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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 17 mars 2018
Il est de bon ton aujourd'hui de ne voir en Claude Autant-Lara que le vieil "anar" ayant mal tourné à la fin de sa vie en se fourvoyant avec les idées les plus extrêmes de l'échiquier politique. Conversion certes malheureuse mais sans doute davantage due à la rancœur accumulée face à aux gens de la profession qui l'ont progressivement mis au rancard suite à l'arrivée de la Nouvelle Vague qu'à de réelles convictions réactionnaires aux racines profondes. Son œuvre éclectique ne laisse jamais indifférent et touche presque toujours la cible recherchée. Ainsi en 1941 alors qu'il est déjà un réalisateur reconnu, il s'attèle à une adaptation du "Mariage de Chiffon", roman de la très prolixe Sibylle Gabrielle Riquetti de Mirabeau dite "Gyp" paru en 1894 qui sous un vernis de marivaudage mondain secoue de manière assez brutale les conventions bourgeoises. Corysande (Odette Joyeux), une jeune fille de bonne famille dite "Chiffon" est depuis sa plus tendre enfance amoureuse de son oncle Marc de Bray (Jacques Dumesnil), aristocrate désargenté qui ne pense qu'à sa passion pour l'aviation encore balbutiante. Un lieutenant colonel (André Luguet) de retour dans la garnison locale pris d'un coup de foudre pour Chiffon servira à ses dépends mais néanmoins avec une grande classe de trait d'union entre l'oncle et sa nièce. Le propos sent pour le moins le soufre, évoquant sans détour les amours incestueuses entre une très jeune femme et son oncle. Mais Jean Aurenche et René Wheeler traitent le sujet avec une telle subtilité notamment quant à l'attitude de l'oncle interprété avec brio par Jacques Dumesnil dont la parenté physique avec Vittorio Gassman est assez saisissante que jamais le propos ne penche dans le sulfureux ou le malsain, laissant à Chiffon toute la fraîcheur et l'obstination butée dont la pare une Odette Joyeux toute à son affaire. La description de l'ambiance de la Belle Epoque dans les villes de garnison où l'on se prépare pour la revanche de 1870 est particulièrement bien vue (magnifique photographie de Philippe Agostini), mettant parfaitement en relief un André Luguet portant l'uniforme avec panache et élégance. Autant-Lara parfait directeur d'acteurs se délecte de la présence à ses côtés des seconds rôles hauts en couleur de l'époque qu'étaient les Pierre Larquey, Bernard Blier, Robert Le Vigan, Louis Seigner et autres Raymond Bussières. Avec une mention spéciale pour Pierre Larquey tout à la fois drolatique et touchant en valet complice de Chiffon et pour Robert Le Vigan étonnant en huissier de justice iconoclaste.
Vu au premier degré une comédie romantique sympathique avec un coté féministe voir anticonformiste, le tout joué par des acteurs excellents. Mais il est vrai que si on extrapole dans le contexte de l'occupation, si Chiffon représente la France, le vieux colonel pourrait représenté Pétain et l'oncle la résistance. Je me demande si dans le roman il part aussi en amérique dans le cas contraire ça accréditerait la chose.
Réalisé en 1941 « Le mariage de Chiffon » est une agréable comédie romantique, pleine de rythme et offrant quelques répliques carrément drôles. Odette Joyeux y tient pour la première fois le rôle principal chez Autant-Lara. Suivront le très plat « Lettre d’amour » et « Douce », le meilleur des trois. Tel quel, « Chiffon » reste un spectacle très théâtral, mais plutôt plaisant, même si le happy end est des plus téléphoné. Certaines scènes sont troublantes, en particulier celles qui décrivent la relation incestueuse entre la petite, à peine seize ans, et son oncle par alliance (comme lorsque qu’il lui dégrafe sa robe, à sa demande). Sur le fond, le film pose bien la France de l’occupation. L’amour que «Chiffon » porte au Colonel n’est que de pure convention sociale et elle choisira la liberté et le progrès en partant avec son oncle rebel aux Etats Unis. La résistance à l’ordre Pétainiste en quelque sorte, ce qui peut expliquer la sortie tardive du film (Août 1942). Film subtil et souvent délicat, il est porté par une casting exceptionnel, à commencer par la très gracieuse Odette Joyeux jusqu’au jeune Bertrand Blier, en passant par les excellents André Luguet, Jacques Dumesnil, Pierre Larquey, Robert Le Vigan, Suzanne Dantès et Louis Seigner. L’ensemble bénéficie d’une très belle photographie de Philippe Agostini et Jean Isnard. A voir sans hésiter.
Film réalisé sous loccupation allemande, «Le mariage de Chiffon» (France, 1942) est un film de Claude Autant-Lara. Lhistoire est celle dune jeune fille, Chiffon de son surnom, qui souhaite non seulement être considéré comme indépendante mais aussi et surtout trouver l «homme de sa vie». Hormis un message sous-jacent possible dune France libre ( Chiffon représentant la France, désireuse dindépendance ), le film traite avant tout damour, lamour dune jeune fille pour un colonel trop vieux pour elle. Derrière son air comédie populaire, il y a dans ce «Mariage de Chiffon» des thèmes profonds abordés : celui du mariage par pur convention social, celui de la différence dâge dans lamour Mais ce qui est le plus troublant cest lespèce dinceste confus quil y a entre Chiffon ( jouée par la charmante et non moins belle Odette Joyeux ) et son oncle Marc ( joué par Jacques Dumesnil ). Malgré le fait que ce ne soit que son oncle par alliance, on est décontenancé par la relation quils ont, celle dune nièce et dun homme quelle ne cesse dappeler oncle. Ainsi la scène où il lui dégraffe sa robe et tant dautres scènes intimistes prennent toute leur valeur à notre époque. Sinon la réalisation de studio dAutant-Lara, si elle ne grave pas nen est pas moins désagréable et demeure déictique à point. Le plus remarquable étant surtout les costumes. En conclusion, «Le Mariage de Chiffon» (France, 1942) de Claude Autant-Lara est un film discret de cette période trouble du cinéma français mais qui est pourtant un uvre étrange et assurément à voir.