L'ouverture du film est nerveuse et énigmatique avec une longue séquence plutôt trépidante et qui montre presque l'envers du décor. Suit une succession de scènes qui nous perdent encore un peu plus, on constate vite que le scénario est d'une habilité rare où on ne parle, dit, explique ou exprime jamais le fond du soucis. On devine, évidemment, mais le flou, le tabou plutôt, est idéalement suggéré, subtilement, secrètement, à la façon d'un policier qui précise que ce serait plus facile s'ils avaient à faire à des voleurs. Evidemment, le film a une portée d'autant plus forte quand on sait que l'acteur principal, Dirk Bogarde, était homosexuel, et qu'il accepta parce que malgré tout le film était aussi un compromis intelligent puisque l'avocat reste intègre, mais surtout aimant et fidèle qui a préféré dire non à ses penchants "déviants". Sur ce point on pourrait être déçu par ce point moral un tantinet lâche, mais il est pourtant essentiel et nécessaire d'abord et avant tout pour bien contextualisé l'histoire dans une époque qui était bel et bien répressif et dangereux pour les homosexuels. Basil Dearden signe son meilleur film, un scénario remarquable et un projet plein de courage. Grand film à voir, revoir et à conseiller.
Site : Selenie.fr