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traversay1
3 645 abonnés
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3,5
Publiée le 25 octobre 2016
Très bon film prenant pour cible la législation britannique de l'époque qui faisait de tout homosexuel un criminel. Le sujet est abordé de façon frontale dans un thriller remarquable qui témoigne des modes de pensée de la société et des individus (combien de fois le mot anormal est-il prononcé ?). Formidable composition de Dirk Bogarde, incroyable de fragilité et de force mêlées. Une vraie découverte que ce film-là.
Basil Dearden est un réalisateur anglais important, ce que l'on sait peu en France où le cinéma d'Outre Manche demeure méconnu, hormis quelques grands films classiques. "Victime" tourné en 1961 est un film charnière dans la carrière de Dick Bogarde qui accepte après le refus de plusieurs autres comédiens (James Mason, Jack Hawkins, Michael Redgrave, Stewart Granger), d'interpréter un avocat homosexuel refoulé pris dans un engrenage qui peut détruire sa carrière ascendante qui vient juste de le conduire au poste très convoité d'avocat général. L'acteur lui-même homosexuel, encore utilisé comme jeune premier ne profitera pas de l'occasion pour révéler cet aspect de sa vie privée dont il savait bien qu'il lui aliénerait une partie de son public. Mais ce premier film ne sera que le premier d'une liste qui s'allongera avec la maturité ("The servant", "Mort à Venise", "Portier de nuit") où il endossera des rôles plus complexes. Il faut se rappeler que jusqu'en 1957 et le rapport Wolfenden, l'homosexualité était considéré comme un délit passible de prison en Angleterre. spoiler: Utilisant comme toile de fond un suspense lié au chantage, Basil Dearden se sort avec maestria d'un exercice difficile où il parvient à captiver notamment grâce à une entrée en matière particulièrement réussie qui laisse le spectateur dans le brouillard le spectateur pendant près d'un quart d'heure tout en exposant de manière très claire la condition de la communauté homosexuelle terrorisée par l'idée qu'une pratique librement choisie et consentie puisse conduire en prison. Très habilement aucune des conséquences de ce statut inique n'est laissée de côté, notamment que nombre d'homosexuels ont fini par se convaincre qu'ils étaient atteints d'une déviance maudite, les condamnant au rang parias et à la clandestinité. Complètement équilibré dans son propos, Dearden n'en souligne pas moins le manque de solidarité qui frappe la communauté. Si le suspense est maintenu jusqu'au bout pour notre plus grand plaisir, c'est tout de même l'intolérance de la société qui nous émeut face à un groupe d'individus terrorisés pour n'avoir commis aucun crime. Dick Bogarde proprement saisissant confirme ce que l'on sait déjà. Qu'il était un immense acteur. A voir absolument pour passer un bon moment mais aussi mesurer d'où l'on vient.
Comment un film comme cela a t-il pu voir le jour en 1961 ? Un film sur l'homosexualité, avec des mecs lambdas pour jouer les gays, et non pas des mecs hyper efféminés, un film juste et touchant, qui dénonce une loi complètement stupide... c'est le genre de truc qui a 40 ans d'avance et qui fait tellement plaisir à voir. L'intrigue principale est finalement pas le sujet du film, pas qu'elle ne soit pas bien menée, mais l'enquête reste quand même secondaire, je pense, par rapport à cette dénonciation et cette revendication pour plus de droits pour les homosexuels. Je trouve ça tellement courageux de faire ça en 1961 que déjà le film m'avait plu avant même de le lancer, mais en plus il est de qualité, ce qui est encore mieux, c'est bien interprété, bien foutu, et surtout ça sonne juste. C'est pas une dénonciation mal faite, au contraire, c'est très bien agencé, c'est subtil, c'est vraiment bien foutu.
