Le film est le 2e opus de la trilogie « Europe », après « Element of crime » (1984), son 1er long métrage à 28 ans et avant « Europa » (1991). Il est constitué de 2 parties imbriquées, tournées en noir et blanc, sous 2 formats (35 mm et 16 mm), l’une, d’un cinéaste et d’un scénariste (Lars von Trier et Niels Vorsel jouant leur propre rôle) devant écrire, en 5 jours, le scénario d’un film, intitulé « Epidemic » [
leur précédent, « Le commissaire et la putain » (hommage au film culte de Jean Eustache (1938-1981), « La maman et la putain » (1973) ?) a disparu suite à une infection par un virus informatique de la disquette 5 pouces ¼ qui l’hébergeait
] pour le proposer à l’institut danois du film en vue d’un soutien financier et l’autre étant le film lui-même, où Lars von Trier joue le Dr Mesmer,
médecin idéaliste qui tente d’endiguer une épidémie mortelle sévissant en Europe et qu’il va, malgré lui, propager
. Avec le recul, cela aurait pu donner un chef d’œuvre, mélange de « La nuit américaine » (1973) de François Truffaut et de « Alerte ! » (1995) de Wolfgang Petersen ou de « Contagion » (2011) de Steven Soderbergh. Malheureusement, le film, peut-être expérimental pour les plus indulgents et esthètes, est raté pour les autres, car grotesque (bonjour la fausse originalité de mettre le titre en rouge en haut à gauche de l’écran !) , mal filmé (photographie moche), mal éclairé, mal joué, mal écrit (glose et digression sur le roi des rats, les vins de Bourgogne, parcours routier en Allemagne, les bombardements américains, dissection d’un tube de dentifrice Signal, femme sous hypnose), donc confus (un vrai inventaire à la Prévert et chiant ! L’ajout de musique classique (Wagner) n'apporte rien et ne réussit pas le sauver du naufrage. Malgré ses études à l’école du cinéma du Danemark à Copenhague, le réalisateur a dû tout oublier ou renier ce qu’il a appris, par défi ou provocation, ce qui explique qu’il fondera, en 1995, le mouvement « Dogme95 » qui définit 10 règles pour filmer différemment et qui ne seront pas toujours appliquées par la suite par ses membres. Un dogme prétentieux et narcissique qui ne tient pas compte du spectateur (un film sans spectateur est-il encore un film ?). A chacun son propre mauvais goût !