La Punition est un film peu connu, très rare, et pourtant doté d’un casting assez respectable, et doté de dialogues de Richard Bohringer ! Il faut avouer que le film n’est pas terrible.Le casting est assez bon, sans forcément non plus atteindre de réels sommets. Karin Schubert est une actrice qui a du charisme, du charme, mais qui possède un jeu plutôt fade, plutôt quelconque, sans grand naturel, même si elle est crédible dans son rôle. A ses cotés on a quelques personnalités populaires du cinéma français comme Amidou qui s’avère pas mal du tout. Si globalement les seconds rôles tiennent assez biens la route, ça reste malgré tout moyen, avec quelques petits ratés aux marges (le type avec ses pseudo-délires religieux est agaçant dans son apparition). Disons qu’il n’y a pas beaucoup de relief en général et qu’il y a quelques pointes de surjeu pas très agréables.Le scénario repose sur une idée intelligente, avec une vision très sombre de la prostitution, adaptée d’un ouvrage peu connu sur le milieu en partie autobiographique. Malheureusement le traitement est laborieux. Premier point noir qui s’entrevoit dès le début la narration. En fait le film veut avoir une construction originale, voire franchement audacieuse, et elle va très vite surprendre, mais il aurait réellement fallu un réalisateur et un scénariste de très grand talent pour donner corps à un tel projet. Là c’est finalement très abstrait, le début est incompréhensible, et le manque de fluidité de l’ensemble est atroce. A cela s’ajoute le fait que le film prend un parti finalement raté. On se croirait presque dans un mauvais Rollin, avec un rythme lent, un coté semi-onirique mal amené, des dialogues plats (désolé pour Bohringer !), et un manque de substance tonitruant. Le film est une succession de tableaux gentiment SM pour sa partie centrale, et finalement lors du dénouement on se dit : tout ce temps passé pour en arriver là. Il ne se passe pour ainsi dire pas grand-chose dans ce film, et il aurait fallu que le réalisateur s’oriente au contraire vers quelque chose de plus réaliste, de plus brute, de plus sauvage, pour avoir un minimum d’intérêt.La réalisation est inégale. Jolivet séduit parfois, notamment avec le générique d’une esthétique très travaillée, et lors de certaines scènes, en particulier le final qui s’avère concluant en la matière. Néanmoins le réalisateur se loupe aussi, en cherchant beaucoup trop la dimension expérimentale. Montage très haché, scènes brutalement coupées et s’enchainant sans transition, cadrages alambiqués qui parfois ne mettent pas du tout en valeur ce qui se passent à l’écran (scène du fouet par exemple). Les décors et la photographie n’aident pas non plus le film à se grandir vraiment. Le film pour une bonne partie centrale se déroule dans une pauvre pièce avec un lit au milieu, dur de juger cela même si le scénario le justifie, et la photographie, pas laide, pas dépourvue d’idées, n’arrive toutefois pas à trouver un ton. Un coup on navigue dans un métrage très austère, très gris, notamment dans le début, et puis ensuite on arrive à une photographie plus proche du cinéma érotique, tant dans les couleurs que dans la texture de l’image. La sensation est assez bizarre de fait. Niveau érotique c’est soft, il n’y a rien de très choquant, le film ne surexposant pas cet aspect, et après tout c’est un choix qui passe bien à l’écran. On ne sent pas un manque particulier. Une chose est toutefois à louer dans La Punition c’est sa bande son, très efficace et très appréciable ici. Elle rehausse le film c’est certain.Au bout du compte La Punition n’est pas réellement mauvais. C’est un film qui s’avère beaucoup plus maladroit que raté, dans lequel on sent beaucoup de bonnes intentions et d’audaces, une volonté d’expérimenter chez Jolivet, mais qui, peut-être par manque de budget, de temps de tournage, surement aussi un peu de talent, est bancal et brouillon. Je lui donne 2.