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3,0
Publiée le 12 décembre 2012
Le travail des avocats serait plus facile dans le film s'il avait à faire à des voleurs! Mais ce n'est pas le cas ici! Homosexuel et fier de l'être, le toujours excellent (et souvent ambigu) Dirk Bogarde refuse de cèder au chantage dans ce film courageux de l'artisan Basil Dearden où l'on ne brûle plus les sorcières en 1961 mais quand même! Courageux mais non sans « problèmes » dans la mesure où l'intolèrance, la rèpression sociale, ont longtemps cantonnè l'image de l'homosexualitè dans un climat lourdement dramatique! Tel "The Victim" où le chantage auquel se trouve exposè un Bogarde homosexuel (et seul contre tous) dèbouche sur un appel à plus de tolèrance en ce domaine! Mais ce chantage suppose aussi un ou des partenaires! Loin de l'hilarant "Kind Hearts and Coronets" et du raffinement de son personnage d'assassin raffinè, Dennis Price incarne un avocat Calloway peu attachant parce que peu sympathique! En revanche, la prestation de l’actrice Sylvia Syms (celle qui joue la femme de la « victime ») est tout aussi remarquable que Bogarde! Au final, "The Victim" est une date dans l'histoire du cinèma anglais (il fit rèsonner pour la première fois le mot tabou "homosexualitè") avec un soupçon de suspense qui rend le mètrage plus qu'intèressant...
L'ouverture du film est nerveuse et énigmatique avec une longue séquence plutôt trépidante et qui montre presque l'envers du décor. Suit une succession de scènes qui nous perdent encore un peu plus, on constate vite que le scénario est d'une habilité rare où on ne parle, dit, explique ou exprime jamais le fond du soucis. On devine, évidemment, mais le flou, le tabou plutôt, est idéalement suggéré, subtilement, secrètement, à la façon d'un policier qui précise que ce serait plus facile s'ils avaient à faire à des voleurs. Evidemment, le film a une portée d'autant plus forte quand on sait que l'acteur principal, Dirk Bogarde, était homosexuel, et qu'il accepta parce que malgré tout le film était aussi un compromis intelligent puisque l'avocat reste intègre, mais surtout aimant et fidèle qui a préféré dire non à ses penchants "déviants". Sur ce point on pourrait être déçu par ce point moral un tantinet lâche, mais il est pourtant essentiel et nécessaire d'abord et avant tout pour bien contextualisé l'histoire dans une époque qui était bel et bien répressif et dangereux pour les homosexuels. Basil Dearden signe son meilleur film, un scénario remarquable et un projet plein de courage. Grand film à voir, revoir et à conseiller. Site : Selenie.fr
Il y a deux sujets. Le chantage et la traque aux "pervers". Les homosexuels de l'époque qui n'avaient aucun droit. Le film oscille franchement vers ce deuxième thème comme une charge contre ces lois et contre les soi-disants bien pensants. Ceux qui croient bien faire en les dénonçant. Le film devient plus dur quand l'homme avoue à sa femme la vérité. Vraiment intéressant.
Un très beau film qui n'a pas pris une ride, et qui reste d'actualité. Mais c'est surtout la réalisation qui est très brillante , très soignée , qui trouve le ton juste , tout en finesse, ni larmoyant , ni pontifiant. Le sujet était extrêmement délicat surtout à l'époque , où l'homosexualité était encore durement réprimée, toute cette partie est superbement traitée, et heureusement les temps ont changés.. Mais le film peut permettre une lecture complètement contemporaine , avec le principe des rumeurs des " fake news" , du dégât que peuvent faire les réseaux sociaux . Car c'est cet aspect là qui reste complètement actuel : comment la vie privée peut -elle être étalée sur la place publique ? et comment les "médias" peuvent récupérer et manipuler les faits. Une thématique intemporelle donc, avec un Dirk Bogarde exceptionnel , tout en finesse et subtilité. Tous les seconds rôles sont excellents.
Un film noir societal courageux pour l'époque qui aborde le délit de l'homosexualité dans l'Angleterre d'après-guerre, à travers le récit (manquant de fluidité) d'un racket dramatique, porté par le toujours excellent Dirk Bogarde.
Un intéressant réquisitoire sur cette loi stupide en Grand Bretagne qui envoyait en prison les homosexuels avérés au milieu du 20ème siècle. Pourtant, l’homosexualité a existé de tous temps et jamais personne n’a jamais pu expliquer ce penchant que les intéressés n’ont pas choisi. J’ai bien apprécié la pudeur du propos (ah ces Anglais !) et l’absence totale de naïveté. Une curiosité à voir, car en 1961, c’est le premier film à aborder ouvertement ce sujet. Excellents acteurs.
