Miranda est surement le meilleur Tinto Brass que je vois à ce jour. Si généralement celui-ci surprend fort peu dans le contenu de ses films, néanmoins la qualité est souvent inégale.
Ici le film bénéficie d’abord d’une interprétation soignée. Serena Grandi dans le rôle principal est dans son élément, elle qui joua d’ailleurs dans d’autres films de Brass. Elle livre une prestation assurée, témoignant d’un réel investissement de sa part dans un rôle pas facile. Certes ce n’est pas génialissime, mais elle offre une prestation solide, sexy et charismatique. A ses cotés un casting masculin inégal. Dans tout le lot celui qui marque le plus c’est indéniablement Franco Branciaroli. On ne peut pas dire qu’il joue très bien. Habitué des films de Brass, il est assez fade, mais heureusement son regard perçant très particulier, lui donne une photogénie surprenante, qui finalement reste dans l’esprit une fois le film terminé.
Le scénario est comme toujours chez le réalisateur est assez limité. Derrière une toile de fond historique prétexte, il développe une histoire satyrique au ton très léger, enchainant les scènes libertines ou sexuelles. Certes cela ne vole pas haut, mais la comédie prend bien. C’est léger, totalement dévergondé, décomplexé, et Miranda bénéficie, ce qui est important à souligner, d’un rythme soutenu et plaisant. Souvent Tinto Brass s’enlise un peu passé la première demi-heure, ici, le film est assez prenant tout du long, pour qui bien sur adhérera au style très particulier du réalisateur.
Sur la forme, la mise en scène est très caractéristique. Brass est surement dans l’un de ses meilleurs jours, offrant un travail recherché, avec un réel soin apporté aux angles de vue. Il n’y a pas énormément de surprises pour qui connait le réalisateur, avec une mise en scène saccadée, des gros plans nombreux, mais là tout coule avec une belle sensation de maitrise. Il n’y a pas d’approximations, et c’est très positif. La photographie est un peu le point faible du métrage. Elle est un peu embrumée, les couleurs sont fadasses, il y a de grosses lacunes du point de vue des éclairages. Les décors ne sont pas mauvais du tout. Il y a quelques scènes qui se passent dans des intérieurs surprenants, antiquisants très enthousiasmants. Alors en matière d’érotisme Miranda c’est du Tinto Brass pur jus. C’est brut, souvent crade, la sensualité est remisée au placard. Je déconseille très fortement ce métrage à ceux qui sont déjà en difficulté avec le genre érotique, car là le réalisateur n’y va pas avec le dos de la cuillère, n’hésitant pas à mettre en scène quelques fantasmes sexuels peu ragoutants ! Ce n’est pas ma tasse de thé, mais je respecte le choix entrepris, qui est ensuite totalement assumé, et c’est là l’important. Pour le reste, d’excellents choix musicaux achèvent de faire de ce métrage une belle réussite du cinéma érotique.
Miranda est en effet une réalisation qui tient la route. Non dénuée de défauts, Brass arrive néanmoins ici à la débarrasser des scories qui gênent certaines de ses autres productions, notamment sur la question du rythme. S’adressant à un public averti, c’est une comédie érotique qui mérite un visionnage.