vous diront surement rien, certes car aucune n’a fait une véritable carrière d’actrice, mais elles ont de superbes corps et visages, et comme elles passent la moitié du temps nues, c’est quand même utile ! Bon, elles ne jouent pas vraiment bien, mais en même temps vu ce qu’elles ont à faire, vu le peu d’attention que Brass consacre à leur visage plutôt qu’à leur postérieur, elles sont assez largement excusées. Le casting masculin a un peu plus à faire, mais bon, l’interprétation reste convenue, et Brass semble assez largement se ficher de ses acteurs. C’est dommage.
Le scénario est médiocre au final. Les meilleurs Brass ce sont ceux où on rigole, où il y a de la potacherie, là ce n’est pas le cas. Parfois c’est amusant, mais vraiment rarement, Brass noyant le tout sous de la lourdeur appuyée, répétant certains gags jusqu’à l’indigestion, et puis il semble aussi complètement se désintéresser de son intrigue. En fait tout du long c’est un enchainement de femmes nues, de scènes de postérieurs, de scènes érotiques, et il y a tellement peu de liant que la narration est saccadée, brouillonne, et finalement décevante. Faut s’accrocher pour aller jusqu’au bout.
Formellement Brass fait le strict minimum. Comme toujours avec lui les plans sont très secs, avec des ruptures très nettes, un style qui peut donner du rythme mais dont la constance sur tout le film est lassante, et puis son obsession des entrejambes et des fesses prend ici toute sa dimension radicale. Ce n’est pas possible, la moitié des plans c’est ça ! A petite dose c’est sympa, c’est du Tinto Brass, mais alors sur le long terme ça finit par devenir complètement agaçant. Reste une bande son correcte signée Ortolani, quelques décors assez soft pour une fois, et une photographie pas vilaine.
Finalement Le Voyeur n’est pas un Brass bien connu, et je le comprends. C’est un film faible, à l’intérêt très limité. Brass pousse ses obsessions au maximum, et déjà qu’un Brass modéré ce n’est pas ce qu’il y a de plus digeste, un Brass immodéré vaut mieux avaler du bicarbonate de soude après ! Sérieusement je donne 1, et c’est pour le charme des actrices et les quelques points honorables soulignés en dernier lieu.