Victim (1961) est encore aujourd’hui un thriller très sombre et dérangeant, de part son intrigue et ce qu’il révèle (rappelons qu’à l’époque, l’homosexualité était passible de la peine de mort !!). Le scénario est très intéressant et s’effeuille tout au long de l’histoire, nous laissant perpétuellement sur le devant à la découverte de nouveaux indices. La mise en scène a beau être sobre, elle retient suffisamment en haleine et ce, grâce aux acteurs principaux. Un film injustement oublié de tous et qui pourtant, fut à de nombreuses reprises félicités, comme en atteste sa nomination en 1961 pour le Lion d'Or à Venise et en 1962, ses deux citations aux BAFTA : celle du Meilleur Acteur pour Dirk Bogarde, et celle du Meilleur Scénario.
Sorti la même année que La Rumeur de Wyler, ce film britannique traite lui aussi le sujet de l’homosexualité sous l’angle de l’homophobie, mais de manière plus frontale (on utilise pour la première fois le mot « homosexual » à l’écran) et avec plus d’ampleur puisqu’on parle ici d’une homophobie institutionnalisée. Le principal mérite du film (par ailleurs très bien réalisé) est de montrer avec une implacable précision en quoi la pénalisation de l’homosexualité constitue une double peine, puisqu’elle expose les personnes concernées à la violence d’un chantage permanent. Autre mérite (surtout pour l’époque): celui de ne céder à aucune caricature ni à aucun manichéisme. La figure de l’homosexuel n’est pas réduite à un seul personnage, mais multipliée avec beaucoup de nuance et sans aucun angélisme. Le film est un peu froid et laisse difficilement filtrer l’émotion, notamment avec cette fausse atmosphère de thriller et cette BO grandiloquente, mais il est un premier jalon essentiel du cinéma queer et un excellent film, injustement méconnu.
Forcémment le film a moins de force aujourd'hui ça reste un bon film avec les qualités du cinéma anglais de l'époque et on notera les risques pris par Dirk Bogarde pour sa carrière. Sinon c'est pas que le sujet m'intéresse plus que ça mais après vérification de l'affirmation concernant la peine de mort évoquée dans une critique il y a très longtemps que cela n'existait plus en angleterre.
Bon film de Basil Dearden. Sur un sujet délicat pour l'époque en Angleterre, le cinéaste a su nous conter une histoire avec une intrigue policière (chantage sur un haut magistrat) dans un riche milieu londonien. La fin nous laisse un peu sur la faim ! Mais l'ensemble du film résiste bien au temps, bien que le thème d'un chantage à l'homosexualité soit bien dépassé de nos jours. Dick Bogarde est excellent, la photographie aussi, et surtout les éclairages très recherchés (contraste clarté/obscurité). Les dialogues sont également de bonne tenue (entre marie et femme), avec des sentiments qu'on dirait d'un autre âge.
Un très bon film du prolifique mais peu connu réalisateur Anglais Basil Dearden. C’est, par sa forme et son traitement, un thriller de qualité : le scénario ménage un suspense constant dans l’avancée de l’énigme, avec essentiellement une « ficelle » qui fonctionne ici à merveille, qui consiste à montrer un personnage découvrant un élément important et à laisser le spectateur dans l’attente de sa révélation ; la mise en scène est efficace, relevant souvent du classique du film noir. C’est, surtout, à une époque où l’homosexualité était encore poursuivie pénalement en Grande Bretagne, un vibrant plaidoyer contre la persécution des homosexuels et pour l’acceptation de cette « différence » qui ne porte préjudice à personne, si ce n’est à une pseudo morale aussi obscurantiste que dépassée. Au titre de cette dimension sociétale dépassant la question individuelle (de nombreux homosexuels apparaissent dans le film, tous différents les uns des autres, et tous « victimes ») il aurait mieux valu conserver le coté impersonnel du titre original, « Victime ».